Toute douleur aiguë doit entraîner une démarche diagnostique qui permet d’en préciser l’origine. Il ne faut pas hésiter à demander à tout malade confronté à une situation potentiellement douloureuse s’il souffre et à évaluer l’intensité de la douleur de façon répétée qui, seule, permet d’apprécier le bénéfice de l’action thérapeutique entreprise.
Localisation(s).
La douleur aiguë a généralement une origine précise, tissulaire, mais l’exacerbation anxieuse peut toutefois donner l’impression au patient qu’elle diffuse sur un grand territoire de l’organisme. Les douleurs aiguës peuvent concerner n’importe quelle partie ou organe du corps, leur localisation suggérant souvent leur origine : douleurs thoraciques (angor, infarctus, infection pulmonaire, etc.), abdominales (lésion viscérale, colopathie, endométriose, salpingite, etc.), dorsales (coliques néphrétiques, affections rhumatologiques diverses), anales (inflammation hémorroïdaire, etc.), articulaires (arthrite, etc.), ORL (infection type otite ou abcès dentaire, etc.), de la face (algie vasculaire), céphalées (migraine, accident vasculaire cérébral, etc.). Certains traumatismes (ex : brûlures étendues) peuvent être à l’origine de douleurs aiguës généralisées.
Existence d’une composante projetée. La douleur peut être localisée dans un site différent de la lésion qui en constitue l’origine (exemple : douleur irradiant dans l’épaule et le bras gauches en cas d’infarctus du myocarde).
Nature de la douleur.
Une douleur pulsatile, battante, avec des élancements, a souvent une origine inflammatoire, alors qu’une douleur en éclair suggère une lésion nerveuse ; une douleur à type de crampe ou de colique fait évoquer une étiologie viscérale.
Intensité de la douleur.
Elle est évaluée grâce à des échelles validées dont il existe de nombreuses déclinaisons adaptées notamment à l’âge du patient et/ou à ses capacités de verbalisation.
Signes généraux. Le médecin doit relever tous les signes accompagnant la douleur, qui peuvent être variés : sueur, pâleur, nausées et vomissements, tachycardie, hypertension artérielle, tachypnée, etc.
Une douleur aiguë s’atténue d’elle-même dès que la cause est supprimée : pour autant, il importe de la traiter efficacement car elle peut être responsable de troubles plus ou moins importants et à l’origine d’une chronicisation. Elle peut aussi être à l’origine de complications parfois sévères :
- La douleur peut entraver la toux, d’où hypoxie et atélectasies ;
- L’hyperactivité sympathique qu’elle entraîne augmente le rythme cardiaque, la tension artérielle et, au total, peut épuiser le cœur ;
- De même, l’augmentation du tonus sympathique accroît les sécrétions digestives, le tonus sphinctérien, et réduit la mobilité gastrique, d’où stase gastrique et entérique ;
- Un processus analogue explique une possible rétention urinaire ;
- La douleur d’origine posturale ou survenant lors de la mobilisation de certaines articulations peut être à l’origine d’une réduction des mouvements favorisant la stase veineuse, l’agrégation plaquettaire et la survenue d’une embolie pulmonaire ou d’une thrombose profonde ;
- Les perturbations hormonales sont à l’origine d’une rétention hydrosodée avec rupture de l’homéostasie glycémique et rétention hydrosodée ;
- Des manifestations neurologiques (troubles du sommeil) et/ou psychiatriques (anxiété, dépression, agitation, agressivité, délire) peuvent s’observer lorsque la douleur se prolonge et/ou est trop intense ;
Le traitement ne doit être toutefois entrepris qu’une fois que la cause est parfaitement repérée car, à défaut, elle perd sa signification diagnostique.
De plus, une douleur aiguë peut correspondre à un phénomène d’exacerbation d’une douleur chronique (exemple : accès douloureux paroxystique du patient cancéreux, cf. plus bas) ou survenir de façon récurrente (exemple : douleur induite par une drépanocytose).
Le traitement, avant tout étiologique, repose sur l’administration de médicaments, généralement symptomatiques mais parfois plus étiologiques, mais peut reposer aussi sur une approche anesthésique (blocs nerveux) ou psychologique (relaxation, imagerie) - non envisagées ici.
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