Jet lag
Lorsque l'organisme doit s'adapter brutalement à un nouvel horaire, il peut faire l'objet de divers troubles. Ces manifestations apparaissent en général à partir d'un décalage horaire de 3 heures et sont d'autant plus gênantes qu'il s'agit d'un trajet transméridien est-ouest et surtout ouest-est : troubles du sommeil, maux de tête, fatigabilité, diminution de la vigilance et de la concentration, irritabilité, sensation de malaise psychologique peuvent alors apparaître. Pour diminuer les effets du décalage horaire, il est recommandé d'observer dès son arrivée le rythme social du pays et de bien gérer son sommeil et son exposition à la lumière. Ainsi, se coucher à l'arrivée si ça n'est pas l'heure de le faire au niveau local ainsi que les longues siestes sont déconseillées alors que les repos de 15 à 20 minutes sont à privilégier. De même, il est préférable d'être de sortie l'après-midi plutôt que le matin lors d'un voyage vers l'ouest et de s'exposer à la lumière plutôt le matin dans le cas d'un déplacement vers l'est. Si la durée du séjour est inférieure à 2 jours, en revanche, il est recommandé de conserver le rythme du pays de départ pour les activités prévues. Durant le trajet, il vaut mieux éviter les repas copieux et la prise de boissons alcoolisées ou riches en caféine. En matière de traitements médicaux, s'ils ne sont généralement pas justifiés dans la prise en charge des symptômes liés au décalage horaire, un somnifère hypnotique de courte durée d'action – hors benzodiazépines - peut être proposé pour un usage court (1 à 5 jours). L'utilisation de la mélatonine, pour sa part, reste controversée en l'absence de standard de purification.
Sécheresse oculaire
En avion, la sécheresse de l'air et le port prolongé des lentilles favorisent la sécheresse cornéenne. Celle-ci augmente le risque d'infection oculaire et fait partie des facteurs qui favorisent l'ulcère de la cornée, affection qui peut évoluer très rapidement, en un jour ou deux. Lors d'un trajet en avion, il vaut mieux porter des lunettes. Mais les conditions des séjours peuvent aussi augmenter le risque de lésions oculaires, notamment en milieu tropical propice aux infections ou en altitude (sécheresse, diminution de l'oxygène). En voyage, les lentilles doivent être manipulées avec des mains propres et sèches, nettoyées et entretenues selon les recommandations sans jamais utiliser d'eau du robinet ou de salive, rincées avec un produit adapté et conservées dans une solution d'entretien. Celle-ci doit être prévue en quantité suffisante, sans changer de marque et conditionnée dans un volume accepté en cabine. Le porteur de lentilles doit prévoir un collyre désinfectant adapté et disposer de larmes artificielles ou d'une solution oculaire hydratante. Il devra bien sûr emporter une paire de lunette de rechange ainsi qu'une paire de lunette de soleil.
Dans tous les cas, si la vue devient floue et qu'une douleur liée au port des lentilles se fait sentir, il faut les retirer. Si la vue reste brouillée et que la douleur persiste, il est préférable de consulter rapidement.
Mal des transports
Le mal des transports (cinétose), qui se produit lors d'un déplacement à bord d'un véhicule (voiture, bateau, avion, car, train), est dû au contraste entre le mouvement enregistré par les yeux et l'immobilité du corps perçue par l'oreille interne. Ses manifestations varient d'une personne à l'autre : sensation d'inconfort dans la partie haute du ventre, nausées et, chez le jeune enfant, dégoût des aliments, pleurs, agitation et/ou bâillements. Dans un second temps, une pâleur, des sueurs froides, une hypersalivation, des vomissements, des vertiges, une accélération de la respiration, des maux de tête ou de la fatigue peuvent apparaître. Pour éviter d'être malade dans un véhicule, il faut choisir une place où l'impression de mouvement est réduite (à l'avant du car, au milieu du bateau ou de l'avion, dans le sens de la marche côté fenêtre en train). Si les symptômes surviennent, il faut essayer de fermer les yeux, se calmer et s'aérer. Poser le regard loin à l'horizon, maintenir la tête fixe pour limiter la sensation de mouvement et respirer profondément peut aussi aider. Bien sûr il vaut mieux éviter de lire ou jouer à des jeux sur écran, fumer, boire de l'alcool ou manger abondamment pendant le trajet même si partir l'estomac vide peut augmenter les manifestations du mal des transports. Les boissons sucrées ou salées sont recommandées en cas de vomissement pour éviter la déshydratation, les personnes âgées étant plus exposées à ce risque. Les traitements médicamenteux contre le mal des transports sont la métopimazine, les antihistaminiques, la scopolamine et l'homéopathie.
Insuffisance veineuse
Essentiellement parce qu'ils impliquent une immobilisation prolongée en position assise, les voyages aériens risquent d'accentuer les troubles de la circulation sanguine. Ces derniers peuvent notamment se manifester sous la forme d'impatiences - fourmillements, engourdissements, picotements, brûlures - ou d'un œdème au niveau de la cheville ou du pied. Mais l'immobilisation prolongée peut aussi provoquer une phlébite – avec risque d'embolie pulmonaire - dont les symptômes sont une rougeur de la peau au-dessus de la veine touchée, une sensation de chaleur, une douleur au toucher voire une douleur vive, des crampes ou un engourdissement dans le cas de thrombose veineuse profonde (quand elle ne passe pas inaperçue). Lors d'un déplacement en avion, train ou voiture d'une durée supérieure à 6 heures d'affilée, les personnes ayant des antécédents veineux doivent se prémunir en portant des bas de contention de classe II, effectuer des exercices de flexion/extension des chevilles, se lever et marcher régulièrement dans le couloir mais aussi boire abondamment car la pressurisation de la cabine entraîne une déshydratation. Il est recommandé de porter des vêtements amples qui n'entravent pas la circulation et d'éviter la prise de somnifères qui provoquerait l'immobilité et augmenterait la stase veineuse. Les personnes qui ont déjà connu un problème de phlébite doivent recevoir un médicament antithrombotique dans les jours qui précèdent le voyage.
Insolation, coups de soleil, brûlure
L'exposition solaire excessive peut engendrer des coups de soleil qui ne sont qu'un type de brûlure (par irradiation) parmi d'autres (thermique, chimique, électrique…). Agressée par le rayonnement UV, la peau sera le siège de rougeurs, œdèmes agrémentés d'une sensation de brûlure. La présence de coups de soleil justifie l'arrêt de l'exposition solaire jusqu'à la disparition des signes. S'il est recommandé de bien s'hydrater, il est également possible d'appliquer localement des produits spécifiques après-solaires qui ont le pouvoir d'hydrater la peau, de diminuer rougeurs et sensation de brûlure. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être administrés en complément. En cas d'apparition de cloques sur la peau, une consultation s'avérera nécessaire car il faut éviter l'infection.
L'insolation, pour sa part, se manifeste par des signes multiples – fièvre, céphalées, fatigue, faiblesse généralisée, troubles digestifs jusqu'aux vomissements - pouvant s'accompagner de troubles du rythme cardiaque et respiratoire. Des manifestations cérébrales peuvent également apparaître (confusion, vertige voire lipothymie) et nécessitent une intervention médicale. L'arrêt de toute exposition solaire est alors impératif pour la personne qui doit se reposer au calme, s'hydrater et combattre la fièvre (par des antithermiques comme le paracétamol, l'ibuprofène).
Réalisé en collaboration avec le docteur Victor Georgescu, dermatologue.
Dossier en partie réalisé grâce à la documentation de la Société de Médecine des Voyages.
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