Depuis le début de l’année, la seconde étape de la réforme du mode de rémunération a été franchie avec le passage de l’honoraire de dispensation (HD) de 0,82 euro TTC à 1,02 euro TTC. Le montant de l’honoraire pour ordonnance complexe (HC) reste, lui, fixé à 0,51 euro TTC pour la dispensation des ordonnances de 5 lignes et plus.
Toutefois, le bilan de cette nouvelle rémunération censée déconnecter en partie les revenus des pharmaciens des prix et des volumes des médicaments dispensés, est discuté. En 2015, cette nouvelle rémunération n’a pas permis de compenser entièrement les baisses de prix massives appliquées aux médicaments remboursables. Et le passage à l’honoraire à un euro, ne semble pas encore suffisant. Selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), la marge a connu une nouvelle baisse de 8,3 % en janvier. « Nous avons perdu près de 41 millions d’euros », évalue-t-il, montant qui vient s’ajouter à la perte de 146 millions d’euros enregistrée en 2015. « Janvier est catastrophique », estime également Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il juge impossible « de continuer à subir les baisses de prix imposées par le PLFSS sans compensation car l’esprit même de la convention nationale est basé sur les compensations ». Mais, affirme Philippe Besset, sans le passage à l’honoraire à un euro, la perte de la rémunération totale hors taxes se serait élevée à 87,5 millions d’euros en janvier. À l’inverse, Gilles Bonnefond en reste convaincu, « l’honoraire à un euro ne nous protège en aucune façon contre les baisses de prix programmées sur les traitements chroniques ».
Des visions différentes
La FSPF a une approche différente. Pour le syndicat, les honoraires représentent une solution efficace pour peu que leur valeur soit suffisante. Et toute nouvelle mesure ayant des conséquences sur l’économie des officines, doit être anticipée et compensée. Ainsi, si le gouvernement prévoit des baisses de prix, il faut évaluer leur impact et appliquer des mesures correctrices dans le même temps. Pour compenser le plan d’économies prévu pour 2016, la FSPF propose, par exemple, d’étendre l’honoraire alloué à la dispensation des ordonnances complexes aux ordonnances des patients chroniques inscrits au régime des affections de longue durée (ALD), et de l’augmenter de 50 centimes à 1 euro (avec une majoration adaptée aux DOM).
De son côté, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) se demande s’il ne vaudrait pas mieux négocier directement avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) plutôt qu’avec l’assurance-maladie, car « c’est lui qui fixe les prix des médicaments ». Le syndicat relève que, à la différence des pharmaciens, l’assurance-maladie a la possibilité de discuter directement avec le CEPS. Et d’affirmer : « ce que la CNAM négocie avec les pharmaciens, elle le remet en cause en actant les baisses de prix, les mises sous TFR… qui contribuent à réduire la marge des officines ». Résultat, « la situation économique des officines se détériore, les emplois sont menacés et le taux de chômage des pharmaciens et préparateurs explose dans toutes les régions », déplore l’organisation présidée par Jean-Luc Fournival.
De nouvelles baisses de prix
Quoi qu’il en soit, les officinaux ne doivent pas s’attendre à une embellie dans l’immédiat. En effet, lors du dernier Congrès national des pharmaciens en octobre, à Reims, le directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), Nicolas Revel, a expliqué que les baisses de prix se poursuivront sur 2016 et 2017, voire au-delà. Pour lui, le bilan des six premiers mois de la réforme de l’honoraire est positif. « Cette réforme a atteint son objectif, même si elle n’a pas complètement mis à l’abri l’économie officinale », estime-t-il. En revanche, il ne semble pas pressé d’apporter d’éventuelles mesures correctrices. « Nous devons faire les comptes pour voir si les hypothèses qui avaient fondé le modèle se vérifient. Il faut voir sur un plus long terme et nous ferons le bilan en 2016 », explique-t-il. Certes, mais de nombreuses officines ne peuvent plus attendre.
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