Six ans déjà que la première année des études de pharmacie a été fusionnée avec celles de médecine, odontologie et sage-femme pour devenir la Première année commune des études de santé (PACES).
Pour la pharmacie, c’est donc cette année que va sortir la première année PACES. Malheureusement, aucun bilan de cette première année commune n’a été prévu par le gouvernement, la dernière évaluation -sommaire- datant de 2011. Pourtant, la PACES fait l’objet de bien des critiques. Côté pharmacien, on déplore, depuis sa mise en place, un dénigrement de plus en plus marqué pour la filière. En effet, « à l’issue de la première année, 36 % des étudiants choisissent pharmacie par défaut, parce qu’ils n’ont pas eu médecine ou odontologie le plus souvent. Avant la PACES, ils n’étaient que 14 % à choisir pharmacie par défaut », déclare Nassim Mekeddem, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) en commentant les résultats d’un sondage mené par l’association en 2014 auprès de plus de 3 000 étudiants.
Par ailleurs, outre ce choix par défaut, on constate un taux d’échec très important en deuxième année de pharmacie, de l’ordre de 20 à 25 % d’étudiants qui redoublent cette 2e année. « C’est comme si on avait essoré les étudiants en PACES et qu’ils avaient du mal à se remettre du concours », commente Macha Woronoff-Lemsi, présidente de la Conférence des doyens de Pharmacie. Pour autant, la présidente ne souhaite pas revenir sur cette première année commune : « il s’agirait plutôt de revoir le format du concours aujourd’hui très axé sur une accumulation de connaissances assez générales, avec un contenu très dense, et sur un examen essentiellement basé sur des QCM ». La présidente de la Conférence des doyens propose de s’inspirer des expérimentations réalisées dans certaines facultés (Angers, Rouen, Saint-Étienne, Paris ou Strasbourg) à qui ont a permis d’intégrer les étudiants aux filières de santé de façon plus progressive ou mieux ciblée. « Comme à Paris Descartes, on pourrait par exemple instaurer un entretien oral après le résultat des tests écrits pour évaluer la motivation de l’élève », évoque-t-elle.
Néanmoins, si les étudiants manquent de motivation durant le premier cycle d’études, ils semblent avoir un regain d’intérêt pour la pharmacie à partir de la 4e année d’études. « Ceux qui abandonnent définitivement la filière ou font appel à des passerelles pour intégrer d’autres études restent en nombre stable et restreint, aux alentours de 10 % », souligne Nassim Mekeddem.
Des cours à réviser
En revanche, dans le détail des cours, on constate une désaffection grandissante pour les enseignements magistraux. « Les étudiants critiquent le manque d’intérêt de certains cours magistraux, et les enseignants qui chaque année repassent le même diaporama, avance Nassim Mekeddem. L’étudiant souhaiterait être remis au centre de sa formation, qu’on lui donne des objectifs en petit groupe, qu’on développe des pédagogies innovantes, qu’on lui propose plus d’enseignements pratiques ». Certaines facultés se sont déjà engagées dans cette voie : « Clermont-Ferrand expérimente la pédagogie inversée (les étudiants travaillent le cours chez eux et, lors des enseignements, ils font des exercices en s’appuyant sur les connaissances acquises à domicile), d’autres ont mis en place des serious games, des commentaires d’ordonnances filmés… », détaille le président de l’ANEPF. Autant de choix qui ont mené à une remontée en flèche de la motivation.
Enfin, des évolutions aux études de pharmacie pourraient prochainement être envisagées. Avec une révision du numerus clausus, tout d’abord, qui ne correspond plus aux besoins de santé. Mais aussi, il se pourrait que les études de pharmacie se déroulent en 8 ans au lieu de 6 ans, afin de conserver un titre de doctorat en pharmacie. En effet, dans le cadre d’une harmonisation européenne, tous les masters seront d’une durée de 5 ans et tous les doctorats d’une durée de 8 ans. Aujourd’hui, il ne s’agit que d’une hypothèse. Mais si un allongement de la durée des études de pharmacie est voté, il faudra alors savoir quelles seront les évolutions à apporter au cursus universitaire. L’ensemble du cursus devra être révisé, et devra intégrer une formation aux nouvelles missions, l’organisation de stages ambulatoire, le renforcement du lien avec l’hôpital, et surtout une mise en perspective de la profession de pharmacien avec les autres professions de santé, afin d’organiser la prise en charge de façon pluridisciplinaire.
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