Le Quotidien du pharmacien.- Pourquoi le secteur est-il autant impacté par l'inflation ?
Alain Grollaud.- La hausse des prix est arrivée à la suite de la loi Descrozaille dont l'article 3 - en instaurant le principe selon lequel toute négociation commerciale non aboutie est à l'avantage du fournisseur -, est très défavorable à la distribution. Nous nous retrouvons donc avec des conditions générales de ventes parfois imposées par des laboratoires, avec des augmentations tarifaires de 8 % voire 10 %, contre lesquelles il est très difficile de lutter. Nous nous battons depuis des années pour que les groupements bénéficient des conditions de ventes directes, mais tous n'ont pas la puissance suffisante pour négocier sur un pied d'égalité. D'autant que les laboratoires préfèrent négocier et accorder leurs remises les plus importantes en direct, individuellement avec les pharmacies. Or, seules les plus grosses peuvent monnayer dans des conditions correctes. Le rapport de force est déséquilibré et n'est pas en faveur des autres officines, qui n'ont pas les capacités de stockage adaptées pour la vente directe, et se retrouvent contraintes à répercuter les hausses de prix.
Comment les groupements peuvent-ils juguler ce phénomène ?
Pour juguler les effets de l'inflation, il faut être capable de peser sur les négociations commerciales, et pour cela, il faut se regrouper. Les groupements doivent impérativement se mobiliser et se faire entendre en faisant pression sur les fournisseurs et les laboratoires pour qu'ils soient obligés de passer uniquement par eux pour négocier. Mais tant que les laboratoires seront en position de force, ce ne sera pas possible.
De quelle autre manière les pharmacies pourraient-elles dégager des bénéfices malgré ce contexte difficile ?
Si le cœur de métier de la pharmacie reste la délivrance du médicament, j'encourage les pharmaciens et les groupements à investir dans les nouvelles missions pour être moins dépendant du commerce. Cela étant, nous faisons face à un autre problème : pour développer les nouvelles missions, il faut pouvoir en parler. Or, les limites de communication imposées aux pharmaciens font que le public n'est que rarement au courant de ces missions, excepté la vaccination et certains événements comme le mois sans tabac et Octobre rose. Tant que ces limites existeront, les nouvelles missions et nouveaux services resteront sous-développés, et ne pourront pas compenser les pertes de marges commerciales.
* Président de la chambre syndicale des groupements et enseignes Federgy
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