AURONS-nous un jour des pharmacies sans pharmacien ? C’est la question - un poil provocatrice - que nous avons posée à Maître Alain Bensoussan en conclusion de ce dossier intitulé « la pharmacie du IIIe millénaire ». L’avocat, spécialiste du droit numérique et des technologies avancées, l’assure : « Je pense que non seulement, c’est possible, mais aussi qu’il ne s’agit pas du tout de science-fiction. Soixante-dix pour cent des programmes qui existent aujourd’hui sont potentiellement capables, pourvu qu’on les dote d’un robot et d’un module d’intelligence artificielle apte aux recherches sur internet, de produire un acte pharmaceutique de qualité. Technologiquement, en 2014, tous ces outils sont déjà à la porte des officines ». Demain des pharmacies déshumanisées ? Nous n’en sommes pas là, et c’est heureux. Mais déjà aujourd’hui, entre robotique, monétique et informatique officinale, la machine occupe une place importante à l’officine. Elle soulage le professionnel des taches les plus chronophages et de moindre valeur. Mais pas seulement. Les logiciels de détection d’interactions pharmaceutique sont ainsi, estime Me Bensoussan, comme des avatars du pharmacien. « Ces programmes d’intelligence artificielle ont déjà commencé à remplacer l’officinal dans ses missions scientifiques ». Mais attention, insiste aussi l’avocat, « en éthique et en droit, le pharmacien reste responsable, de premier niveau, de ses actes et de ses erreurs ». Les machines n’ont pas encore à répondre des fautes qu’elles pourraient induire chez les hommes. Mais cette ère viendra, prédit l’homme de loi. En attendant, conclut-il, « l’automatisation des taches à l’officine vise un seul objectif : libérer le professionnel pour qu’il puisse apporter une valeur ajoutée, intellectuelle, humaine, sociale, voire affective, à son exercice quotidien. » Nous voilà rassurés.