La médication officinale serait-elle au seuil d’un grand bouleversement ? Rien n’est moins sûr. Car même si un récent sondage Odoxa, mené pour l’OCP, en partenariat avec « Le Quotidien du Pharmacien » et le groupe Ebra, révèle que 70 % des Français sont favorables à la prescription par le pharmacien de médicaments jusqu’alors soumis à l’ordonnance d’un médecin, le manque de volonté politique freine de toute évidence le développement de la médication officinale, ou tout au moins de l’automédication.
Ainsi, au cours des douze derniers mois, les pouvoirs publics, et tout particulièrement l’Agence nationale du médicament (ANSM), n’ont pas hésité à porter le fer, à plusieurs reprises, contre ce secteur. En relistant les produits codéinés et leurs dérivés, tout d’abord, puis en interdisant de publicité les vasoconstricteurs. Enfin, en énonçant en février dernier, une modification de l’étiquetage des boîtes qui, désormais, privilégie la dénomination commune (DC) au nom de marque fantaisie.
Mais pour les industriels du secteur représentés au sein de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA), le coup de grâce a définitivement été donné par de nouvelles recommandations sur les noms de médicaments qui, de facto, signent la mort des marques ombrelles.
Il n’en fallait pas davantage à l’AFIPA pour engager un recours contre l’ANSM. En effet, à l’inverse de la plupart de ses homologues européens en pleine explosion (2), le marché français de l’automédication brille par la constance de ses chiffres. Ainsi, en 2017, le médicament OTC en perte de vitesse de 3,7 % (en valeur), a, à nouveau, infléchi l'évolution du selfcare dont il représente 60 % de parts de marché. Rien d’étonnant donc à ce qu’en dépit d’une progression des dispositifs médicaux de 3,5 % et d’une très belle performance des compléments alimentaires à + 12,9 %, le marché du selfcare n’affiche qu’une hausse de 0,8 %, à 3,91 milliards d’euros, selon le 16e baromètre du selfcare 2017.
Un réservoir d'économies
Très sensible aux fluctuations saisonnières, la médication officinale a donc besoin d’autres soutiens que les seules – hypothétiques — pathologies hivernales. C’est du moins l’avis de l’AFIPA qui plaide pour une reconnaissance du selfcare « comme première étape du parcours de soins pour les pathologies bénignes », voire pour un délistage « massif ». Comme le rappelle Daphné Lecomte-Somaggio, déléguée générale de l’AFIPA, « selon le 4e observatoire européen pour l’automédication, l’analyse des délistages européens montre que 92 molécules sont potentiellement délistables en France dans des indications comme l’allergie, le reflux gastro-œsophagien, les troubles gastro-intestinaux ou encore la migraine ».
Aux pouvoirs publics qui avancent des impératifs de santé publique pour motiver leurs mesures, l’AFIPA oppose un argument imparable. L’inscription systématique au dossier pharmaceutique et une « protocolisation du conseil pharmaceutique pour assurer une qualité homogène de la dispensation » suffiraient, selon elle, pour sécuriser la médication officinale. Sans compter que les médicaments d’automédication permettraient une rationalisation du système de soins et des économies substantielles à l’assurance-maladie. Enfin le développement de ce secteur aurait pour autre avantage, avancent ses promoteurs, de mettre un bon coup de projecteur sur le conseil officinal.
1) D'après le panel OpenHealth Company, sur les données de ventes de 10 328 officines de métropole hors Corse.
2) L'observatoire européen de l'automédication prend pour périmètre d'étude l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.
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