Par rapport au précédent accord introduisant les honoraires à la boîte et pour la dispensation des ordonnances de 5 lignes et plus, l’avenant n° 11 entend faire franchir un nouveau palier à la réforme de la rémunération.
Afin de désensibiliser encore un peu plus les revenus des pharmaciens des baisses de prix, trois nouveaux honoraires feront leur apparition à partir de 2019. Parallèlement, les taux des tranches de la marge dégressive lissée (MDL) seront modifiés et, en 2020, la part de la marge commerciale ne représentera plus qu’environ 30 % du total des rémunérations perçues au titre de la dispensation.
FSPF : l’avenant n° 11 est insuffisant
Certes, mais pour Philippe Gaertner le compte n’y est pas. Dans l’avenant n° 11, « ce qui est proposé sur le plan de la rémunération réglementée, incluant les honoraires et la marge, conduit à une évolution négative de notre économie, affirme le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Aujourd’hui, tous les chiffres diffusés par les signataires ne tiennent pas compte des futures baisses de prix ». En fait, Philippe Gaertner estime que l’enjeu n’est pas de savoir si ce texte améliore ou non la situation précédente, mais s’il est suffisant. Et pour lui, la réponse est clairement non. « Sur les deux premiers mois de l’année, la rémunération officinale perd 8,6 millions d’euros alors que l’avenant était censé apporter 12 millions d’euros », indique-t-il. Pour lui, il manque donc 20,6 millions d’euros par rapport aux promesses. À ses yeux, l’équation est simple : la modification de la marge dégressive lissée (MDL), appliquée depuis le 1er janvier, doit apporter 70 millions d'euros au réseau, tandis que les baisses de prix jusque-là envisagées pour cette année représentent 170 millions d’euros. Résultat, l’avenant n° 11 est insuffisant pour les compenser et la perte de ressources devrait s’élever à au moins 100 millions d’euros. « À périmètre constant des ventes, la perte moyenne par officine s’élèvera pour 2018 à plus de 5 500 euros », s’inquiète le président de la FSPF qui tient également à rappeler que l’avenant n° 11 maintient l’honoraire de dispensation à la boîte pourtant décrié par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Quoi qu’il en soit, dans ce contexte économique tendu, Philippe Gaertner demande l’ouverture de nouvelles négociations avec l’État. Il souhaite la renégociation des paramètres de l’arrêté de marge pour 2019 et 2020, afin « de corriger les effets pervers de la politique de rabot sur les prix industriels insuffisamment compensés par l’avenant n° 11 ».
USPO : la réforme engagée redonne de la croissance
À l’inverse, le président de l’USPO, Gilles Bonnefond l’assure, l’avenant n° 11 à la convention pharmaceutique qu’il a signé cet été avec l’assurance-maladie va permettre à la profession de renouer avec la croissance pour les trois prochaines années et de retrouver une évolution positive de la marge, ou au pire de la stabiliser. Qu’en est-il après deux mois d’application de la réforme ? En janvier, les chiffres communiqués par IMS-Pharmastat montrent une perte de la rémunération totale de l’officine de près de 11 millions d’euros par rapport à janvier 2017. Mais Gilles Bonnefond estime que cette perte est surestimée, janvier 2018 cumulant deux inconvénients : une baisse d’activité très forte par rapport à janvier 2017, et une concentration de baisses de prix. De plus, sur les 11 millions d’euros de perte de rémunération, 8,9 millions d’euros sont, selon lui, le fait de la diminution importante des unités dispensées sur la période, et donc d’une baisse des revenus liés à l’honoraire à la boîte introduit par la précédente réforme conclue par la FSPF. Au-delà, le président de l’USPO note que la marge commerciale est maintenue en janvier grâce à la modification de la MDL « qui a redonné 14 millions d’euros sur la tranche 0-1,91 euro associée au gain des deux dernières tranches dont les unités délivrées progressent chaque mois. » « Grâce à la réforme engagée, l’officine gagne 4,7 millions d’euros lorsque l’on compare la rémunération des unités de janvier 2018 à celle de décembre 2017 », affirme-t-il. Et en février, le président de l’USPO relève que la rémunération progresse de 0,59 % par rapport à février 2017. « Cette réforme est progressive, souligne Gilles Bonnefond. Son efficacité pour diminuer l’effet des baisses de prix n’est que de 20 % cette année, mais l’année prochaine, avec l’introduction de nouveaux honoraires, l’impact se sera réduit de moitié, insiste-t-il. Attendons la fin du premier trimestre pour dresser un premier bilan. »
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