LA SPHÈRE des compléments alimentaires pour hommes n’en finit plus de tâtonner : segment modeste d’un marché à fort potentiel, elle restait, il y a quelques années, encore peu investie par des fabricants qui cherchaient dans quelles voies elle pourrait bien s’accomplir. Le versant masculin de la minceur, de la chute des cheveux, des toniques et même des solaires contribuaient alors aux progressions spectaculaires enregistrées dans le secteur, 35 % de hausse en 2006 pour un volume de vente équivalent à 250 000 unités. Pleins de promesses, ces chemins n’ont pas toujours abouti et plusieurs laboratoires ont tout simplement abandonné le créneau de la nutrithérapie au masculin. Aujourd’hui, le marché en pharmacie ne compte plus que 230 000 unités vendues (source fabricants) pour 4 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Voies traditionnelles.
Un tout petit rayon, certes, mais qui ne tient compte que des références désignant spécifiquement les hommes et omet toute une partie de l’offre qui pourtant alimente la clientèle du sexe fort. « Les chiffres du marché ne représentent pas la réalité de la consommation qui se porte aussi sur des secteurs autres que ceux ciblant clairement les hommes », fait ainsi remarquer un fabriquant.
Au total, ces produits sont assez nombreux avec, en tête, des segments phares : les toniques physiques à visée forme conçus pour pallier aux fatigues passagères, baisses de tonus ou aux rythmes de vie soutenus et les toniques physiques à visée sportive étudiés pour maintenir le niveau de performance et améliorer la récupération (gamme Isoxan chez Ménarini, Ergysport chez Nutergia, Arkogélules d’Arkopharma, Élusanes chez Naturactive, gamme Eafit chez EA Pharma…). Associations de vitamines, minéraux et oligo-éléments, ils donnent la préférence aux vitamines C, B, E, au magnésium, zinc et fer, entre autres. Dans les complexes de plantes, on trouvera la caféine, le guarana, le ginseng ou encore la spiruline combinée à l’eleutherocoque pour le tonus sportif.
La minceur, chez l’homme, sera plutôt abordée sous l’angle de la performance physique centrée sur l’amélioration de la masse musculaire ou l’assèchement du muscle. Maté, guarana, cacao, radis noir, acides linoléiques conjugués entrent notamment dans la composition des formules vouées à la minceur (Power Burner Men chez 3 Chênes, Minceur 24 Men chez Forté Pharma, XL-S for Men chez Oméga-Pharma, gamme Eafit).
La chute des cheveux et les moyens de la prévenir sont un autre des grands axes de la nutrithérapie au masculin. De nombreuses références coexistent sur ce segment sans toujours spécifier le genre de leur cible (Forcapil chez Arkopharma, Innéov Homme Antichute, Œnobiol Antichute, Vitalfan Antichute chez René Furterer, Anacaps de Ducray…). Elles présentent généralement une combinaison de vitamines du groupe B, PP, E, et d’acides aminés (cystine, méthionine, taurine…).
La partie immergée de l’iceberg.
Les voies « traditionnelles » de la nutrithérapie pour hommes n’excluent pas l’émergence de nouveaux segments. Ainsi, la vitalité sexuelle semble susciter un intérêt croissant chez la gent masculine. Les produits qui en relèvent (Énergie Tigra + Men chez Forté Pharma, Perform X chez 3 Chênes) entendent stimuler l’érection masculine et amplifier l’énergie grâce à leurs composants au nombre desquels on trouve des vitamines B, des oligo-éléments (zinc), des acides aminés (taurine, arginine), des extraits végétaux (ginseng, gingembre, maca). Leurs promesses, ambitieuses, sont donc de pallier au dysfonctionnement érectile en contournant la prise de traitements ou le recours aux prothèses.
« D’une façon générale, c’est la performance que les hommes recherchent quand ils se tournent vers les compléments alimentaires, qu’il s’agisse de rétablir leur niveau initial ou de l’améliorer », explique Vivian Quandalle, responsable du pôle phytothérapie chez Arkopharma (Arkogélules et Arkofluides). « C’est particulièrement visible sur les segments de la vitalité et du tonus physique mais on le vérifie également dans les domaines du stress et du sommeil où la démarche du consommateur va plutôt consister à bien récupérer son énergie pour conserver la forme et rester efficace grâce aux solutions par voie orale ». Même constat en ce qui concerne les performances intellectuelles pour lesquelles l’homme va se tourner vers des produits capables d’améliorer la microcirculation sanguine (ginkgo) ou la vitesse de transmission de l’influx nerveux (bacopa).
Articulations, circulation, hémorroïdes…
Bien des secteurs à caractère thérapeutique du marché des compléments alimentaires sont ainsi investis par une demande masculine. Les douleurs articulaires, les problèmes veineux (vigne rouge, marronnier d’Inde) - pour ceux qui doivent observer des stations debout prolongées ou ceux qui passent leur temps en voiture - mais encore les hémorroïdes, l’hypertension artérielle (ail, olivier), le diabète et le cholestérol (lécithine de soja, germe de blé) font partie des pathologies au nom desquelles le consommateur peut se tourner vers la voie orale.
« Il va en attendre un effet curatif rapide car l’homme se traite quand il ressent le symptôme (la douleur) et non pour en prévenir l’apparition. Il cherche une solution pour rétablir une situation avérée ». La femme, au contraire, agit plutôt en amont du problème. Ainsi va-t-elle constituer la cible principale des fabricants de compléments alimentaires. « C’est aussi l’élément prescripteur du couple et l’acheteuse principale, à hauteur de 80 % », rappelle Vivian Quandalle en citant l’exemple de la prostate. « Voilà une sphère exclusivement masculine et pourtant, se sont majoritairement des femmes qui viennent demander un conseil en officine pour pallier aux problèmes d’inconfort urinaire de leur conjoint (pépins de courge, racine d’ortie) ».
Enfin, plus léger de par sa finalité et le profil de ses utilisateurs, le segment des « lendemains de fête », ou plus largement le champ hépatique, est une autre orientation de l’offre en compléments alimentaires qui décidément, ne laisse de côté aucune tranche d’âge du sexe fort !
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