LES OFFICINAUX attendaient beaucoup de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Mais le projet de texte présenté par Roselyne Bachelot ne répondait pas, au départ, aux espoirs de la profession. Principale déception : le projet ne prévoyait aucune nouvelle mission pour les pharmaciens. « La réalité est que le pharmacien officinal est aujourd’hui le seul professionnel de santé dont le code de la santé publique ne précise pas le champ des activités, en dehors de la dispensation des médicaments et de l’exécution des préparations magistrales ou officinales », déplorait Jean Parrot lorsqu’il était encore président de l’Ordre.
L’instance n’entendait pas baisser les bras, tout comme les syndicats, les groupements et l’association de pharmacie rurale. Tous ont mis leur force en commun pour défendre le même objectif : faire amender le texte. Pari réussi, puisque la profession est parvenue à faire adopter par les députés la quasi-totalité de ses propositions, telles la définition des missions du pharmacien dans le code de la santé publique, l’inscription du conseil pharmaceutique dans les soins de premiers recours et la création du statut de pharmacien de coordination, préféré à celui de « pharmacien traitant ».
Correspondant.
Mais la partie était encore loin d’être gagnée. Contre toute attente, la commission des affaires sociales du Sénat fait marche arrière : exit le « pharmacien de coordination », finie également la notion de coopération avec les autres professionnels de santé. Résultat, les représentants de la profession déplorent de ne plus retrouver l’esprit du texte initial, pourtant adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Bien décidés à ne pas se laisser faire, ils retroussent de nouveau leurs manches pour tenter d’inverser la tendance lors des discussions en séance. Nouveau succès. Certes, les dispositions concernant les pharmaciens ont été modifiées, mais l’esprit du premier texte réapparaît. Et le « pharmacien de coordination » devient finalement le « pharmacien correspondant ».
Plus largement, les relations ville-hôpital sont resserrées, avec la possibilité pour les patients de communiquer les coordonnées de leur pharmacien afin d’améliorer la continuité des soins après la sortie de l’établissement. Les pharmaciens sont également autorisés à renouveler des contraceptifs oraux pour six mois en cas d’ordonnance expirée datant de moins d’un an. Le texte introduit aussi la notion de développement professionnel continu (DPC) qui regroupe la formation continue et l’évaluation des pratiques.
La rémunération en question.
Le fameux article 38 définissant les missions qui incombent aux pharmaciens, est « un article fondateur », a déclaré Roselyne Bachelot à l’occasion du 62e Congrès des pharmaciens à Strasbourg. Pour elle, il représente un socle sur lequel il sera possible de construire. « Il y a des murs à bâtir et je veux le faire avec les pharmaciens », affirme-t-elle.
Car, après la discussion, l’heure est désormais à la rédaction des décrets d’application. L’année 2010 qui commence devrait ainsi être marquée par la mise en musique de cette loi qui marque un tournant pour l’exercice officinal. Mais, déjà, quelques inquiétudes apparaissent, notamment en ce qui concerne la rémunération des nouvelles missions. En effet, l’indemnité de seulement 1 euro hors taxes accordée aux officinaux pour la dispensation des traitements antiviraux contre la grippe A(H1N1) et des masques antiprojections fait craindre aux pharmaciens que leurs nouveaux rôles ne soient pas rémunérés à leur juste valeur. Une nouvelle bataille va s’engager.
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