Comment ouvrir sa pharmacie en ligne ?
Une autorisation par l’ARS
Vous souhaitez vous lancer dans la pharmacie en ligne ? Depuis le 2 janvier 2013 c’est possible, à condition d’être pharmacien titulaire d’une officine ou gérant d’une pharmacie mutualiste ou d’une pharmacie de secours minière. À noter qu’un pharmacien adjoint ayant reçu une délégation de son titulaire peut également participer à l’exploitation du site internet de l’officine.
En pratique, il faut tout d’abord obtenir les autorisations nécessaires. C’est à l’ARS (Agence Régionale de Santé) dont dépend l’officine de donner le feu vert. Puis le conseil de l’Ordre des pharmaciens devra être informé de la création du site. C’est d’ailleurs le conseil de l’Ordre qui tient à jour la liste des sites français autorisés à vendre des médicaments en ligne, liste également consultable sur le site du Ministère chargé de la santé.
Et en termes de contenu ?
En France, la règle est simple : seuls les médicaments non soumis à prescription obligatoire peuvent être commercialisés en ligne (en plus des produits de parapharmacie). De plus, le site doit être clairement divisé en plusieurs onglets pour que les médicaments soient bien distingués des autres produits. Et dans les onglets médicaments doit obligatoirement figurer un logo commun à tous les États membres de l’UE. En cliquant sur ce dernier, il est alors possible de vérifier la légalité du site. Il s’agit là d’un réel gage de sécurité puisque l’OMS estime que 50 % des médicaments vendus sur Internet sont falsifiés. L’identification de l’officine et de son ou ses titulaires est également indispensable.
Ensuite, pour ce qui est des médicaments, le patient doit pouvoir identifier facilement la dénomination commerciale et la DCI, les indications thérapeutiques de l’AMM, la forme galénique et les précautions d’emploi. De plus, le téléchargement de la notice en PDF doit être disponible.
Comment assurer la sécurité ?
Condition sine qua non de sécurité, aucun médicament ne peut être vendu sans échange interactif avec un pharmacien. À chaque commande, un questionnaire doit donc être rempli par le patient avec son âge, son sexe, ses traitements en cours, antécédents allergiques, son état de grossesse ou d’allaitement. Celui-ci sera validé par le professionnel avant toute préparation de commande au sein de l’officine. Ensuite, une alerte doit être visible par le pharmacien lorsque les quantités de médicaments commandés entraînent un dépassement des doses d’exonération pour chaque principe actif concerné. Enfin, il est indispensable de recourir à un hébergeur de site habilité à recevoir les données de santé.
La pharmacie en ligne a-t-elle la cote en France ?
Début janvier 2021, ce sont 725 sites qui sont recensés par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens comme autorisés par les ARS à ouvrir un site de vente en ligne de médicaments, ce qui représente environ 3,5 % de nos officines françaises. Une pratique qui n’est donc pas encore très répandue. Mais pourquoi ?
Le poids des réglementations
L’étude de nos voisins européens apporte quelques éléments de réponse. Si le marché du médicament reste (normalement) régulé partout dans le monde, les normes réglementaires françaises restent les plus contraignantes. En effet, dans de nombreux pays comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore les Pays-Bas, la vente de médicaments sur prescription est autorisée en ligne. De plus, la publicité pour les pharmacies, qu’elles soient en ligne ou non, est interdite en France. C’est pourquoi lorsque vous tapez « pharmacie en ligne » dans votre moteur de recherche, les résultats affichés correspondent à des annonces de plateformes étrangères (comme la belge PharmaMarket) puisque nos voisins sont eux autorisés à faire du référencement en achetant des mots-clés. Une concurrence déloyale pour les pharmaciens français se lançant dans l’aventure du e-commerce. Le 5 mars 2019, Édouard Philippe s’était d’ailleurs exprimé sur le sujet de la vente en ligne de médicaments, déclarant que « ses conditions dans notre pays apparaissaient trop restrictives ». Il avait également constaté que cette dernière ne concernait qu’1 % du marché en France, contre 15 % en Allemagne.
La concurrence est rude
Outre nos voisins européens, d’autres concurrents se préparent à investir le marché de la vente de médicaments à grande envergure, notamment le géant Amazon (encore lui). Il a déjà « conquis » les États-Unis et propose des médicaments avec ou sans prescription sur son site et son application mobile. Il propose également à ses abonnés Prime une livraison gratuite et illimitée et des réductions allant jusqu’à 80 % sur les génériques…
Le coronavirus a-t-il eu un impact sur la vente en ligne ?
2020 aura été marquée par le coronavirus mais aussi par le changement d’habitudes de vie de nombre de Français. Et le chapitre du commerce en ligne ne fait pas exception. Ainsi, entre janvier et juillet 2020, il a vu ses ventes progresser de près de 25 % par rapport à 2019. Les produits d’hygiène-santé-beauté font d’ailleurs partie des meilleures progressions (+123 % en avril !). Il y a donc certainement une carte à jouer dans ce domaine. Oui mais pas à n’importe quel prix. Le pharmacien doit en effet garder ses rôles principaux : le conseil et la proximité. Si l’évolution des habitudes de consommation des Français est amorcée, le fait de se lancer dans la e-santé ne doit pas se faire au détriment de la relation avec nos patients, le tout étant d’arriver à concilier les deux…
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