Le Quotidien du pharmacien. - Les nouvelles technologies sont-elles désormais indissociables des questions relatives à la santé ?
Geoffroy Vergez. - A mon sens, elles sont devenues centrales. Petit à petit. Le métier de pharmacien, et globalement les professions de santé, se sont progressivement informatisés. Ainsi, la composante digitale est devenue essentielle à toutes les activités officinales, qu'il s'agisse des achats, de la gestion, du conseil au patient… Est-ce à dire que l'outil électronique peut répondre à toutes les missions du pharmacien ? C'est là une autre question. Mais incontestablement ces solutions électroniques sont un pilier de l'exercice quotidien.
Quels sont les avantages des solutions e-santé par rapport aux outils dont disposait le pharmacien avant leur arrivée ?
Autrefois, le métier du pharmacien était assez monolithique puisqu'il se concentrait essentiellement sur la délivrance du médicament et le conseil au patient. Aujourd'hui, une multitude de missions sont allouées au pharmacien pour lesquelles l'assistance d'un outil est indispensable. Notamment pour mettre en œuvre une expertise, archiver et centraliser l'information et finalement animer l'ensemble de ces nouvelles missions. En résumé, c'est l'évolution du métier de pharmacien et la multiplication des missions qui a créé un besoin criant de nouveaux outils. Le professionnel ne peut être à la fois un expert de la pharmacopée, des interactions médicamenteuses, de l'éducation thérapeutique, des entretiens motivationnels, de la vaccination…
Un exemple de solution Observia aboutie pour illustrer votre propos ?
J'évoquerais une application créée en 2013 et qui a rencontré un grand succès. Il s'agit d'un outil digital qui permet au pharmacien de réaliser ses entretiens pharmaceutiques et ses bilans partagés de médication. La plupart des officines qui y sont engagées l'utilisent. Notre concurrent était jusque-là le papier. C'est autour de ce support (questionnaire) que les entretiens étaient réalisés. Or ce n'était pas du tout l'objectif attendu de la mission, qui était plutôt, animer dans le temps les entretiens pour faire en sorte que le patient devienne de plus en plus observant, de plus en plus autonome et indépendant par rapport à son traitement. Nous avons compris, dès 2013, que le pharmacien avait besoin de quelque chose de plus qu'un simple formulaire papier.
Quelle place, selon vous, la e-santé doit-elle raisonnablement occuper à l’officine dans la relation pharmacien patient ?
Il n'y a pas de limite, c'est la vraie vie. Mais deux aspects à considérer : il y a d'une part l'outil e-santé qui va aider le pharmacien, qu'il soit ou non face au patient, par exemple lors des entretiens pharmaceutiques. Et puis il y a l’usage que l'on fait de ces outils pour travailler à distance avec le patient, où certaines limites réglementaires s'imposent. Reste que le pharmacien est libre de choisir le type de service qu'il veut proposer et quel business model il souhaite y associer. Il peut par exemple envisager d'envoyer régulièrement des SMS au patient pour l'informer sur des éléments d'environnement, lui rappeler à quel moment il doit retourner en officine (et non dans son officine !) pour y renouveler son traitement. C'est au pharmacien de choisir de s'engager ou pas dans ce type de service, d'autant que la loi lui donne désormais la possibilité de facturer certains de ces services…
L’intelligence artificielle met-elle selon vous en danger la primauté de la relation humaine entre soignant et patient ?
Concernant l'intelligence artificielle (IA), nous sommes encore très loin d'un mode opératoire standardisé où la machine remplacerait toute une partie de l'acte médical ou pharmaceutique. Certaines préfigurations indiquent cependant déjà que cet outil pourra aider le soignant. Mais il y a deux façons de l'envisager : la promesse de l'IA c'est dégager du temps et de l'expertise. Certes, mais que fera le professionnel du temps gagné ? Verra-t-il plus de patients, au risque de détériorer un peu la qualité de la relation soignant malade, ou mettra-t-il à profit ce temps gagné pour faire office de « coach de santé », par exemple en expliquant l'intérêt du respect de l'observance au patient ? La réponse à cette question est entre les mains des médecins et des pharmaciens, mais aussi dans celles des pouvoirs publics qui devront absorber les coûts de santé que suppose un tel virage.
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