Quelques définitions
- Muscles striés squelettiques : muscles à contraction volontaire (contrairement aux muscles lisses), reliés aux os par les tendons. Ils sont formés par les fibres (cellules) musculaires, elles-mêmes formées par les faisceaux musculaires. Les muscles striés sont irrigués par des vaisseaux sanguins et innervés.
- Myofibrilles : filaments présents dans la cellule musculaire qui confère les propriétés contractiles au muscle.
- Aponévrose : membrane fibreuse et résistante enveloppant le muscle.
- Ligament : bande de tissu conjonctif fibreux et élastique, très résistant, reliant les éléments d’une articulation.
- Tendon : élément conjonctif fibreux par lequel le muscle squelettique s’insère à l’os.
Un peu de physiopathologie
L’élongation, le claquage et la déchirure musculaire correspondent à une atteinte des fibres musculaires. Les lésions sont de sévérité variable, la déchirure étant la forme la plus grave.
Comprendre le claquage
Dans le cas du claquage, la douleur est violente, dite en coup de poignard, et impose l’arrêt de l’activité. Un hématome se forme rapidement. Le claquage est fréquent chez le sportif en cas de mobilisation excessive d’un muscle et impose l’arrêt du mouvement sur le champ. Il peut toucher tous les muscles, avec une fréquence plus élevée des muscles des cuisses (muscles ischio-jambiers) et des mollets (chez les sprinters). D’un point de vue physiopathologique, il s’agit d’une rupture des myofibrilles au niveau des fibres musculaires. Le traitement consiste à immobiliser le membre, appliquer du froid (glaçage) et réaliser un bandage élastique afin de contrôler l’inflammation.
Comprendre la tendinite ou tendinopathie
La tendinite correspond à une inflammation non traumatique du tendon, provoquant une gêne lors du mouvement. La douleur est soit intermittente, lors de la mobilisation du membre, soit persistante. Dans les cas les plus graves, le tendon peut se rompre. L’enveloppe (ou gaine) qui entoure le tendon peut être atteinte. Les tendinopathies de l’épaule (tendinopathie de la coiffe des rotateurs), du coude (tennis-elbow) ou de la cheville (tendinite du talon d’Achille) sont les plus fréquentes. Les causes des tendinopathies sont généralement une sollicitation inhabituelle et prolongée des tendons, ou un geste répété (tendinites professionnelles). Une mauvaise préparation du muscle, un entraînement inapproprié, une hydratation insuffisante, l’utilisation de matériel mal réglé (cordage de raquette trop dur) constituent les principaux facteurs de risque. L’origine iatrogène doit également être envisagée, notamment en cas de traitement par antibiotiques (fluoroquinolones) Le traitement consiste à mettre au repos le muscle. L’application de froid peut soulager la douleur, associée à la prise d’antalgiques ou d’anti-inflammatoires.
Comprendre l’entorse
L’entorse est une blessure ligamentaire. Toutes les articulations peuvent être touchées, avec une fréquence plus importante pour la cheville (6 000 cas par jour en France, dont 1/3 d’entorses graves) et le genou.
L’entorse peut être de gravité variable. Une entorse bénigne, ou foulure, est un étirement du ligament alors que l’entorse grave correspond à une rupture ligamentaire avec arrachement osseux ou fracture. La douleur est toujours présente, associée à un œdème et à un hématome. Plus l’entorse est grave, plus la douleur est importante. De même, la sensation de craquement lors de l’accident, l’absence d’amélioration dans les 3 jours suivant l’accident, la présence d’un hématome en œuf de pigeon, ou si l’articulation a du jeu, sont des signes de gravité imposant une radiographie.
Les mots du conseil
Le pharmacien peut intervenir en prévention ou en soin.
En prévention, les blessures articulaires ou musculaires peuvent être minimisées par le port de chaussures adaptées, l’utilisation de matériel approprié (notamment en tennis), et par des conseils élémentaires de diététique. L’hydratation doit être suffisante pour compenser les pertes hydriques, avant, pendant et après l’effort. Les eaux riches en minéraux sont à privilégier et permettent de limiter la survenue de crampes. L’alimentation doit comporter des aliments riches en protéines pour les muscles, des sucres lents en prévision de l’exercice et des sucres rapides au cours de l’exercice. Un sommeil suffisant et réparateur contribue également à réduire le risque d’accidents musculaires ou articulaires. Les sujets fatigués ont un risque accru de blessures. L’écoute du corps est essentielle.
Bien que les sportifs avisés le sachent, il est toujours bienvenu de rappeler l’importance de l’échauffement musculaire. En cas de reprise après une blessure, les exercices doivent être progressifs. Un ensemble de produits, dont les orthèses, permettent de reprendre une activité physique de façon plus sécurisée.
Face à une blessure, il convient d’appliquer le plus rapidement possible le protocole GREC (glace, repos, élévation, compression) pour réduire la douleur et limiter les complications :
- Le glaçage permet de réduire la douleur et de limiter la diffusion de l’œdème. Il doit être réalisé le plus tôt possible, pendant 15 minutes. Il peut être réalisé plusieurs fois par jour pendant les 2 à 3 jours suivants l’accident ;
- le repos en décharge du muscle ou de l’articulation, pendant plusieurs jours, favorise la cicatrisation ;
- l’élévation du membre au repos permet de limiter l’œdème et de favoriser le drainage ;
- la compression permet de limiter l’œdème.
La sévérité du traumatisme peut être évaluée sur les critères suivants :
- intensité de la douleur ;
- évaluation de la gêne ;
- présence d’un œdème, d’une ecchymose ;
- sensation de craquement ressenti par le patient.
La foulure ou l’élongation peuvent être prises en charge à l’officine. En cas de suspicion d’un claquage ou d’une entorse, une consultation médicale est recommandée.
Enfin, en cas d’immobilisation ou de plâtre, le pharmacien doit sensibiliser le patient au risque thromboembolique (phlébite), et rappeler que la survenue de signes évocateurs (œdème et douleur) impose une consultation médicale en urgence.
Les produits conseils
L’antalgie par le froid
Le froid présente des propriétés antalgiques et anti-œdémateuses intéressantes en traumatologie. Le glaçage est la première étape du protocole GREC et permet un soulagement rapide en cas de claquage ou d’entorse tout en limitant l’aggravation de la lésion. Le glaçage peut être réalisé avec une bombe de froid (Urgo) ou en appliquant un coussin thermique froid (Nexcare). Ce dernier ne doit pas être directement au contact de la peau. Des produits à effet froid (Biofreeze, Chondro-Aid, Structofresh) sont également proposés en cryothérapie.
Les antalgiques médicamenteux
Le paracétamol est l’antalgique de première intention. Les nouvelles formes orodispersibles permettent une administration rapide et pratique, sur les lieux de l’accident. Les anti-inflammatoires par voie orale (ibuprofène) peuvent être proposés en cas de tendinites. Pour soulager la douleur localement, le recours à des anti-inflammatoires non stéroïdiens en crème, gel ou emplâtre à base d’ibuprofène (Advil Gel, Cliptol Gel...) ou de diclofénac (Antacalm) ou des antalgiques (salicylate, lidocaïne) peut être envisagé en tenant compte des risques iatrogéniques (réactions cutanées de type dermatites). Il est recommandé de se laver les mains après l’application du produit et de ne pas recouvrir la zone traitée avec un pansement occlusif. Certains médicaments associent des principes actifs antalgiques avec des huiles essentielles (lévomenthol, girofle). L’utilisation de ces produits doit être prudente chez des sujets ayant des antécédents d’épilepsie ou de convulsions fébriles.
En oligothérapie, le fluor est indiqué au cours des atteintes ligamentaires mineures (Oligosol Fluor).
L’arnica, mais pas que...
En homéopathie, l’arnica est le médicament des traumatismes musculaires et articulaires. Il est proposé en granule ou en comprimé orodispersible (ARNICALM), ainsi qu’en crème, en gel ou en huile de massage (Weleda, Akileïne, Cooper...). Dans les tendinites et les entorses, l’arnica peut être associé à Rhus toxicodendron, en granules ou en teinture mère à appliquer localement.
Les huiles essentielles (HE) de la traumatologie
Il s’agit principalement des HE à visée antalgique et anti-inflammatoire utilisées en application locale, comme la gaulthérie, le romarin (chémotype à camphre), ou la menthe poivrée qui confère une sensation de froid. L’HE de girofle, pour sa composition en eugénol, est également utilisée dans les tendinites, ainsi que l’HE de lavande officinale. De nombreux produits d’aromathérapie ou de phytothérapie, présentés en spray, en gel ou en roll-on, sont disponibles (gammes Pranarom, Dietaroma, Dr Valnet, Phytosun, Puressentiel, Foucaud, Neuriplège, Végébom, SyntholKiné...) et peuvent être préconisés en préparation à l’effort, en soin ou en récupération.
Les orthèses
Ces dispositifs sont indiqués en cas d’entorse ou de tendinite. L’intérêt thérapeutique de l’orthèse doit toujours être expliqué au patient pour renforcer l’observance. Selon la gravité de la lésion, l’orthèse permet de stabiliser le membre ou d’immobiliser l’articulation. Cette démarche favorise la cicatrisation et limite l’aggravation des lésions et la survenue de complications (risque d’instabilité chronique). Pour les lésions bénignes ou en phase de reprise d’activité, les orthèses élastiques de contention sont préconisées. Pour les lésions plus graves, le choix porte sur des orthèses stabilisatrices rigides. Certaines orthèses sont munies d’inserts latéraux contenant un gel de cryothérapie. Pour le conseil, outre les catalogues de produits, les fabricants proposent des sites internet complets pour accompagner le bon usage des orthèses (Thuasne), avec des vidéos de démonstration pour bien prendre les mesures et mettre en place l’orthèse (Gibaud).
Le strapping
Ce bandage destiné à stabiliser l’articulation est utilisé pour les entorses bénigne ou moyenne, lorsque l’orthèse n’est pas adaptée. Il est réalisé avec des bandes extensibles adhésives. L’efficacité du strapping est similaire aux orthèses. Cependant, sa mise en place, qui nécessite une expertise particulière, et le risque d’effets secondaires cutanés liés à la colle, limite son utilisation au profit des orthèses.
Les cannes anglaises
L’utilisation de cannes anglaises permet au patient de se déplacer sans solliciter les muscles ou les articulations de la jambe blessée.
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