Alors qu’une certaine méfiance vis-à-vis du médicament tend à s’installer depuis plusieurs années, l’engouement pour les solutions naturelles s’amplifie et conduit de plus en plus de professionnels de santé à considérer différemment ces alternatives. Les extraits de plantes ou les huiles essentielles (HE) constituent une illustration parfaite de ce renouveau thérapeutique, notamment dans le traitement des maladies fonctionnelles ou en complément des traitements lourds. Qu’il soit médecin ou pharmacien, le phyto-aromathérapeute apparaît comme un acteur incontournable, un garde-fou indispensable pour tirer un maximum de bénéfices de ces produits en limitant les risques. Les plantes et les huiles essentielles sont une réponse supplémentaire pour soigner mais le terme « naturel » ne doit pas éclipser la toxicité potentielle de ces produits. « C’est le rôle du pharmacien, en tant que gardien des poisons, d’en être le référent et l’unique délivreur », insiste le docteur Éric Myon, pharmacien titulaire de la pharmacie de l’Europe, à Paris.
S’appuyer sur une équipe performante
Avec ses associés, Éric Myon a fait le choix de développer une offre complète de médecines naturelles. « Le fait de se spécialiser en phyto-aromathérapie a des conséquences en termes de management d’équipe ou de gestion des lieux. Avant tout, il est fondamental de mettre en place un cursus de formations validantes pour permettre à l’équipe d’acquérir les compétences nécessaires et de garantir la sécurité des patients », explique notre confrère. Cette spécialisation impose aussi de doter l’officine d’un équipement adapté à la réalisation des préparations et à leur traçabilité.
Une relation différente et globale
Si la phyto-aromathérapie séduit, c’est aussi parce qu’elle bouscule la relation thérapeute-patient. L’approche est différente, moins centrée sur le symptôme comme c’est le cas en allopathie. Le patient est considéré dans sa globalité, ce qui impose d’approfondir ou plutôt d’élargir l’échange. « Face à un patient qui se plaint d’être fatigué, une vitamine d’origine naturelle peut être logiquement conseillée, en association avec un draineur. L’objectif est de rétablir les équilibres rénaux et hépatiques et, ainsi, de favoriser l’efficacité de la vitamine, d’en avoir toute la quintessence », commente Éric Myon. De même, les messages de prévention semblent trouver un écho plus favorable à l’occasion d’un conseil en phyto-aromathérapie. « L’écoute est plus attentive. Ainsi, en cas de troubles cardio-vasculaires, on abordera plus facilement l’hygiène diététique, en évoquant les oméga-3 par exemple, et l’importance de pratiquer de l’exercice physique », observe le titulaire parisien.
La personnalisation du traitement respecte la singularité du patient
Si elle vise une prise en charge globale, la phyto-aromathérapie respecte également la singularité du patient. C’est toute la force de cette thérapeutique qui permet une individualisation du traitement. Face à une plainte, il n’y a pas un produit, mais de multiples solutions déclinées en formulations et formes galéniques adaptées. Par rapport à l’allopathie, le pharmacien bénéficie d’un éventail plus large de produits, notamment dans les domaines où peu de spécialités allopathiques sont disponibles sans ordonnances. Pour Éric Myon, « le fait de disposer d’un large choix de formes galéniques, surtout pour les plantes qui peuvent être proposées en tisanes, en ampoules, en gélules… constitue un réel avantage. Cet éventail large et la possibilité de préparer sur place des formulations au cas par cas permet de personnaliser le traitement en tenant compte du mode de vie du patient, de son comportement ».
Une relation nouvelle
À la pharmacie de l’Europe, la spécialisation en phyto-aromathérapie a permis d’ouvrir une nouvelle voie dans la relation avec le patient, fondée sur la transmission de l’information. « Nous proposons à nos clients des ateliers six à dix fois par an, sur des thèmes variés comme l’aromathérapie d’hiver. » Pour Éric Myon, ces ateliers sont un moyen supplémentaire de fidéliser les patients à la profession pharmaceutique et « de valoriser les compétences des pharmaciens ». La phyto-aromathérapie crée aussi de nouvelles passerelles avec les professionnels de santé en général, les médecins en particulier. « Les formations sont un premier temps d’échange et de rencontre entre nos équipes et les médecins. Par ailleurs, nombreux sont les médecins qui ont tendance à s’initier, mais qui, parfois, ont des doutes, ou des interrogations sur les formules prescrites ou composées. Cela impose d’échanger avec eux, de les interpeller sur leur prescription, pour assurer une prise en charge optimale et sécurisée des patients », conclut notre confrère.
Article précédent
Une histoire de plantes et d'Hommes
Une histoire de plantes et d'Hommes
Médecines naturelles et perspectives : un potentiel pluriel
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques