« AVEC MA NOUVELLE AMIE ça ne marche pas », « je n’y arrive pas », « ça ne tient pas », « depuis 6 mois c’est Waterloo, morne plaine »… Il n’est pas toujours facile d’interpréter ce genre de plaintes, hautement sensibles, et de poser en retour les bonnes questions pour les expliciter… Pour être sûr de bien comprendre le problème et être à même d’orienter le patient, mieux vaut reformuler la plainte avec tact, en évitant les termes trop scientifiques sous peine d’incompréhension et de découragement. Parler d’ « incapacité à obtenir ou maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante » (définition des troubles érectiles) n’est pas conseillé. Mieux vaut parler de « difficultés » pour commencer et faire simple. Une oreille masculine n’est pas toujours nécessaire et il n’y a pas de recette mais il faut faire preuve de tact tout en dirigeant l’entretien.
Enquête discrète.
Si le patient s’estime impuissant, il faut d’emblée poser la bonne question, simple mais explicite : « la nuit et au réveil, est-ce que ça marche ? ». S’il répond par l’affirmative, il faut être clair et rassurant : ce n’est pas une véritable impuissance, d’ailleurs celle-ci est très rare. Une autre petite question, « à quel moment des rapports avez-vous des difficultés ? », permet ensuite de préciser les choses et de faire la différence entre des troubles érectiles, de loin les plus courants, et des troubles de l’éjaculation. Une fois que le patient a franchi ce cap un peu difficile, il reste à s’enquérir de la fréquence du problème, du contexte, des événements déclenchants ou des facteurs favorisants : célibat, vie de couple, changement de partenaire, longue abstinence après un divorce ou un deuil, chômage, soucis professionnels ou familiaux, retraite…, mais aussi des traitements en cours et de l’hygiène de vie, qui peuvent retentir sur la sexualité : alcoolisme, tabagisme, consommation de cannabis, etc.
L’accent sur les solutions.
La dysfonction érectile a plusieurs causes possibles, mais parfois si intriquées qu’il n’est pas facile de faire la part des choses. Des signes d’anxiété ou de dépression, une allusion à des problèmes de couple ou à une pression de la partenaire, par exemple, peut mettre sur la voie de troubles psychogènes, mais mieux vaut poursuivre - adroitement - l’enquête et penser aussi à des causes organiques liées à l’âge ou à une maladie, souvent associée mais pas toujours connue (diabète, adénome de la prostate…). Au-delà de 45 ans, une consultation médicale et un bilan en règle ne sont pas superflus. Les troubles érectiles constituent notamment un marqueur de risque cardiovasculaire.
Pour finir, mettre l’accent sur la facilité des traitements par voie orale et souligner le recul important qu’ils ont aujourd’hui permet de dédramatiser, de rassurer et en même temps incite à consulter. Les trois inhibiteurs des phosphodiestérases de type 5 (IPDE5), indiqués quand le trouble de l’érection est assez récent et qu’une certaine capacité érectile persiste, sans modification du désir ou de l’éjaculation, intéressent particulièrement, mais il est toujours bon de citer les autres moyens au cas où ceux-ci seraient contre-indiqués : auto-injections intracaverneuses de prostaglandine E1 principalement, vacuum ou même implant pénien. Au médecin traitant ensuite de décider d’adresser le patient à un spécialiste (psychiatre, urologue, cardiologue, endocrinologue…) ou de prendre en charge lui-même les troubles de l’érection.
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