SARS-CoV-2

Le Covid-19, nouvelle maladie chronique ?

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Publié le 24/11/2020
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Bientôt un an que nous avons commencé à entendre parler du SARS-Cov-2, un virus qui nous paraissait lointain. Mais en quelques mois, c’est le monde entier qui y a été confronté. Entre vagues épidémiques successives et séquelles à long terme, le coronavirus est-il en train de devenir une maladie chronique ?
Une nouvelle menace a surgi : celle de ce qu’on appelle aujourd’hui « les formes longues »

Une nouvelle menace a surgi : celle de ce qu’on appelle aujourd’hui « les formes longues »
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

 

 

SARS-Cov-2 : un virus saisonnier à l’avenir ?

Alors que nous sommes au cœur de la deuxième vague du virus, entre chiffres alarmants, reconfinement et lassitude, une question se pose… Combien de temps tout cela va-t-il durer ? Pour l’heure, les scientifiques ne peuvent qu’émettre des hypothèses. En faisant une analogie avec d’autres coronavirus, le Covid pourrait-il aussi devenir saisonnier. Mais avant cela, encore faut-il passer la phase épidémique. En effet, les épidémies devraient s’enchaîner jusqu’à atteindre un certain niveau d'immunisation dans la population. C'est l'hypothèse de l'immunité collective. Mais atteindre cette immunité collective est-il possible ? On sait déjà que grâce aux anticorps développés par les personnes ayant été en contact avec le Covid, sont protégées. Cependant on ignore pour l’instant combien de temps ces anticorps perdurent dans l’organisme. Des cas de ré-infection ont d’ailleurs été signalés. L’hypothèse de quelques mois a été émise par certains spécialistes. Mais la protection par le biais d’infections naturelles ne semble pas une solution à grande échelle comme l’explique l’OMS sur son site internet : « Essayer de parvenir à l’immunité collective en laissant se propager librement un virus dangereux serait problématique du point de vue scientifique et contraire à l’éthique. Laisser le virus circuler au sein de populations, quel que soit leur âge ou leur état de santé, revient à laisser libre champ à des infections, des ‎souffrances et des décès inutiles. » L’espoir réside donc plutôt dans une vaccination de masse, sur laquelle travaillent activement les scientifiques.

Le Covid, encore en phase émergente, se développe sur un terrain vierge de toute immunité. Son taux de transmission est donc très élevé. Mais une fois l’immunité collective atteinte, les facteurs de saisonnalité pourront arrêter sa propagation, par exemple pendant les mois d’été. Les comportements humains ont également une grande importance. Ainsi le fait, par exemple, de se regrouper à l’intérieur augmente, on le sait, la transmission des virus respiratoires, contrairement aux gestes barrière, maintenant bien connus du grand public qui la limitent.

L’enfer des formes longues

Si le coronavirus a d’abord bouleversé les urgences, les services de soins intensifs et de réanimation et l’activité de l’ensemble des professionnels de santé (et qu’il continue de le faire…), une nouvelle menace a surgi : celle de ce qu’on appelle aujourd’hui « les formes longues ». Elles correspondent à l’apparition de troubles plusieurs semaines après la guérison de l’infection par le Covid. Encore mal connues, elles sont cependant un réel enjeu de santé publique étant donné le caractère pandémique du virus. Cela peut se traduire par des symptômes peu spécifiques comme une fatigue au moindre effort physique ou intellectuel, des pertes de mémoire, des arthralgies… qui entraînent de nombreuses consultations médicales mais surtout une convalescence difficile des patients, profondément marqués aussi bien physiquement que psychologiquement.

Dans son avis du 15 juillet 2020, l’Académie nationale de médecine décrit également des atteintes organiques de phase aiguë pouvant perdurer dans le temps. Certains patients sont ainsi confrontés après leur infection à une fibrose pulmonaire (à l’origine notamment d’une sensibilité accrue aux infections respiratoires) ou à des atteintes cardiaques nécessitant un traitement après la phase aiguë. Le virus peut également provoquer au niveau rénal une nécrose des cellules épithéliales tubaires et donc une insuffisance rénale. D’autre part, si l’anosmie souvent décrite lors de la phase initiale est le plus souvent résolutive, elle peut parfois perdurer. Enfin, chez des patients restés immobilisés plusieurs semaines en soins intensifs, une rééducation prolongée est nécessaire pour qu’ils retrouvent leurs capacités musculaires.

La majorité des patients déclare heureusement une forme bénigne de la maladie mais la prise en charge au long cours de certains d'entre eux est impérative, y compris sur le plan psychologique. Les nombreuses études en cours sur le sujet permettront de l’améliorer mais aussi de trouver des solutions pérennes pour vivre avec ce virus qui impacte fortement nos habitudes de vie, encore pour quelque temps…

Anne-Sophie Leroy

Source : Le Quotidien du Pharmacien