Marika G., 32 ans
Optilova 1 comprimé tous les matins
Traitement pour un mois, renouvelable 2 fois.
Prochain rendez-vous à fixer dans un mois.
Le contexte :
Le gynécologue a confirmé le diagnostic d’endométriose suspecté au vu des douleurs abdomino-pelviennes cycliques dont se plaint Madame G. depuis quelques mois et qu’accompagnent des troubles digestifs et urinaires. Le traitement médicamenteux de cette affection, difficile mais envisageable lorsqu’elle est encore peu avancée, limite les douleurs et l’inconfort et met aussi au repos la fonction ovarienne, au minimum pour quelques mois, de façon qu’il n’y ait plus de sécrétion des estrogènes qui favorisent le développement du tissu endométrial.
C’est à cette fin qu’est prescrit Optilova, un contraceptif oral associant lévonorgestrel et éthinylestradiol, minidosé (< 0,04 mg d'estrogène), monophasique (tous les comprimés contiennent la même quantité d'hormones). Ces hormones bloquent l’ovulation et inhibent la libération d’hormones hypophysaires stimulant les ovaires. Son administration en continu (tous les jours, sans la semaine d’interruption habituelle) soulage la douleur, réduit les menstruations, prévient les carences en estrogènes (et… exerce une action contraceptive) tout en bénéficiant d’une bonne tolérance.
Ce traitement ou un traitement analogue est souvent proposé (hors AMM) en première ligne en raison d’un index thérapeutique plus favorable que celui des progestatifs indiqués dans l’endométriose (chlormadinone = Lutéran et génériques, médrogestone = Colprone, diénogest = Visanne), du danazol (Danatrol), également indiqué dans l’endométriose, ou des analogues de la GnRH.
Votre conseil :
Madame G., maman de deux petites filles et qui ne souhaite plus d’enfant, a compris que le traitement pharmacologique a une efficacité incertaine, qu’il n’est pas curatif et qu’une aggravation ultérieure des lésions pourra imposer un geste chirurgical. Ce traitement est bien toléré : si les douleurs restent insuffisamment calmées, Madame G. prendra, comme elle le faisait déjà, du paracétamol, voire un antalgique de palier II. Les AINS sont également souvent efficaces.
Madame Marie-Jo T., 37 ans
Monazol un ovule au coucher en une prise
Monazol crème une application/jour après la toilette pendant une semaine
Le contexte :
Le traitement de la candidose vaginale et vulvaire dont souffre Madame T. repose sur l’application d’un antifongique actif sur les Candida, traditionnellement impliqués dans ce genre d’infection, généralement un imidazole (ovule et crème).
Le sertaconazole, principe actif du Monazol et du Candazol, est actif sur les souches de Candida résistantes à d’autres imidazoles, y compris sur des Candida non albicans (glabrata, tropicalis). Le traitement se limite à une administration unique en principe, mais il est possible d’administrer un deuxième ovule une semaine plus tard si les signes cliniques persistent. Le sertaconazole est retrouvé dans les sécrétions vaginales une semaine après l’administration chez 75 % des patientes.
Votre conseil :
Cette prescription donne lieu à des conseils élémentaires mais importants :
Introduire l’ovule en profondeur dans le vagin avant le coucher, en position allongée ;
Appliquer la crème sur la vulve et sa périphérie après lavage puis séchage soigneux (serviette réservée à cet usage, changée tant que de besoin, ou séchage doux avec un sèche-cheveux) ;
Utiliser des savons neutres ou alcalins pour la toilette intime ;
Ne pas suspendre le traitement lors des règles ;
Rappeler (avec tact) que le traitement anticandidosique du (des) partenaire(s) sexuel(s) peut s’avérer nécessaire.
Karine T., 44 ans
Ibuprofène 1 comprimé dès le début de la crise
si échec, prendre 2 heures plus tard :
Frovatriptan 1 comprimé, une boîte de 12 comprimés
Qsp un mois
Le contexte :
Madame T. se plaint de migraines fréquentes dont la composante psychologique est évidente chez cette patiente hypocondriaque et déprimée.
Le frovatriptan (Isimig, Tigreat et génériques) est un antimigraineux agoniste sélectif des récepteurs 5-HT1. Si les différences entre les divers triptans sont minimes, une patiente peut répondre à une molécule sans être sensible aux autres. La posologie est d’un comprimé lors de la phase céphalalgique de la migraine, avec possibilité de reprendre un second comprimé au moins deux heures après le premier, si une amélioration a été constatée.
Toutefois, Madame T. tend à abuser de médicaments : elle utilise parfois plus de trois jours par semaine un triptan, toujours à posologie maximale (voire même supérieure), un usage susceptible d’induire par lui-même des céphalées, entretenant ainsi un cercle vicieux. C’est pourquoi le neurologue a préféré ne prescrire qu’une boîte de frovatriptan et lui proposer d’essayer durant un mois de traiter ses crises avec de l’ibuprofène.
Votre conseil :
Le pharmacien rappelle à Madame T. que la dose de frovatriptan ne doit pas excéder 2 comprimés par jour. Comme pour tout triptan - et votre cliente a bénéficié jusqu’alors d’un traitement par le naratriptan qui s’avérait insuffisamment efficace, à l’en croire du moins -, l’administration de ce médicament peut être à l’origine d’étourdissements, de nausées, d’une sécheresse buccale, d’asthénie et de somnolence, et, plus caractéristique, de sensation de chaleur dans le corps, notamment au niveau de la bouche et de la gorge (« syndrome des triptans »).
Le médecin a mentionné ibuprofène sans préciser le dosage. Le pharmacien propose un générique dosé à 400 mg, indiqué dans le traitement de la crise de migraine légère à modérée avec ou sans aura. La posologie est de 1 comprimé le plus tôt possible dès le début de la crise. Si la patiente n'est pas soulagée, une seconde dose ne doit pas être prise au cours de la même crise. Si elle a été soulagée mais que les symptômes réapparaissent, une deuxième dose peut être prise après un intervalle d'au moins 8 heures.
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