Alors que la peur du cancer du col de l’utérus envahit les patientes au moment de l’annonce d’un frottis anormal ou d’un test HPV positif, « les informations données peuvent être très discordantes », déplore le Pr Jean-Luc Mergui, ancien président de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) lors du 42e congrès national de la société savante.
L’enjeu est brûlant, alors que va être officiellement lancé d’ici quelques semaines le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. L’annonce est « le plus souvent très mal vécue par les patientes, explique Jean-Luc Mergui. Ces patientes, en général jeunes, craignent d’avoir un cancer et de perdre leur fécondité. Elles ont peur d’une chirurgie radicale. Elles peuvent avoir honte d’une contamination sexuelle ou au contraire s’inquiètent de la fidélité de leur compagnon ou du risque de contaminer un nouveau partenaire ».
Histoire naturelle du HPV
Une cytologie anormale n’est pas synonyme de cancer. Sur les 235 000 cytologies anormales par an en France, il y a 31 000 lésions précancéreuses ou cancéreuses, dont 3 000 nouveaux cancers par an. Le diagnostic de cancer concerne des femmes âgées en moyenne de 51 ans. « La mauvaise connaissance de la physiopathologie du papillomavirus (HPV) et de son histoire naturelle peut être responsable d’un surcroît d’inquiétude et de désarroi », rappelle le gynécologue.
L’infection HPV est extrêmement fréquente, banale, le plus souvent transitoire et sans conséquence clinique. Près de 80 % de la population a été contaminée par un HPV à haut risque. « L’infection est contractée entre 18 et 25 ans, précise-t-il. Quand la lésion précancéreuse apparaît, cela fait le plus souvent 10 ans que le virus est là. Le premier pic de lésion précancéreuse est observé à l’âge de 20 ans, celui de cancer à l’âge de 40 ans. Il y a en moyenne 20 ans entre la contamination et le cancer, c’est autant de temps pour dépister et éviter le cancer ».
Face à un ensemble d’inquiétudes, le praticien n’est pas toujours capable de répondre, souvent par méconnaissance, mais pas toujours. Les autres cibles de l’HPV - vagin, vulve, anus, oropharynx, verge, pénis - posent problème à la communauté médicale. « Des questions fréquentes et légitimes reviennent souvent chez les femmes ayant eu une lésion de haut grade, développe le Pr Xavier Carcopino, gynécologue obstétricien à Marseille et secrétaire général de la SFCPCV. Sont-elles à risque plus élevé d’avoir d’autres localisations de cancer lié à l’HPV ? La réponse est oui, même si le risque est faible ».
Si pour la vulve et le vagin, il est possible de mettre en place une surveillance post-thérapeutique, « il n’y a pas de dépistage pour l’oropharynx et l’anus, admet le spécialiste marseillais. Quant au partenaire, c’est le flou le plus complet, l’intérêt n’est pas démontré ».
Site de référence
Face à ces incertitudes médicales, il est nécessaire de tenir un discours homogène, ce d’autant que « l’annonce du frottis anormal et celle de la stratégie diagnostique et thérapeutique sont faites par deux acteurs de santé souvent différents », indique Jean-Luc Mergui. Afin d’uniformiser le discours, le gynécologue recommande « des formations continues auprès des acteurs de santé en charge du dépistage organisé du cancer du col (DOCCU) ».
Pour le grand public, alors que les femmes inquiètes ont parfois recours à internet de manière compulsive, « une seule source de référence est fiable, le site de la SFCPCV,
www.societe-colposcopie.com », indique-t-il. Ce dernier propose des réponses claires à beaucoup d’inquiétudes fréquentes dans une foire aux
questions.
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