« J’ai 60 ans et il y a des diabétiques dans ma famille. Quand je mange du pain, je me sens gonflée. J’ai décidé de me mettre au régime sans gluten pour perdre du poids. »
L’exclusion du gluten de l’alimentation n’est justifiée qu’en cas de maladie cœliaque ou d’hypersensibilité au gluten, pouvant être à l’origine de désagréments digestifs tels que des ballonnements.
Le gluten étant retrouvé dans tous les produits céréaliers issus du blé, d’orge, de seigle et d’avoine, la restriction de la ration journalière peut éventuellement améliorer le confort digestif et la sensation de pesanteur. En outre, le gluten est également présent dans bon nombre de produits et préparations industriels, souvent riches en graisses, sucre et sel. La suppression de ce type de produits caloriques favorise donc plus une perte de poids que l’éviction du gluten en lui-même. Sans compter une alimentation plus diversifiée, faisant la part belle aux légumes, fruits et autres céréales comme le quinoa, le millet, le riz…
Enfin, il n’est pas recommandé d’interdire le pain en cas de régime ou d’antécédents de diabète. Le pain blanc et le pain de mie sont à éviter en raison de leur index glycémique élevé. Le pain complet, riche en fibres facilitant le transit et l’élimination du cholestérol, est ainsi à favoriser. Le pain au levain peut aussi être proposé en cas d’intolérance au gluten car mieux toléré.
Attention au pain et aux produits commercialisés « sans gluten » ! Ils peuvent aussi contenir beaucoup d’additifs, pouvant provoquer les mêmes troubles digestifs qu’une alimentation avec gluten…
« Je ne digère pas le lait et j’ai peur que mon bébé ne devienne allergique, quand je vais arrêter de l’allaiter. Avez-vous des laits végétaux ? »
Il est fréquent d’observer une moins bonne digestion du lait à l’âge adulte, en raison de la diminution de l’activité enzymatique de la lactase. Il ne s’agit pas d’une intolérance génétique, ni d’une allergie. L’alimentation des nourrissons privilégie la place du lait pour assurer leur bonne croissance. Les formules des préparations infantiles de lait 1er et 2e âge et les laits croissance assurent des apports justes et équilibrés en protéines, lipides, glucides, minéraux, vitamines… ce qui n’est pas le cas des « laits » de soja, de riz, d’amande ou d’avoine. Ne renfermant pas de lactose, ces produits sont plutôt des jus végétaux qui ne doivent pas être substitués au lait chez les nourrissons. En cas d’intolérance au lactose ou d’allergie aux protéines de lait de vache, diagnostiquées par un médecin, des préparations à bas de protéines de riz, correctement enrichies, peuvent être proposées.
« Ma copine m’a convaincu de passer au régime vegan depuis 6 mois. Je suis un peu fatigué ces derniers temps, surtout que je suis assez sportif et que je dois passer des examens bientôt… »
Si le régime ovo-lacto-végétarien est équilibré grâce aux œufs et produits laitiers, le régime végétalien présente des déficits en raison de la suppression de ce type d’aliments. Il est insuffisant en apports de protéines, calcium, fer, iode, acide gras poly-insaturé oméga 3 et vitamines. En tête, la vitamine B12, exclusivement présente dans les poissons, viandes, œufs et lait et qui joue un rôle essentiel dans la formation des globules rouges, la réplication cellulaire et l’intégrité des neurones. Il est ainsi préconisé de réaliser un dosage sanguin annuel de la vitamine B12 et de prescrire une complémentation régulière, par exemple une ampoule de vitamine B12 1 000 tous les 10 jours. Autre carence à craindre : la vitamine D, synthétisée par l’exposition solaire, mais aussi contenue dans les poissons gras, le jaune d’œuf et les produits laitiers.
Le régime vegan est également déficitaire dans l’apport de protéines, dont les besoins sont augmentés chez les sportifs (entre 1,2 et 2 g par jour et par kilo de poids corporel).
Si le régime vegan est poursuivi, rappelez que les sources de protéines végétales doivent être variées afin d’assurer un apport optimal de tous les acides aminés. Ainsi, les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges, soja…), céréales (blé, riz, seigle…) et oléagineux (amandes, noisettes, noix…) doivent être associées quotidiennement. L’intérêt de ces sources de protéines végétales se trouve dans leur caractère « basifiant » diminuant le risque d’inflammation des tissus.
Rappeler que le régime végétalien reste contre-indiqué chez les enfants, adolescents et femmes enceintes. Il est aussi fortement déconseillé chez les personnes âgées, en raison du risque de fractures et d’ostéoporose par manque de protéines et de calcium.
« J’ai lu que le jeûne était intéressant pour éviter d’avoir le cancer. »
Le jeûne thérapeutique consiste en la restriction en calories quotidiennes (250 à 500 kcal), apportées seulement par des bouillons de légumes, des jus de fruits ou de légumes, du miel et des liquides (2 litres à 2,5 litres d’eau ou de tisane par jour).
Quelques travaux ont mis en évidence l’intérêt du jeûne intermittent pour certaines maladies métaboliques liées à des troubles de l’insuline (diabète, surpoids, obésité…). Physiologiquement, des niveaux constamment élevés d'insuline provoquent une résistance à l'insuline, à l’origine de taux d'insuline plus élevés, conduisant à l'obésité. En cas d’arrêt de l’alimentation pendant quelques heures, le taux d’insuline est bas, diminuant ainsi la résistance à l’insuline et favorisant la perte de poids. Plusieurs protocoles de jeûne sont d’actualité : jeûne de 24 heures, régime 16:8 (jeûne de 16 heures), régime 5:2 (jeûne pendant 2 jours)… Il peut être essayé, sous surveillance médicale, pour certaines maladies ou pour perdre du poids, sachant que les résultats restent contestés quant à un amaigrissement durable. En revanche, aucune étude n’a encore prouvé son efficacité dans la prévention et le traitement du cancer. Le jeûne intermittent est bien sûr contre-indiqué chez les enfants et adolescents en pleine croissance, ainsi que chez les femmes enceintes et allaitantes et les patients atteints de pathologies cardiaques. Le jeûne prolongé de plus de 24 heures est également proscrit chez les sujets âgés, en raison du risque de sarcopénie et de dénutrition. À noter que le jeûne peut provoquer des effets indésirables tels que fatigue, constipation, maux de tête et qu’il peut entraîner un déséquilibre dans les traitements médicamenteux (bêtabloquants, diurétiques, antiépileptiques, anticoagulants…).
« Pour maigrir, il faut supprimer le gras ou le sucre ? »
Longtemps, le gras exclu de l’alimentation était l’apanage des régimes minceur. Or, les lipides sont indispensables pour fournir l’énergie au cerveau, aux muscles. Ils participent également à la composition des membranes cellulaires et au maintien du métabolisme normal. Si l’excès d’acides gras saturé et d’acides gras trans est délétère, la consommation d’acides gras polyinsaturés oméga 3 et 6 par les huiles (colza, soja, noix, lin, pépins de raisin), les poissons gras et l’huile d’olive riche en acide oléique est à privilégier.
À la mode ces derniers temps : le régime cétogène, très riche en lipides, (jusqu’à 70 à 90 %), mais pauvre en protéines et glucides. Indiqué à l’origine en cas d’épilepsie rebelle ou de syndromes métaboliques à retentissement neurologique, il est aujourd’hui étudié dans le cadre de cancers mais aussi détourné dans un but minceur. Sans suivi rigoureux, les conséquences sont pourtant délétères pour l’organisme.
En effet, le manque en fruits et légumes entraîne un déficit en vitamines, minéraux et fibres à l’origine d’effets indésirables, sans oublier un risque de dénutrition, la sensation de faim étant diminuée lors de la mise en place de la cétose.
Pour maigrir, le gras n’est donc pas à interdire mais le sucre est à réduire ! Viennoiseries, pâtisseries, glaces, gâteaux industriels, bonbons, sodas… On y retrouve du sucre blanc, à fort index glycémique, et du sirop de glucose-fructose, dont le fructose, apporté en excès favorise l’obésité. Mieux vaut ainsi privilégier les glucides simples des fruits, apportant également des vitamines, minéraux, fibres et autres anti-oxydants.
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Françoise Amouroux
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