La vigilance est de mise devant toute gêne respiratoire, mais plus encore chez le jeune enfant et le nourrisson en raison de particularités anatomiques et physiologiques qui aggravent le risque. Notamment un diamètre bronchique de petite taille et une réserve en oxygène plus faible.
Quand appeler le SAMU
La vraie détresse respiratoire se manifeste au début par une augmentation de la fréquence ventilatoire, laquelle varie avec l’âge : 50 mouvements ventilatoires par minute en moyenne chez le nouveau-né, 20 à 30 à 5 ans, 14 à l’adolescence et entre 12 et 20 chez l’adulte. Ensuite, l’organisme s’épuise et la fréquence ralentit de plus en plus.
En cas de fréquence ventilatoire irrégulière et, bien sûr, de cyanose, de sueurs, de battements des ailes du nez ou de « grunting » (geignement expiratoire), n’attendez pas : appelez les urgences. En attendant leur arrivée, conduisez le patient si possible dans le local d’orthopédie de façon à pouvoir régler le lit d’examen. La position assise facilite la ventilation. Si c’est un enfant, les bras d’un parent ou d’un accompagnant assis sont le meilleur refuge.
Toute crise d’asthme - qu’elle soit déclenchée par une allergie, une infection, un effort physique ou n’ait pas de cause apparente - doit également être considérée comme une urgence. Gare aux ados qui minimisent souvent les signes et prétendent que ça va passer… Quand le patient se présente à l’officine, il s’agit rarement d’une première crise et en général un traitement lui a déjà été prescrit.
Mais soit il n’a pas son bronchodilatateur sur lui, soit la gêne respiratoire persiste et la respiration devient plus difficile en dépit du traitement de crise. Un questionnaire rapide permet d’évaluer la gravité de la crise : quel traitement prend-il habituellement ? L’a-t-il bien pris pour cette crise ? la crise est-elle plus intense que d’habitude ? A-t-il déjà été hospitalisé pour de l’asthme ?
Une précédente hospitalisation dans un service de réanimation pour le même motif ou l’existence de signes de gravité (cyanose, incapacité de parler par épuisement, angoisse, fréquence ventilatoire accélérée) doit vous inciter à joindre immédiatement le centre 15 pour transmettre ces informations. Placez la personne dans une position assise ou semi-assise pour réduire le travail respiratoire du diaphragme et, en cas de nécessité, en attendant les secours, délivrez de l’oxygène à haut débit (sur prescription téléphonique par le médecin du SAMU). Sinon, utilisez une chambre d’inhalation, rassurez la personne, demandez-lui de respirer calmement et couvrez-la. Mais si la crise d’asthme ne cesse pas complètement avec le traitement habituel, la venue d’un médecin s’impose.
Un corps étranger
Une toux persistante et des quintes 24 heures sur 24, parfois violentes, sont rarement de véritables urgences mais le patient et son entourage, à la fois épuisés et inquiets, demandent de l’aide. Le plus souvent, il s’agit d’une toux sèche signant une infection ORL. Dans ce cas, des antitussifs pris pendant quelques jours permettent de bloquer la toux et de récupérer. Mais prudence.
Un petit interrogatoire peut aider à repérer une toux persistante évocatrice d’une pathologie ou d’un trouble nécessitant de consulter sans attendre : insuffisance cardiaque, effet iatrogène ou, chez un fumeur, cancer du poumon. Chez l’enfant, une toux quinteuse tenace avec des vomissements peut être le signe d’une coqueluche et vous amener aussi à conseiller une consultation rapide. Mais la grande urgence est l’obstruction des voies respiratoires par un corps étranger. Le plus souvent chez un enfant ou un nourrisson et causée par un aliment de petite taille (cacahuète dans la moitié des cas) ou une pièce détachée de jouet.
Que faire à l’officine ? Si l’enfant ne tousse pas, ne pleure pas, n’émet aucun son et si les lèvres prennent une coloration bleutée, l’obstruction est complète. Attention, à la différence du grand enfant qui porte ses mains à sa gorge, le nourrisson qui s’étouffe s’agite en faisant des efforts pour respirer, ce qui peut tromper ou ne pas retenir l’attention.
Faites appeler le SAMU mais ne perdez pas de temps pour agir. Essayez de déclencher un réflexe de toux pour permettre l’expulsion en appliquant 5 claques vigoureuses dans le haut du dos entre les omoplates, main à plat. En position debout chez le grand enfant mais le nourrisson placé sur le ventre à cheval sur un avant-bras, la tête plus basse que le thorax. Puis, pratiquez des compressions abdominales chez l’enfant ou thoraciques chez le nourrisson retourné sur le dos. Et recommencez en vérifiant à chaque appui si le corps étranger apparaît dans la bouche. Devant une toux persistante avec cris, pleurs, respiration sifflante souvent rapide, signes d’une obstruction partielle, mieux vaut procéder de la même manière.
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