Les anticoagulants oraux directs (AOD) représentent une avancée médicale incontestable. Ils sont actuellement trois disponibles sur le marché européen (et donc français). Il s’agit de Pradaxa (dabigatran) de Boehringer Ingelheim, Xarelto (rivaroxaban) de Bayer - tous deux approuvés en 2008 - et Eliquis (apixaban) de Bristol-Myers Squibb, dont l’AMM date de 2011. Mais l’absence d’antidote aux AOD a longtemps constitué un frein à leur utilisation. Jusqu’à l’arrivée de Praxbind (idarucizumab), l’antidote de Pradaxa développé par son fabricant et commercialisé fin 2015. Mais il aura fallu patienter jusqu’au 28 février 2019 pour que l’antidote aux inhibiteurs du facteur Xa obtienne l’aval du comité d’évaluation des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA.
Besoin médical non couvert
Très attendu, Ondexxya (andexanet alfa) devrait bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle, comme recommandée par le CHMP. Les experts soulignent en effet que cet antidote n’apporte pas encore toutes les données cliniques voulues mais qu’il répond à un besoin médical non couvert et pourrait, à ce titre, obtenir le feu vert de la Commission européenne sous la condition de poursuivre les études cliniques et de répondre aux questions en suspens après commercialisation. L’AMM conditionnelle est en effet un mécanisme permettant un accès précoce au marché malgré des données manquantes, dans un intérêt de santé publique. Le CHMP regrette ainsi l’absence de données concernant l’administration d’Ondexxya chez des patients ayant reçu un inhibiteur du facteur Xa avant une chirurgie ou toute autre procédure invasive, ainsi que le manque d’éléments cliniques dans son utilisation chez des patients présentant de sévères hémorragies en lien avec la prise d’un AOD autre que Xarelto ou Eliquis. L’EMA note aussi que la formation de caillots a été repérée sous Ondexxya (tout comme sous Praxbind) et qu’elle attend la confirmation du dosage recommandée. Le Laboratoire Portola devra donc fournir un certain nombre d'études post-AMM concernant l'efficacité et la sécurité de ce médicament.
Action rapide
Ondexxya est une forme recombinante du facteur humain Xa, qui se lie au rivaroxaban ou à l’apixaban et neutralise leurs effets anticoagulants. Menés à la fois sur des volontaires sains et des malades en situation d'urgence hémorragique, les essais cliniques ont montré que cet antidote agit en moins de 2 minutes après administration. Ondexxya sera disponible sous la forme d’une poudre dosée à 200 mg pour solution à perfuser. Il est indiqué chez les patients adultes traités par un inhibiteur du facteur Xa quand la réversion de la coagulation est nécessaire lorsque le pronostic vital est engagé ou lors de saignements incontrôlés.
Après l’obtention de son AMM européenne, Ondexxya passera sous la loupe de la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) qui jugera de l’utilité de sa prise en charge par la collectivité, puis son prix sera négocié entre le Laboratoire Portola et le Comité économique des produits de santé (CEPS). Il pourrait être disponible en France avant la fin de l’année.
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