Il y a dans la douleur une dimension mystique qu’on ne peut ignorer.
Pour les croyants, elle peut être tour à tour, l’effet subi d’un jugement divin ou au contraire, sacrificielle et mortificatoire, une voie vers la rédemption. Pour les autres, point de salut spirituel… La souffrance est seulement l’expression de mécanismes neurophysiologiques complexes qui visent à alerter l’organisme d’une dysfonction, voire d’un danger… et à déclencher la mise en place de mesures adaptatives. C’est dans cette démarche que les patients se présentent bien souvent au comptoir des officines. Qui pour un mal de dents, qui pour une douleur articulaire ou une céphalée. Le conseil officinal met alors en scène les stars de l’antalgie, souvent avec succès, ou oriente vers le médecin. Les voies du soulagement sont nombreuses, mais pas impénétrables. Parmi les multiples sources du mal, la pandémie elle-même peut être cause de douleurs. C’est ce que souhaite objectiver le Dr Isabelle Rouch, coordinatrice du projet STERACOVID. Interrogée par le « Quotidien » la neuro-épidémiologiste explique les objectifs de cette recherche d’actualité. S’adressant à des personnes âgées à terrain dépressif, cet essai vise à évaluer chez elles l’impact du confinement en termes de stress post-traumatique et les douleurs morales ressenties. Qu’une simple situation puisse provoquer une souffrance morale, voire physique, n’a rien d’étonnant, assure la chercheuse qui rappelle : « Certaines publications ont déjà montré que chez les malades chroniques, les douleurs physiques sont augmentées par le confinement. » Identifier la cause pour mieux en soigner l’effet, tel est le premier pas de la démarche thérapeutique. Quel qu’en soit le succès, par la foi ou la science, tous les moyens sont bons pour nous délivrer du mal.