En hiver, la toux est un des symptômes pour lequel le pharmacien est régulièrement sollicité. C'est aussi celui dont la prise en charge est la plus ambiguë. Réflexe de défense, il faut respecter la toux autant que possible. Mais dans certains cas, elle devient épuisante et peut entraîner des complications. En allopathie, les médicaments utilisés sont principalement des antitussifs d'action centrale, des antihistaminiques, et des fluidifiants. La phytoaromathérapie offre un panel bien plus large en termes d'intervention et d'utilisation, et c'est là un de ses grands atouts. « En phytothérapie, on s'appuie largement sur la physiopathologie. La première démarche consiste toujours à identifier les causes de la toux. Ensuite, la description précise du symptôme nous permet d'orienter le traitement de manière ciblée », explique le docteur Jean-Michel Morel, médecin phytoaromathérapeuthe et auteur du traité pratique de phytothérapie (éditions Grancher).
Caractériser la toux pour mieux la prendre en charge
L'action antitussive des plantes repose sur une action périphérique, au niveau des bronches, à la différence des principes actifs dérivés morphiniques qui exercent une action centrale. En aromathérapie, une toux sèche peut être calmée par l'huile essentielle (HE) de cyprès, et plus généralement par les HE de conifères en raison de la composition en monoterpènes (pinène). En cas de sécrétions épaisses, dures et adhérentes, le recours aux plantes à propriété émolliente peut être bénéfique. « Il s'agit principalement des mucilages, caractérisés par leur composition riche en polysaccharides. Ils ont un effet anti-inflammatoire et permettent de réhydrater un milieu sec », commente Jean-Michel Morel. Proches des émollients, les fluidifiants s'en distinguent par une action mucolytique. Parmi eux, on peut citer l'érysimum, utilisée pour les affections des cordes vocales. Les plantes antispasmodiques sont préconisées en cas de toux quinteuse. Il s'agit des plantes à diterpènes comme le grindelia. Autre mode d'action, les expectorants sont utilisés pour faciliter l'évacuation des sécrétions. « En quelque sorte, les expectorants accentuent la toux pour la rendre plus efficace. On retrouve le lierre et les plantes à eucalyptol ». Enfin, certaines plantes sont utilisées pour leur action bronchodilatatrice, dans les pathologies chroniques de l'appareil respiratoire.
Des actions complémentaires bienvenues
Dans la plupart des cas, et c'est un atout supplémentaire, les plantes associent plusieurs propriétés, qui peuvent d'ailleurs paraître antinomiques. C'est le cas du grindélia, à la fois antitussif et expectorant. « Cette double fonction a priori incompatible n'est pas gênante parce qu'en phytothérapie, l'action est douce et progressive. On ne risque donc pas, en cas de toux grasse, de provoquer une complication de type inondation bronchique en combinant un effet antitussif et fluidifiant, contrairement à un antitussif classique », observe le Docteur Morel.
Prévenir, c'est encore mieux que guérir
Les plantes et les HE ont un autre atout de taille par rapport à l'allopathie. Leur composition combinant de nombreux actifs (le totum) leur confère des propriétés préventives et curatives. « La phyto-aromathérapie donne des résultats remarquables en prévention des affections hivernales. En aromathérapie, on préconise l'arbre à thé, le citron ou la ravintsara, pour leurs propriétés anti-infectieuses, en association avec des produits immunostimulants comme la propolis. En phytothérapie, le chef de file pour la prévention des maux de l'hiver est l'échinacée ». Pour les sujets souffrant de maladie pulmonaire chronique de type asthme, la phyto-aromathérapie est très intéressante en prévention des surinfections. « La vaccination antigrippale est toujours la première recommandation chez les personnes à risque, mais elle ne protège que contre la grippe. Les plantes et les HE sont donc très complémentaires », souligne Jean-Michel Morel.
Des précautions chez les enfants et les femmes enceintes
Le mode d'utilisation des HE est varié, qu'il s'agisse d'une application locale en crème à masser pour une pénétration au niveau des bronches, ou d'une prise orale. « En cas de formulation pour un usage topique, il faut toujours prendre en compte le risque d'allergie de contact », prévient le docteur Morel. L'inhalation est également une voie intéressante pour le traitement de la toux : « on peut prescrire des aérosols, composés d'HE de térébenthine à faible dosage ». Les plantes peuvent être utilisées par voie orale, ou de façon plus traditionnelle en tisane ou en fumigation. Mais la phyto-aromathérapie a ses limites, notamment chez les enfants et les femmes enceintes. Selon les recommandations en vigueur, l'usage de terpènes est interdit chez les enfants de moins de 30 mois. Seuls quelques médicaments sont encore disponibles pour les affections bronchiques, avec des formulations allégées (Coquelusédal nourrisson). « Chez les enfants en bas âge, de moins de 2 ans, je privilégie l'homéopathie. Cette alternative permet de valoriser les plantes toxiques en dilution telle que la belladone ou l'aconit qu'on ne peut pas employer directement en phytothérapie ». Enfin, quel que soit le traitement adopté, les gestes complémentaires pour agir sur la toux restent les mêmes, en particulier le lavage du nez avec du sérum physiologique.
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