LES ENJEUX et conséquences d’une LFSS 2014, nous les connaissons, mais ils méritent d’être rappelés : menaces sur les contrats de coopération, taxation du direct, dispensation à l’unité, substitution élargie aux bio similaires, baisses des prix, donc répercussions sur les remises et les marges.
Les préconisations de la Stratégie nationale de santé sont encore plus inquiétantes pour la pharmacie d’officine : pas une fois Mme Touraine ne parle du pharmacien, sauf en page 27 pour évoquer le tiers payant ! Par contre, organisation du parcours de soins via le MG, prévention, c’est le MG le pivot, création de métier intermédiaire, bref encore une fois le pharmacien est absent de l’évolution de notre système de santé. Et pendant ce temps, un monopole qui s’étiole, un monopole que l’on nous fait payer chèrement (contrepartie de services publics gratuits, interdiction de communiquer, limitations des activités). Enfin, des négociations sur le nouveau mode de rémunération très retardées, à enveloppe constante, et des menaces sur le direct… Pour clore le chapitre des évolutions, inquiétantes ou pas, le client, le patient, l’usager est un « je sais tout » de plus en plus équipé de smartphone, informé, cherchant des prix, modifiant son parcours d’achat et cible de nouvelles technologies marketing.
Bref, des changements s’imposent : adaptation des officines, du point de vente, et du métier. L’État providence ne peut plus pourvoir à la croissance de l’entreprise officinale, le pharmacien ne peut pas être prisonnier du modèle conventionnel, il ne peut bâtir son business model uniquement sur le réglementé et sur le garanti par l’État.
C’est pourquoi il faut très vite aboutir à la mise en place d’une nouvelle rémunération : les pharmacies étouffent, crèvent de ce retard. Il faut stopper cette lutte syndicale fratricide. Nous avons les syndicats que nous méritons, mais il faut aussi réformer le style, le fond et la forme de cette action syndicale. Nous sommes pharmaciens, mais, au-delà, nous sommes des entrepreneurs : notre syndicalisme ne doit plus se contenter d’axer son action sur l’évolution du métier et/ou de la rémunération. Portons aussi nos revendications sur les indicateurs et les facteurs de gestion d’une PME (charges, impôts, banques, soutien d’activité…). Les pharmaciens comme beaucoup de Français sont à cran, il n’en faudrait pas beaucoup pour que la situation explose et échappe aux syndicats.
Les solutions existent, le chemin menant à la sortie de crise nécessite un nouvel élan, une volonté de s’inscrire dans le changement, avec une offre adaptée aux mutations du marché et des contraintes économiques, aux exigences des usagers, aux nouveaux codes de consommation, à l’omniprésence des technologies, et ce n’est pas en réinventant les pharmaciens de première classe (succursales) ou en appliquant des pansements sur une jambe de bois que nous nous en sortirons.
Il faut, par exemple, très vite faire évoluer nos entreprises, conclure pour que le mode de rémunération soit majoritairement lié à des honoraires, lutter pour que l’enveloppe globale destinée à l’officine soit en progression, imposer notre point de vue sur le parcours de soins et le parcours de santé, s’imposer ou imposer ses points de vue (aucun acteur de santé n’est prêt à s’investir, prenons la place) et passons trois contrats avec les usagers, nos meilleurs alliés : contrat sécurité et homogénéité, contrat métier, contrat social, sans oublier l’aspect digital et le capital client. Au-delà de l’amélioration du présent nous devons organiser « une pratique nouvelle ».
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