L’INSERM* devrait revoir sa copie. C’est en tout cas l’avis des syndicats de pharmaciens peu convaincus, à quelques nuances près, par le premier bilan de la dispensation à l’unité dont l’organisme a la charge. Davantage encore que cette expérimentation menée depuis le 1er décembre 2014 par 100 pharmaciens expérimentateurs dans quatre régions*, ce sont les conditions dans lesquelles est menée l’évaluation qui soulèvent de nombreuses interrogations parmi la profession. Au travers de trois enquêtes (Pharmacie, Personnel de pharmacie, Patients), l’INSERM doit analyser tant l’acceptabilité de la dispensation à l’unité par le pharmacien et par les patients que ses effets économiques sur l’officine. Mais l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) rejette en bloc la méthodologie de l’évaluation. Elle dénonce ainsi les questionnaires invitant les collaborateurs à livrer des données sur leur vie privée dans le but d’étudier les effets de la dispensation sur l’activité du personnel. Autre sujet de controverse, l’enquête « Patients », dissuasive aux yeux de l’UNPF, alors même qu’il est long et fastidieux pour les pharmaciens d’expliquer aux patients qu’ils ne sont pas obligés d’y répondre. Enfin, l’INSERM est accusée de faire l’impasse sur certains points organisationnels, comme la déstabilisation des stocks ou encore la charge de travail induite par la dispensation à l’unité.
Gaspillage.
Les résultats de cette première évaluation ne sont pas pour faire changer d’avis l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Son président, Gilles Bonnefond, y voit la preuve que l’expérimentation était dès le départ « mal engagée ». « Les patients n’y adhèrent pas et par conséquent nous assistons à une distorsion de la qualité des résultats », affirme-t-il. Ce qui ne semble toutefois pas toujours le cas (voir notre enquête ci-dessous dans le Limousin). Mais, Gilles Bonnefond en reste persuadé, cette dispensation au comprimé près est source de « gaspillage de temps et d’énergie ». Pour lui, lutter contre la surconsommation de médicaments et améliorer le bon usage des antibiotiques ne tient pas à une question de conditionnement. « Soit il y a un problème de prescription, soit il y a un problème d’observance, mais en aucun cas le déconditionnement ne les réglera. Et la solution n’est certainement pas de demander au pharmacien de déroger à l’AMM », expose Gille Bonnefond.
Sur l’expérimentation et son évaluation, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est plus nuancée. Christophe Koperski, président de la commission Exercice professionnel, rappelle que l’INSERM donne le moins d’indications possibles dans le souci de ne pas biaiser les résultats des questionnaires. Il précise par ailleurs que le volet économique fera l’objet de la deuxième phase d’évaluation en octobre 2015. La FSPF souhaite attendre les résultats de l’évaluation finale en fin d’année avant de prendre une position définitive.
** Ile-de-France, Limousin, Lorraine et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
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