LES IIM sont particulièrement graves avec un risque de décès de l’ordre de 10 %, des séquelles cérébrales et/ou auditives ou des amputations chez près d’un survivant sur cinq. Elles sont sous surveillance et doivent être déclarées à l’agence régionale de santé. On peut donc suivre de façon précise leur nombre, l’âge des patients concernés, leur lieu de résidence et l’évolution de leur infection. « Les sérogroupes A, B, C, W et Y sont responsables de l’essentiel des IIM, rappelle le Dr Marie-Aliette Dommergues (CH de Versailles, Le Chesnay). Depuis 15 ans, le sérogroupe B est prépondérant en France mais l’incidence des IMM C et Y est en hausse. En 2013 le sérogroupe B concernait 58 % des cas, suivi par le C (26 %), le Y (10 %) et le W (5 %). » Les données 2013 confirment la différence de l’incidence des IMM en fonction de l’âge, les jeunes enfants étant les plus touchés, le sérogroupe B (75 % des IMM chez les moins de cinq ans) reste plus souvent impliqué que le C dans les décès de jeunes enfants.
Des vaccins contre les sérogroupes A, B, C, W, Y sont disponibles en France et des recommandations vaccinales sont en place depuis 2009. Elles visent une protection collective pour la méningite C (individus de 12 mois à 24 ans) ou individuelle pour les méningites ACWY (cas contacts, voyageurs, pèlerins, patients à risque) et pour la méningite B (patients à risque, populations ciblées en situation de risque). « Plusieurs années plus tard, on constate que ces mesures n’ont pas porté les fruits escomptés, en particulier pour la vaccination contre la méningite C, déplore le Pr Jean-Paul Stahl, du CHU de Grenoble. Les objectifs du Haut Conseil de la santé publique étaient d’atteindre 80 % de la couverture vaccinale à 24 mois et 50 % dans la population de rattrapage, alors qu’elle est seulement de 54 % environ à 24 mois et de 20 % chez les 3-24 ans à fin 2013. Ces taux n’ont pas permis d’obtenir une immunité de groupe comme au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou en Espagne, pays dans lesquels les taux de couverture sont supérieurs à 80 %. » La couverture de vaccination individuelle des patients à risque contre les autres sérogroupes est également trop faible dans la population générale.
Les études coût-efficacité.
Les freins à la vaccination dans l’hexagone peuvent s’expliquer en partie par un système d’évaluation et d’accès au marché des vaccins très exigeant pour garantir leur sécurité d’utilisation. Ce système peut conduire à des recommandations restreintes dans un premier temps, elles peuvent évoluer par la suite.
Le Pr Gérard de Pouvourville, professeur à l’ESSEC Business Scholl livre son analyse d’économiste. « Une décision de politique vaccinale est un investissement destiné à améliorer la santé, elle a un coût et ne se conçoit pas nécessairement comme une opération neutre ou immédiatement rentable financièrement. Dans le cas des IIM, le poids économique est sur le long terme, dans la prise en charge des séquelles et des conséquences du handicap. L’estimation du coût de vaccination comparé aux coûts de la maladie évités est complexe en nécessite des données souvent non disponibles. Il n’existe pas d’étude française comptabilisant tous ces coûts. Cela peut contribuer à reporter la décision de recommander une vaccination généralisée. » Paradoxalement, dans d’autres pays, avec une épidémiologie différente et des analyses médico-économiques aussi partielles, les décisions de politiques vaccinales prises sont plus larges et visent un accroissement quasi-immédiat de la couverture vaccinale et un impact de santé publique important. C’est le cas du Royaume Uni (décision d’une campagne de vaccination ACWY des adolescents et d’une vaccination B de routine des nourrissons) ou de l’Italie (prise en charge du vaccin ACWY de l’adolescent dans dix régions, vaccination de routine des nourrissons dans huit régions).
« Le succès d’une stratégie vaccinale dépend de l’adhésion du public et plus encore de la conviction des professionnels de santé et in fine du décideur politique, reconnaît le Pr Jean-Paul Stahl. Pour un certain nombre de personnes, la peur de la maladie, fut-elle aussi grave que la méningite, ne suffit pas à se faire vacciner ou à convaincre les parents de faire vacciner leurs enfants, même dans les zones d’hyperendémie où des décès sont survenus. » À l’approche de la semaine de la vaccination, du 24 au 30 avril 2015, qui intègre la Journée mondiale contre la méningite, le 24 avril, il est opportun de rappeler l’importance d’appliquer les recommandations et de réfléchir aux stratégies vaccinales de lutte contre les IIM dans notre pays.
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