Conséquence du confinement, la baisse de la fréquentation est palpable dans la plupart des officines depuis que les Français sont priés de rester chez eux. « De 15 % sur l’ensemble du territoire, voire de 35 % en Ile-de-France, par rapport à la même époque de 2019 », précise Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). De fait, selon l’opérateur Orange, 1 million d’habitants ont déserté la région parisienne à l’annonce du confinement national. L'USPO a lancé un sondage auprès des pharmaciens leur demandant d'évaluer l'évolution de leur activité depuis le 18 mars, au lendemain du début du confinement. « Ces résultats livreront des éléments concrets sur les conséquences de l'épidémie qui permettront d'alerter les pouvoirs publics et d'obtenir une adaptation des dispositifs », expose Gilles Bonnefond.
Avril risque d'être problématique
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a elle aussi dressé un tableau précis de cette inflexion de l’activité officinale. Si ses chiffres diffèrent légèrement de ceux de l'USPO, ils confirment une baisse brutale au cours des derniers jours qui ne laisse rien présager de bon pour le mois d'avril. « Lors de la quatrième semaine du mois de mars, on assiste à une diminution de l'activité de 19 % au niveau national et de 25 % pour la seule région parisienne en comparaison d'une semaine standard », détaille Philippe Besset, président de la FSPF. « Sur l'ensemble du mois de mars, l'activité globale sera sensiblement équivalente à celle d'un mois de mars habituel, même si le mois écoulé a été assez atypique. Car la baisse des derniers jours est compensée par la hausse observée en troisième semaine, qui s'élève à 15 % dans l'ensemble du pays selon nos estimations. Une hausse notamment due à l'activité exceptionnelle des 16 et 17 mars, deux journées qui resteront dans les annales de la pharmacie », souligne-t-il.
Si les officinaux ont donc limité la casse en mars, le mois qui débute risque d'être beaucoup plus problématique. « Avril sera très compliqué, il faut d'ores et déjà penser à adapter le réseau à la diminution de l'activité amorcée fin mars. Nous avons déjà envoyé à nos confrères une circulaire qui résume l'ensemble des mesures sociales existantes, rappelle le président de la FSPF. Des discussions sont également menées avec la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) pour étudier toutes les solutions qui pourront être spécifiquement mises en œuvre pour l'officine. »
Un bouquet de solutions
Face à cette situation, aussi brutale qu'inattendue, certains titulaires ont d'ores et déjà pris des mesures exceptionnelles, choisissant par exemple de réduire leur amplitude horaire. « Chaque titulaire est libre d'adapter ses heures d'ouverture en fonction de l'activité, pourvu qu'il en avertisse l'ARS et l'Ordre et veille à ce que le service de garde puisse prendre le relais », rappelle Gilles Bonnefond. D'autres pharmaciens optent pour la dispensation à guichets fermés, une alternative pour à la fois assurer la sécurité du personnel et réorganiser les tâches au sein d'une équipe officinale, souvent réduite. Si la plupart des contrats d'assurance ne comportent pas la clause épidémie dans la couverture perte d'exploitation, les titulaires peuvent recourir à divers dispositifs pour préserver leur trésorerie.
La caisse d'assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) indique ainsi que les titulaires rencontrant des difficultés économiques peuvent demander le report de leurs cotisations vieillesse, ou tout au moins transmettre sur le site un revenu estimé adapté au contexte actuel. Enfin, en cas de graves difficultés financières, il est possible d'adresser une demande d'aide sur le site de la CAVP. Interfimo propose de son côté un report qu'à 6 mois des remboursements des crédits professionnels sans frais ainsi que des financements personnalisés à des conditions privilégiées. Ces dispositifs professionnels viennent compléter les mesures énoncées par différentes ordonnances du gouvernement (voir ci-dessous et page 13).
Ce bouquet de solution mis en œuvre par l’État ne poursuit qu’un seul objectif : maintenir à flot les entreprises pendant la durée de l’épidémie, afin qu'elles puissent, une fois la crise surpassée, rebondir grâce à la pleine capacité de leurs équipes et de leurs compétences.
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