Comment s'armer pour affronter la sortie de crise

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Publié le 03/04/2020
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Pour passer le cap difficile de la baisse d’activité, Joël Lecoeur, expert-comptable auprès du cabinet LLA et président du réseau CGP, livre quelques pistes visant à préserver la santé financière de l’officine.
Pour Joël Lecoeur, l’objectif est de préserver une trésorerie suffisante, indispensable à la reprise d’activité

Pour Joël Lecoeur, l’objectif est de préserver une trésorerie suffisante, indispensable à la reprise d’activité
Crédit photo : dr

« Si en raison de la baisse d’activité actuelle, le seuil de rentabilité de l’officine n’est pas atteint, alors il conviendra de réduire les frais fixes », conseille Joël Lecoeur, expert-comptable auprès du cabinet LLA et président du réseau CGP dans un document diffusé par le cabinet de formation Atoopharm. En effet, rappelle-t-il en substance, l’objectif est de préserver une trésorerie suffisante car elle sera indispensable à la reprise d’activité.

Premier réflexe : différer les commandes et livraisons des achats directs non nécessaires à la poursuite de l’activité. « Car il ne faut pas perdre de vue que la réception de la marchandise déclenche juridiquement la facturation et donc le paiement, rappelle l’expert-comptable, le direct étant payable généralement à 60 jours, serons-nous sortis de la période de confinement à l’échéance ? »

Deuxième poste à considérer le loyer. « Les pharmacies des centres commerciaux pourront négocier un moratoire sur le loyer avec leur bailleur selon un accord conclu entre le gouvernement et les organisations de bailleurs qui suspend l’exigibilité des loyers et des charges à partir du 1er avril et prévoit la mensualisation des arriérés une fois la reprise d’activité », indique Joël Lecoeur, précisant que les échéances de crédit-bail peuvent être différées de 6 mois sur simple demande du locataire.

Le titulaire aux prises avec une baisse drastique de son activité peut également actionner le levier frais de personnel : mise en place de l’activité partielle, prise par anticipation de 6 jours de congés payés au personnel pendant cette période de confinement moyennant un accord d’entreprise ratifié par les 2/3 des salariés présents à l’officine, ou encore pour les officines qui ont mis en place les RTT, prise maximum de 10 jours de RTT, à condition de respecter un délai de prévenance d’au moins un jour.

Côté fiscal, plusieurs solutions sont possibles. « Si le pharmacien est amené à réduire sa rémunération de gérance ou son revenu, il peut moduler à tout moment le taux et les acomptes de prélèvement à la source. Il peut également reporter d’un mois sur l’autre jusqu’à trois fois le prélèvement mensuel, une seule fois s’il est au prélèvement trimestriel », conseille Joël Lecoeur. De même, en ce qui concerne les cotisations à l’URSSAF, si le titulaire paie le 20 du mois, le prélèvement automatique du 20 mars est annulé. « Le montant sera lissé sur les mois suivants (avril à décembre). Si le paiement s’effectue le 5 avril, le montant de cette échéance sera lissé sur les échéances ultérieures (mai à décembre) », précise l’expert.

Joël Lecoeur rappelle également que les banques françaises se sont engagées à reporter jusqu’à 6 mois le remboursement des crédits des entreprises sans frais. Toutefois, si ces mesures s’avèrent insuffisantes, il faudra songer à recourir au prêt de trésorerie garanti par l’État. Dans ce cas, comme pour les autres démarches, il convient de se rapprocher son expert-comptable qui saura déterminer le montant de ce prêt, tout comme ses modalités de remboursement.

M. B.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3592