Le chiffre d’affaires des marchés de l’officine n’aura jamais été aussi haut. En 2022, hors TVA à 0 % (et donc hors activités liées au Covid), il atteint les 41,4 milliards d’euros, en augmentation de 8,5 % par rapport à l’année précédente, elle-même exceptionnelle (38,2 milliards d’euros, +14,8 %). Les deux tiers de cette croissance sont portés par le médicament remboursable, en particulier par le médicament cher (plus de 1 930 euros) qui y contribue fortement.
Les autres marchés se portent bien avec des hausses du chiffre d’affaires de 6 % pour l’automédication, de 11 % pour les dispositifs médicaux, de 12 % pour la cosmétique, de 14 % pour les compléments alimentaires (avec les denrées alimentaires non prescrites). L’évolution se révèle tout aussi positive selon les différents types de délivrance : + 5 % sur les produits prescrits en ville, +13 % sur les médicaments prescrits à l’hôpital et +12 % pour les produits conseils. Et cela alors même que l’activité médicale libérale affiche un recul aussi bien en volume de consultations que de prescriptions.
Pour le GERS, ces bons résultats reposent en grande partie sur la présence importante des pathologies hivernales au premier trimestre 2022 et à une année étrange qui a cumulé deux grippes, l’une en avril, « ce qui n’était pas arrivé depuis 12 ou 13 ans » et l’autre au dernier trimestre. « Toute la chaîne du médicament a été mise sous tension. » D’ailleurs le conseil santé, segment qui regroupe les médicaments conseil et la nutrition, enregistre une très belle progression en valeur de 14 %, clairement grâce à la forte croissance des produits pour le mal de gorge (+ 54 %), la douleur et la fièvre (+ 19 %), la toux (+ 59 %), le rhume et les états grippaux (+ 27 %).
Baisses de prix
Reste à savoir si ces bons résultats en termes de chiffres d’affaires se refléteront sur la marge officinale, alors que l’inflation bat son plein et pèse sur tous les postes, de la masse salariale à la facture énergétique en passant par le coût des achats de produits. La problématique se pose en particulier pour ceux dont le taux de TVA est à 5,5 % et ceux à 20 %. « Si le pharmacien les achète plus cher mais les vend toujours au même prix, le taux de marge baisse », souligne David Syr, directeur général adjoint de GERS Data.
Par ailleurs, rappelle-t-il, les médicaments onéreux occupent désormais une place non négligeable dans l’économie officinale, mais avec un niveau de marge très limité. « En 2017 ils pesaient 1 milliard d’euros, contre près de 5 milliards en 2022, alors qu’ils ne représentent que 0,08 % des volumes… mais 22,5 % du chiffre d’affaires hors taxe de l’officine. » Or, selon les calculs du GERS pour 2022, si la marge à la boîte des médicaments de moins de 1930 euros est de 21 %, celle-ci tombe à 2,3 % pour les médicaments qui dépassent ce tarif. « Le poids exponentiel des médicaments chers fait baisser le taux de marge », résume David Syr.
La question qui subsiste est de savoir comment l’économie officinale sera impactée par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2023. Certes, la mobilisation de la profession a permis d’éliminer la menace des appels d’offres sur les médicaments, mais les baisses de prix sur les médicaments et les dispositifs médicaux restent élevées : 900 millions d’euros. Or, sur l’année 2022, le GERS note une « surexécution de 46 millions d’euros » de baisses de prix, c’est-à-dire que l’objectif de 825 millions d’euros a été dépassé pour atteindre 871 millions d’euros. Optimiste, le GERS estime néanmoins que le marché du remboursable en ville devrait progresser de 9 % en 2023. À suivre.
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