Au cours des 10 dernières années, deux « événements majeurs » ont permis au taux de pénétration des génériques d’augmenter de manière significative. C’est d’abord la généralisation de la mesure tiers payant contre générique qui a fait bondir ce taux de près de 11 points, passant de 65,7 % au premier semestre 2012 à 76,4 % au semestre suivant. Il a ensuite progressé doucement les années suivantes jusqu’à l’entrée en vigueur de l’article 66 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2019 qui a notamment édicté des règles plus strictes pour l’usage de la mention non substituable. Cette fois le taux de pénétration a grimpé « de près de 3 points, de 80,8 % à 83,4 % », met en avant Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS et directeur général de GERS Data. En 2022, il atteint presque les 85 %, tiré vers le haut par des chutes de brevets importants tels que ceux de Zytiga (abiratérone), Tecfidera (diméthyle fumarate), Gilenya (fingolimod) ou Somatuline (lanréotide).
Évolution différenciée
Le taux de pénétration des biosimilaires a également progressé l’an dernier, de 16,5 % à 21,5 %. Cela s’en ressent au niveau du chiffre d’affaires dégagé, à un peu plus d’1,2 milliard d’euros (+6,5 %) répartis à parts quasiment égales entre la ville (614 millions d’euros) et l’hôpital (619 millions d’euros). Mais cette évolution est très différenciée selon la molécule concernée. Ainsi, si les anticorps monoclonaux comme le bévacizumab, le trastuzumab et le rituximab atteignent des sommets (96 à 98 % de taux de pénétration), l’énoxaparine s'établit à 13 % seulement, le médicament biologique d’origine continuant à avoir la préférence des prescripteurs. Or, rappelle Patrick Oscar, étant donné « les volumes considérables de l’énoxaparine, ce résultat tire vers le bas le taux de pénétration moyen des biosimilaires ». Quant aux deux seules molécules substituables par le pharmacien depuis l’an dernier, le filgrastim maintient son taux de pénétration à 96 % tandis que le pegfilgrastim progresse de 74 à 79 %. Il serait certainement intéressant d’élargir ce droit de substitution à des biosimilaires qui peinent à concurrencer le biomédicament d’origine, telle que l’énoxaparine, comme les représentants de l’officine l’ont eux-mêmes proposé.
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