Le Quotidien du pharmacien.- Quelle est votre analyse de la situation au lendemain des violences perpétrées par les émeutiers ?
Xavier Desmas.- Au 6 juillet, cinquante titulaires avaient déclaré une exaction commise par les émeutiers à l’encontre de leur officine. Celle-ci peut être de nature très différente, cela va de la dégradation au saccage, en passant par le tir de mortier, la destruction de la vitrine, ou le braquage comme l’a vécu un confrère de Guyane. Sans compter des actes extrêmement graves tels que l’incendie. Au nom de l’Ordre, je tiens ici à réitérer tout notre soutien et notre solidarité aux confrères touchés. Je veux aussi saluer la mobilisation de nos équipes ainsi que celle de la centaine de référents « sécurité » répartis sur tout le territoire qui accompagnent les titulaires concernés par ces événements. Quant à analyser ces actes de violence, il faudra beaucoup de recul pour expliquer ce qui est difficilement compréhensible. Nous faisons cependant le constat depuis plusieurs années que la pharmacie n’est plus un lieu sanctuarisé.
Ces récents événements vous amènent-ils à revoir les mesures actuellement en place pour protéger les pharmacies ?
Pour l’heure, il nous importe d’apporter une réponse concrète et rapide aux événements, que ce soit sous la forme de l’aide apportée par la Commission entraide et solidarité de l’Ordre, du geste de confraternité de nos référents sur le terrain, ou encore du soutien psychologique proposé par l’association ADOP*. Nous rappelons par ailleurs aux confrères concernés qu’il est impérieux de porter plainte et de communiquer toute agression ou acte d’incivilité sur le site de l’Ordre. Munis de statistiques reflétant la réalité, nous pourrons ainsi plus facilement nous faire entendre auprès des pouvoirs publics. En ce qui concerne l’avenir, nous continuerons à travailler avec l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), et à contribuer aux travaux de la feuille de route qui sera déclinée du rapport sur les violences à l’encontre des professionnels de santé.
La sécurité des gardes est un motif d’inquiétude supplémentaire pour les pharmaciens. Est-il possible d’envisager un renforcement des dispositifs de protection ?
Je tiens à rappeler que le service de garde est un service rendu en premier lieu à la patientèle. Il s’agit d’une mission de service public. Aussi, je tiens à féliciter les confrères qui ont assuré leur exercice au service des patients et de la santé publique lors des derniers événements. Afin de renforcer la sécurité des pharmaciens pendant les gardes, il est indispensable, autant que faire se peut, de se doter d'un guichet ou d'un sas. Cette solution, j’en ai bien conscience, n’est pas applicable dans toutes les configurations d’officine, mais elle est efficace. Quant au filtrage par le commissariat ou la brigade de gendarmerie qui relève l’identité de la personne et appelle le pharmacien, ce dispositif de sécurité, quand il existe, s’avère probant dans la plupart des cas.
* Numéro vert 0800 736 959.
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