Le Ségur du numérique en santé est une révolution qui se met en place « à petits pas rapides », comme se plaît à le rappeler Xavier Vitry, directeur de projet la délégation ministérielle du numérique en santé (DNS) et interlocuteur dédié aux pharmaciens. L’ambition ? Permettre à tous les professionnels de santé autour d’un patient, et au patient lui-même, d’échanger des données de santé en toute sécurité. Pour y parvenir, une mise à niveau des logiciels utilisés par chaque profession est nécessaire pour assurer leur interopérabilité. Un travail de longue haleine sur le point d’aboutir pour les médecins et les pharmaciens.
De premiers outils sont déjà issus du Ségur du numérique en santé notamment la pierre angulaire du projet : « Mon espace santé » a été lancé un an plus tôt. Ce carnet de santé numérique amélioré est disponible sur le Web et sur appli. Il comprend les informations du dossier médical partagé (DMP), une messagerie sécurisée, un agenda pour les rendez-vous de santé, un bouquet d’applis de santé validées par le ministère de la Santé. Surtout, il est à la main de chaque Français qui peut décider ce qu’il souhaite partager et avec quel professionnel.
On doit aussi au Ségur du numérique l’instauration de la e-carte de professionnel de santé ou e-cps déployée en avril 2020, la création de l’identité nationale de santé (INS), les messageries de santé sécurisées ou encore l’appli carte Vitale sur Smartphone. Expérimentée depuis 2019, celle-ci doit être généralisée courant 2023 sous le nom de apCV. Il s’agit d’offrir, à une population très majoritairement équipée d’un Smartphone, une autre possibilité de présenter sa carte Vitale à un professionnel de santé mais qui ne remplacera pas la carte Vitale physique. Les deux solutions cohabiteront a minima jusqu’à 2026.
Révolution indolore
Quant à la e-prescription, autre élément socle du Ségur qui vise à sécuriser prescription et dispensation tout en évitant les fraudes, elle devrait être opérationnelle au 2e trimestre 2023, a rappelé Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie, le 31 janvier dernier. « L’ordonnance numérique est dépendante des logiciels Ségur qui sont en train d’être déployés, elle va monter en charge au 2e et 3e trimestre avant une généralisation en 2024. »
Car c’est peut-être le travail le plus lourd qui est en train d’aboutir : des logiciels métier « ségurisés » pour chaque professionnel de santé, donc sécurisés et interopérables. Le référencement des logiciels de gestion d’officine (LGO) est en cours jusqu’au 28 avril prochain, date butoir pour les éditeurs pour en faire la demande, et le tout premier a décroché le sésame en novembre dernier. Pour les pharmaciens, cette révolution devrait être indolore. « En France, on a la chance d’avoir des pharmaciens qui sont équipés en informatique depuis très longtemps puisque ça fait 40 ans que les logiciels d’officine existent, indique Denis Supplisson, vice-président du collège pharmacien de la Fédération des éditeurs d’informatique médicale et paramédicale ambulatoire (FEIMA). De plus, il y a une actualité réglementaire permanente qui entraîne un niveau d’équipements très élevé. La France fait ainsi partie des pays les plus évolués en la matière. »
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