Au lieu des protocoles de délégation entre médecins et pharmaciens mis en place cet été, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) suggère la création d'une dispensation protocolisée qui s'appuierait sur une nouvelle catégorie de produits, accessibles au public… sous protocole.
C'est plutôt un flop. La délégation d'acte du médecin au pharmacien permise au cours de l'été pour quatre pathologies afin de désengorger les urgences a suscité peu d'engouement parmi les professionnels de santé concernés. Selon la FSPF, 20 pharmacies seulement, sur l'ensemble du réseau officinal, ont participé à ce dispositif créé par le ministre de la Santé pour pallier le manque de médecins. Dans la plupart des cas, les confrères sont intervenus pour des cystites, au grand soulagement des patientes ravies de se voir prescrire en pharmacie et délivrer directement de la fosfomycine.
Pour les officinaux, en revanche, le succès a été beaucoup plus mitigé. « Très peu de pharmaciens sont parvenus, dans le cadre coordonné, à trouver un médecin délégant. Quand ce fut le cas, la rémunération de 25 euros n'a pas toujours été équitablement répartie », constate Philippe Besset, président de la FSPF. Face à ce bilan, il a partagé son analyse avec Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée aux professionnels de santé et aux territoires et lui a exposé la solution du syndicat pour assurer les soins non programmés. Il ne s'agit pas « de faire de la prescription déléguée, mais bien une dispensation protocolisée qui partirait non du patient, mais du produit ». Cette dispensation s'appuierait sur une nouvelle catégorie de médicaments, composée à la fois de produits à prescription médicale obligatoire (PMO) et de produits à prescription médicale facultative (PMF), qui seraient exclusivement accessibles aux patients sous protocole. Ainsi, poursuit Philippe Besset, « on pourrait trouver dans cette catégorie intermédiaire de la pseudo-éphédrine comme de la fosfomycine, de l'amoxicilline pour les douleurs dentaires, des triptans pour les migraines… ».
Reste à savoir dans quelles conditions le pharmacien pourrait recourir à cette dispensation protocolisée. En urgence, les jours fériés et le week-end, en l'absence du médecin ? Cette proposition pourrait être retenue lors de la conférence des parties prenantes le 13 septembre et figurer au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2023), espère Philippe Besset. Il table alors sur des décisions prises en 2023 et une mise en œuvre à l'automne 2023.
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