LE GOUVERNEMENT devra trancher entre deux projets. D’un côté, celui défendu par la FSPF et l’UNPF de relinéariser la marge en augmentant le seuil de la première tranche. De l’autre, celui de l’USPO qui mise sur une revalorisation de 10 centimes d’euro du forfait à la boîte. Pas facile de savoir lequel des deux projets permettrait aux pharmaciens de sortir la tête de l’eau dans les meilleures conditions, tant les deux camps défendent leurs arguments avec conviction. Ce qui les distingue, c’est peut-être l’objectif que chacun s’est fixé. Tandis que l’USPO table sur une mise en œuvre à court terme d’une valorisation des services permettant de compléter la rémunération, la FSPF et l’UNPF semble préférer opter pour un système plus pérenne. « Le Quotidien » fait le point sur les deux projets qui concourent à un même but, celui de redonner de la marge aux pharmaciens.
• Augmenter le seuil de la première tranche
Augmenter la marge de toutes les officines, en particulier de celles qui en ont le plus besoin, pour garantir le réseau : tel est l’objectif de la proposition défendue par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), résume son président Philippe Gaertner. Plus généralement, l’idée est « de répondre au besoin d’une bouffée d’oxygène immédiate ».
Concrètement, pour y parvenir, le syndicat plaide pour un relèvement du seuil de la première tranche de 22,90 euros à 75 euros. La nouvelle première tranche représenterait ainsi 97 % des médicaments vendus à l’officine. Cette hausse permettrait d’y réintégrer les conditionnements trimestriels et les spécialités réunissant plusieurs principes actifs. L’arrivée sur le marché de tels médicaments s’est en effet traduite par un passage de ces spécialités dans la tranche supérieure avec, au final, une perte de marge pour les officinaux. « En réintégrant ces traitements essentiellement destinés aux patients chroniques, notre proposition a également un effet positif sur le maintien du réseau de proximité, que ce soit en zone urbaine sensible ou en milieu rural », souligne Philippe Gaertner. « Notre volonté n’est pas de favoriser ceux qui dispensent des produits issus de la réserve hospitalière », insiste également le président de la FSPF.
L’autre intérêt de revaloriser la première tranche est de resserrer les marges entre les pharmacies, dont les écarts s’agrandissent avec le système actuel. Une condition indispensable pour la FSPF avant d’envisager le passage progressif vers un modèle de paiement à l’honoraire ou à l’acte de certains services, en complément de la rémunération à la marge.
En contrepartie, la FSPF pourrait accepter le principe d’une application ciblée sur certaines molécules d’un TFR afin de générer les économies nécessaires à une augmentation de la marge. « La condition de départ fixée par les pouvoirs publics était claire, explique Philippe Gaertner. Les solutions pour améliorer l’économie des officines ne doivent pas entraîner de surcoût pour l’assurance-maladie. »
L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) préconise également l’augmentation du seuil de la première tranche. Mais à 70 euros. Une petite nuance qui, selon son président, Claude Japhet, n’a finalement pas beaucoup d’importance. L’essentiel est que cette hausse de la première tranche redonne une plus grande linéarité à la marge et génère de la croissance. Et ce, pour plusieurs années. Un laps de temps pendant lequel la profession pourra se préparer à l’entrée dans l’ère des services rémunérés tout en bénéficiant d’un bol d’oxygène économique. Car Claude Japhet ne croit pas à la mise en œuvre rapide des nouvelles missions et services rémunérés prévus par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). « Pour nous, explique-t-il, il n’était pas question d’attendre l’arrivée des services, sachant que cela dépendait de décrets que l’on attend toujours de voir. » Et même s’ils sortaient, leur mise en place effective ne pourrait pas intervenir, à l’en croire, avant 2013. Un délai trop long compte tenu de la situation économique actuelle des officines.
• Augmenter le forfait de 10 centimes
À l’inverse des deux autres syndicats, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) mise sur l’augmentation de 10 centimes d’euro du forfait à la boîte pour redonner du souffle à l’économie des pharmacies. « Le marché représente aujourd’hui 2,6 milliards de boîtes, indique son président délégué, Gilles Bonnefond. L’augmentation de 10 centimes d’euro permet de dégager 260 millions d’euros pour le réseau. » Le coût pour l’assurance-maladie s’élèverait à 170 millions d’euros. Gilles Bonnefond prévoit de compenser ce surcoût par le développement de la prise en charge du petit risque par les organismes complémentaires. « C’est le meilleur rendement, car cette revalorisation du forfait à la boîte concerne tous les médicaments, quel que soit leur taux de remboursement, y compris ceux qui ne sont pas présentés au remboursement », argumente le président délégué de l’USPO. « Nous avons besoin d’une solution d’urgence pour permettre à la profession d’aller dans des conditions correctes vers la vraie révolution que sera la loi HPST », poursuit-il. Il prévoit en effet que les nouvelles missions permettront de compléter la rémunération, car « l’on sait tous que les volumes ne seront plus au rendez-vous demain ».
Parallèlement, l’USPO demande l’arrêt des emballages trimestriels qui coûtent aux pharmaciens. D’autant que, selon Gilles Bonnefond, « l’enquête réalisée par la caisse nationale d’assurance-maladie montre que les grands conditionnements ont seulement permis d’économiser 58 millions d’euros, alors qu’ils ont engendré 35 millions d’euros de gaspillage ».
« J’ai bien conscience que la hausse de 10 centimes d’euro par boîte n’est pas inflationniste, mais elle entraîne malgré tout une progression, conclut le président délégué de l’USPO. De toute façon, je ne me fais pas d’illusion. Si un système devient rapidement inflationniste, les coups de rabots arrivent immédiatement l’année suivante. Aujourd’hui, l’objectif est de permettre à la profession de rentrer dans de bonnes conditions dans la loi HPST qui sera une véritable source de croissance pour notre métier. »
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