* Catherine Millet s’est fait connaître du grand public en publiant, en 2001, « la Vie sexuelle de Catherine M. », sorte de roman libertin où elle racontait en détail ses nombreuses expériences sexuelles. Mais avant, mais aussi, depuis ses 20 ans, elle a baigné dans le monde de l’art et son nom est lié à l’art contemporain. « Commencements » est le récit de cette double ouverture à la vie d’une jeune fille hésitante, sans argent ni bagage, et à une forme d’art encore balbutiante. Une éducation sentimentale et esthétique de Saint-Germain-des-Prés au quartier de SoHo à New York, par un esprit libre. (Flammarion, 314 p., 20 €)
* Après un hommage à son père (« Premier sang », prix Renaudot 2021), Amélie Nothomb a imaginé un conte autour de l’amour entre sœurs, comme celui qui la lie à sa sœur Juliette. « Le Livre des sœurs » est l’histoire de Tristane, née de parents tellement amoureux qu’ils n’avaient ni le temps ni l’envie d’aimer un enfant. Devant tout apprendre par elle-même, elle est devenue une enfant accomplie mais une « petite fille terne » ; qui a pris sa revanche en s’occupant, seule, de sa petite sœur bien-aimée, trop aimée. Le thème des passions excessives, exclusives, traité avec l’inimitable « patte » Nothomb. (Albin Michel, 194 p., 18,90 €)
* Auteure du très apprécié roman biographique « la Fille de Joyce » (2021), l’Anglaise Annabel Abbs, dont le travail tourne autour de la femme et de sa place dans la société, consacre « Miss Eliza » à Eliza Acton, poétesse qui a été la première auteure de cuisine moderne en Angleterre. Elle s’intéresse moins aux recettes – celles du pudding de Noël et des choux de Bruxelles, pour la première fois – qu’aux liens tissés par Eliza avec une jeune fille issue d’un milieu pauvre, intelligente et curieuse, avec qui elle mènera à bien cette tâche impensable en ce milieu de XIXe siècle. (Hervé Chopin, 406 p., 22 €)
* Avec « Poids plume », l’écrivain écossais Mick Kitson (« Manuel de survie à l’usage des jeunes filles », « l’Analphabète ») nous emporte dans un maelstrom d’actions et d’émotions. Il raconte comment, dans l’Angleterre victorienne en pleine révolution industrielle, une fillette a été vendue par sa famille trop pauvre à un ancien champion de boxe qui se produisait dans les foires ; et comment le géant difforme lui a appris à lire et à écrire mais aussi à se battre, dans des combats clandestins et plus généralement contre la violence des hommes et la misère. Tout est dans le souffle de l’écriture. (Métailié, 359 p., 21,50 €)
* Halimata Fofana est née en France de parents sénégalais. Excisée à l’âge de 5 ans, elle a fait des mutilations faites aux femmes son combat. Dans « A l’ombre de la cité Rimbaud », elle raconte le calvaire de Maya, l’aînée d’une nombreuse fratrie originaire du Mali, qui a grandi dans la tradition patriarcale avec son lot de coups et de corvées, qui a été excisée à l’âge de 10 ans et que l’école a sauvée. Le récit est simple mais plus parlant que les chiffres – 120 000 femmes seraient victimes d’excision – et met aussi en lumière les violences que subissent les enfants et les jeunes filles dans les foyers où « les lois de la République n’entrent pas ». (Rocher, 230 p., 16,90 €)
* Devenue auteure de best-sellers presque par surprise avec « Tout le bleu du ciel », Mélissa Da Costa a choisi, avec son cinquième opus, de quitter sa zone de confort et ses personnages lumineux. « La Doublure » est l’histoire immorale d’une passion toxique qui se joue à trois : un homme d’affaires séduisant, son épouse artiste peintre férue du romantisme noir et une jeune femme en quête d’un nouveau départ qui accepte d’être son assistante. Une situation de rêve qui se transforme en un cauchemar inimaginable, car l’auteure ne lésine pas sur les moyens. (Albin Michel, 567 p., 20,90 €)
* Métamorphose encore que celle d’Octavia Polk (nom sous lequel se cachent deux auteures connues pour l’immense succès de leur série jeunesse « Oksa Pollock »), qui explore, dans « la Démesure du désir », les mystères des relations amoureuses. Plus précisément les ravages de l’érotomanie. Lorsque Juliette, fille d’une grande famille bordelaise, rencontre son futur beau-frère, elle est persuadée qu’il est tombé amoureux d’elle et que seule sa sœur Jade empêche Romain de le reconnaître. Une démonstration du chaos qui s’ensuit, découpée en espoir-dépit-rancune. (XO, 414 p., 20,90 €)