« Les pharmaciens ont un rôle clé à jouer aux côtés des athlètes, professionnels ou amateurs, en matière de prévention du dopage, volontaire ou accidentel, et d’expertise face aux médicaments et produits adaptés à leur activité », résume le « réseau international des pharmaciens du sport » dont les travaux ont nourri le rapport de la FIP. La pharmacie du sport n’est plus une niche, car la pratique sportive ne cesse de se développer à travers le monde, de même que la lutte contre toutes les formes de dopage, poursuit ce réseau en plaidant pour une professionnalisation de la pharmacie du sport. Celle-ci fait déjà l’objet de formations post-universitaires dans de nombreux pays. Parmi eux, l’Australie, l’Afrique du Sud, la Turquie et les Émirats arabes unis associent étroitement les pharmaciens à leurs programmes de lutte contre le dopage, en leur confiant aussi des missions de détection, de prévention et d’éducation.
Les pharmaciens sont de plus en plus conscients de l’importance de leur rôle aux côtés des sportifs, amateurs ou professionnels, mais cette fonction reste trop mal connue du grand public et de beaucoup de sportifs. Pour la FIP, une spécialisation universitaire reconnue en pharmacie du sport ferait encore progresser cette dernière, en renforçant ses atouts et en encourageant les bonnes pratiques à travers le monde. Elle pourrait offrir de nouvelles carrières aux pharmaciens, que ce soit auprès des athlètes et des fédérations sportives, mais aussi auprès des organisateurs d’événements sportifs, qui font d’ailleurs de plus en plus souvent appel aux pharmaciens lors des grandes rencontres nationales et internationales. Si la lutte contre les conduites dopantes reste au centre de l’activité des pharmaciens du sport, ils ont aussi un rôle à jouer auprès des services de santé, y compris au sein des services d’urgence et en matière de rééducation des sportifs blessés ou accidentés, conclut ce rapport. Enfin, au-delà des compétitions de haut niveau, la pharmacie du sport répond à une demande croissante des sportifs amateurs.
La pharmacie du sport en France
En France, la pharmacie du sport fait l’objet de trois diplômes universitaires (DU), respectivement au sein des facultés de pharmacie de Paris-Saclay, Montpellier et Besançon. Mais si ceux-ci renforcent les compétences des pharmaciens, ils ne sont pas réellement « valorisés » sur le plan professionnel, regrettent leurs responsables qui souhaiteraient bien sûr que cette situation évolue.
Les DU de Montpellier et de Paris portent avant tout sur le dopage. Comme l’explique le Pr François Coudore, professeur de toxicologie et responsable du DU « dopage et conduites dopantes » de Saclay, cette formation qui se déroule chaque année depuis dix ans ne s’adresse pas uniquement aux pharmaciens, mais à tous les professionnels du sport et/ou de la santé, tels que les médecins du sport ou les entraîneurs sportifs. « On y aborde l’ensemble des substances et des comportements dopants, tout en portant un regard critique sur les compléments alimentaires et la nutrition, explique-t-il, et nous élargissons régulièrement nos thèmes, par exemple vers le handisport ou la prescription de sport-santé par les médecins. » À terme, les pharmaciens de Saclay aimeraient enrichir leur offre de formation, par exemple en créant un master complété par des stages pratiques, là aussi surtout pour les professionnels du sport. Par ailleurs, des pharmaciens interviennent parfois dans le cadre de DU sur le dopage organisé par les facultés d’activités physiques et sportives (STAPS), dont celui de Paris-Nanterre.
Lancé en 2018, le DU de Besançon se tourne, lui, surtout vers les pharmaciens d’officines et leurs équipes et se déroule sur une semaine, la prochaine édition ayant lieu en mai prochain. « Nous pensons que le pharmacien a toute sa place dans les dispositifs de sport santé sur ordonnance lancés depuis quelques années dans plus d’une centaine de villes, et que son rôle n’est pas assez exploité », estime Sylvie Devaux, maître de conférences en physiologie et nutrition et coresponsable de 7 DU organisés par la faculté franc-comtoise. Si ce DU « Sport Santé Pharmacie » aborde lui aussi la question du dopage, il met surtout l’accent sur le rôle du pharmacien face aux sportifs qui viennent à l’officine, qu’ils soient malades, blessés ou en parfaite santé. « Nous souhaitons aussi aider les pharmaciens à motiver leurs patients non sportifs à entreprendre de telles activités, et nous leur proposons de mettre en place des entretiens motivationnels, portant sur l’apport du sport pour être en bonne santé », ajoute-t-elle.