Aujourd’hui pharmacien responsable et directeur général du groupement Giphar, Pierre-Xavier Frank a longtemps pratiqué la natation et le cyclisme à haut niveau. Co-auteur, en 2014, d’un ouvrage précurseur sur le sport et les thérapies naturelles, il estime que les pharmaciens ont le bagage et les compétences pour accompagner les sportifs, quel que soit leur niveau.
« On ne parle pas de la même manière à un amateur du dimanche et à un athlète professionnel mais, dans les deux cas, nos conseils leur seront profitables, à condition de mettre en avant nos spécificités et de ne surtout pas nous prendre pour des entraîneurs », précise-t-il. Les sportifs sont en général bien informés, et une relation de confiance peut s’établir avec les pharmaciens, surtout en ce qui concerne la protection de leur santé, y compris face au dopage, volontaire ou involontaire. Le nombre de sportifs licenciés augmente d’année en année. Ils expriment de fortes demandes, notamment en matière de suivi de leurs blessures, très fréquentes à l’image des 6 000 entorses recensées chaque jour en France. Si des « écoles de qualité » abordent le sport à l’officine, M. Frank juge ces formations utiles mais insuffisantes et se félicite de la mise en place de DU pour faire vraiment décoller la pharmacie du sport.
Installée à Strasbourg, Lucile Sublon pratique l’athlétisme et s’est spécialisée dans les courses de vitesse sur 200 et 400 mètres. « À l’officine, je rappelle toujours que la bonne santé passe par l’alimentation et par le sport, ou au moins l’activité physique régulière, et les pharmaciens ont un rôle à jouer pour la promouvoir. » Bien connue du milieu sportif, elle compte de nombreux sportifs parmi ses patients, mais relève que les pharmaciens ne sont pas assez sensibilisés au sport, ni formés aux affections liées à ce dernier, en particulier les pathologies ostéo tendineuses. Selon elle, le sport reste une « niche » à l’officine, et les sportifs « consultent » beaucoup plus souvent leurs kinésithérapeutes que les pharmaciens pour tous ces domaines. « Je soutiens tout à fait l’idée d’organiser des DU sur le sport et la pharmacie, mais je suis plus réservée sur la professionnalisation de cette activité au sein des fédérations sportives, car ces dernières, en dehors du football, du rugby ou du basket, n’ont aucun moyen de la financer. »