Le MAD, à développer
Encore sous-exploité en France, le maintien à domicile est amené à se développer dans les années à venir à cause du vieillissement de la population. Mais, même s'il fait partie intégrante de son métier, le pharmacien souffre au départ d'un handicap. Contrairement aux médicaments, le matériel de MAD n'appartient pas au monopole des pharmaciens. D'où l'existence de sociétés privées non pharmaceutiques capables de présenter toutes sortes de matériels médicaux, sur de grandes surfaces, qui ont de surcroît l'avantage de pouvoir faire de la publicité. Par facilité, les hôpitaux ont aussi souvent tendance à orienter directement les patients qui rentrent chez eux vers ces sociétés. Résultat, près de 70 % d'entre eux ignorent que les pharmaciens de ville peuvent fournir du matériel médical et ne bénéficient pas du conseil et de l'aide du pharmacien. Pour développer ce secteur porteur, celui-ci doit donc s'organiser activement, voire se former. Les groupements offrent des formations spécifiques et il existe un DU Maintien et soins à domicile (validant le DPC) qui aide en particulier à mettre en place les matériels nécessaires et à mieux conseiller les patients. Quand l'officine ne dispose pas d'espaces de vente et de conseil ou de salles d'exposition adaptée à l'accueil des personnes handicapées, la présentation en vitrine d'un ou deux appareils de MAD ou bien d'accessoires miniatures évoquant ce type de service permet d'attirer l'œil. Le pharmacien peut ensuite aider les familles à choisir sur catalogue ou mieux, sur écran plat.
L'éventail du matériel de MAD proposé par des prestataires nationaux ou régionaux de vente et de location de matériel santé et de prise en charge médico-technique est aujourd'hui très complet et perfectionné. Du fauteuil roulant électrique à la potence, en passant par les pinces de préhension et le siège de douche. Quelques noms : Orkyn, D Medica, Oxypharm Astera, MAD Ouest, Alcura (ex-Locapharm)… Enfin, le travail en coordination avec des prestataires spécialisés – oxygénothérapie, pression positive continue, nutrition entérale, téléassistance… - est certes chronophage mais le jeu en vaut la chandelle.
Le portage, un plus
Selon les articles L5125-25 et R5125-47 à R5125-49 du Code de la santé publique, les professionnels autorisés à livrer des médicaments au domicile des patients sont les pharmaciens eux-mêmes, les infirmières libérales et les entreprises de portage de médicaments. En pratique, dans les petites villes et à la campagne, les pharmaciens assurent eux-mêmes ce service ou le délèguent à une personne de l'équipe officinale, ce qui est rarement possible dans les grandes agglomérations. D'où le recours – gratuit pour le patient - à un prestataire. Mais pas n'importe lequel. Le Code de Santé publique détaille les conditions dans lesquelles ce portage peut-être effectué. Primo, le gestionnaire de transport doit être titulaire d'une attestation de capacité professionnelle en transport routier léger de marchandises, délivrée par le préfet de la région. Secundo, les médicaments doivent être remis en paquet scellé pour que le destinataire puisse s'assurer qu'il n'a pas été ouvert par un tiers et opaque pour garantir le secret médical.
Ces prestataires, comme Pharma Presto pour Paris et sa proche banlieue, sont encore peu nombreux. Des sociétés de coursiers assurent également ce service ou, plus rarement, des associations de réinsertion (ex. Versailles Portage). Les coûts sont donc variables. Autre possibilité : le service de proximité Porteo médical (Proxi course Santé) proposé par la Poste. Mais pour que le paquet soit livré le jour même au patient, il faut le déposer au guichet de la poste la plus proche de l'officine avant le départ en tournée des facteurs. Le tarif est de 3,51 € HT (4,20 TTC) par portage, plus intéressant que le précédent (forfait annuel de 480 € pour 500 colis maxi) car la grande majorité des pharmaciens ont seulement quelques sachets à faire livrer par mois.
La PDA pour sécuriser le traitement et améliorer l'observance
Pour le pharmacien, la préparation des doses à administrer représente l'opportunité de diversifier son activité et de mettre en lumière ses compétences. Mais un certain flou, dû à l'absence de décret de bonnes pratiques et à l'absence de rémunération spécifique du pharmacien, explique l'hésitation des officinaux, pourtant convaincus de son intérêt. Ces conditionnements sur mesure, sur lesquels sont apposées toutes les données nécessaires, nom du patient, quantité emballée, heure et jour de la prise, etc. sécurisent le circuit du médicament et améliorent l'observance. En attendant ce décret, l'Ordre des Pharmaciens a édicté des recommandations à consulter impérativement avant de se lancer. Elles portent sur l'aménagement en trois parties des zones ou des locaux réservés à cet usage : une partie comprenant un point d'eau pour le nettoyage du matériel, située à proximité de la zone de préparation des doses à administrer proprement dite, et une zone de rangement des produits, matériels et consommables. Elles insistent aussi sur la propreté qui doit être irréprochable et préconisent des sols, murs et surfaces « lisses, imperméables et sans fissure afin de réduire l'accumulation de particules et de micro-organismes et de permettre l'usage répété de produits de nettoyage et de désinfectants ».
Les fabricants proposent différents modèles de systèmes automatiques de dispensation et d'ensachage des formes sèches et orales, adaptés aux besoins, du plus simple au plus perfectionné, et en différentes tailles. La pratique est désormais entrée de plain-pied dans l'ère de la préparation des doses à administrer automatique (PDAA). Les leaders du secteur sont incontestablement Robotik Technology, Damsi, HD Medi, Oréus…
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