Depuis quelques mois, le pipeline de Samsung Bioepis passe de la catégorie R & D à celle de la commercialisation. Alors que la société fête tout juste ses 5 ans, elle enchaîne les succès dans le domaine fermé des biosimilaires. Sa copie du Remicade (infliximab) a ainsi obtenu son AMM dans la polyarthrite rhumatoïde en Corée du sud en décembre 2015, en Australie en novembre 2016 et aux États-Unis en avril 2017. De même, la version biosimilaire d’Enbrel (etanercept) a été approuvée, dans la même indication, en Corée du sud en septembre 2015, en Australie en juillet 2016 et au Canada en août 2016. En Europe, son biosimilaire d’Humira (adalimumab) a obtenu son AMM en août dernier, tandis que celui d’Herceptin (trastuzumab) vient de recevoir le feu vert du Comité des médicaments à usage humain de l’EMA. C’est le tout premier biosimilaire du trastuzumab à passer cette étape. Quant à sa copie de Lantus (insuline glargine), elle est autorisée en Europe depuis janvier dernier.
Partenariats
Comment une société aussi jeune est-elle parvenue à ce niveau de développement dans un domaine aussi pointu ? Les mastodontes du secteur eux-mêmes peinent à proposer des copies de ces médicaments complexes. En fait, Samsung a choisi de s’associer à des partenaires bien rodés et ne lésine pas sur les moyens financiers, quitte à prendre des risques élevés. Samsung Bioepis est d’abord le fruit d’une association entre la jeune société Samsung Biologics dédiée aux médicaments biologiques, et la biotech Biogen, fondée en 1978. Elle se renforce par d’autres partenariats externes, comme celui avec le japonais Takeda annoncé au mois d’août. Et s’offre une image solide depuis qu’elle fabrique une partie des médicaments biologiques du Suisse Roche (2013). Côté finances, Samsung a injecté 2,74 milliards de dollars dans Samsung Biologics entre 2011 et 2015. Il a aussi lancé la construction d’une 3e usine qui devrait être la plus grande au monde dédiée aux biomédicaments quand elle sera inaugurée fin 2018. Selon un article de « La Tribune » paru en octobre 2016, son ambition est de devenir un leader dans la vente de biosimilaires avec Samsung Bioepis, « qui développe aujourd’hui 13 biosimilaires dont six ont un potentiel de revenus énormes ». Sur son site Internet, la joint-venture ne présente que six copies de médicaments biologiques à différents stades de maturation.
Nombreux concurrents
Si les indications visées sont des domaines pharmaceutiques particulièrement porteurs – oncologie, immunologie, diabète – elle doit cependant affronter de nombreux concurrents. Ainsi, son Imraldi, le biosimilaire de l’Humira (adalimumab) de l’Américain AbbVie, est la seconde copie à obtenir l’AMM européenne, et une dizaine de sociétés sont sur les rangs pour lancer leur propre biosimilaire. La bataille s’annonce rude. Or le brevet d’Humira ne tombera pas avant octobre 2018 en Europe, ce qui laisse le temps aux autres acteurs d’obtenir l’approbation de leur biosimilaire. Et notamment aux big pharma qui se lancent désormais dans la course aux biosimilaires comme Pfizer, Novartis, Eli Lilly ou Boehringer Ingelheim. Car le gâteau est alléchant : selon le cabinet IMS Health, le marché des biosimilaires devrait atteindre 246 milliards de dollars d’ici à 2020. Une belle croissance que Samsung a su repérer, alors qu’il est confronté au niveau « plateau » atteint par le marché mondial de la téléphonie mobile et qui ne devrait pas beaucoup évoluer dans les années à venir. Les médicaments biologiques et les biosimilaires pourraient être considérés, par Samsung, comme un remède pour assurer sa croissance.
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