Covid-19 : atteintes rénales sous remdesivir

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Publié le 05/10/2020
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Crédit photo : AFP

L’Agence européenne du médicament vient de lancer une réévaluation du médicament Veklury (remdesivir), utilisé dans les formes graves de Covid-19, à la suite de plusieurs signalements d’atteintes rénales.

Le Comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l'Agence européenne des médicaments (EMA) lance un nouvel examen du remdesivir pour évaluer des signalements de lésions rénales aiguës chez des patients soignés pour Covid-19. Le risque d’une potentielle toxicité sur les reins avait été soulevé avant même son autorisation d’utilisation en juillet dernier et un plan de gestion de risques (PGR) a été mis en place, notamment pour surveiller les atteintes rénales. Veklury a néanmoins obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle dans le Covid-19 pour les adultes et les adolescents à partir de 12 ans, présentant une pneumonie et nécessitant une supplémentation en oxygène. L’AMM conditionnelle a été accordée pour que ces patients dans un état grave bénéficient d’un traitement, bien que les données scientifiques ne soient pas complètes.

À ce stade, précise l’EMA, le lien causal entre l’administration de Veklury et les lésions rénales observées n’est pas établi, celles-ci pouvant résulter d’autres facteurs comme le diabète, voire le Covid-19. Pour le moment, les recommandations d’utilisation de Veklury restent inchangées. Elles précisent d’ailleurs aux prescripteurs de surveiller les patients atteints d’insuffisance rénale avant et pendant le traitement et de ne pas l’initier chez les patients présentant une diminution importante de la fonction rénale.

Des premiers cas d’atteintes rénales et hépatiques chez des patients traités par remdesivir ont été rapportés dans la revue « International Journal of Infectious Diseases » le 30 juin 2020. Veklury est le tout premier traitement à avoir obtenu une AMM dans le Covid-19. La Haute Autorité de santé (HAS) avait estimé, à la mi-septembre, que ce traitement pouvait prétendre au remboursement dans une indication plus restreinte que son AMM tout en jugeant son service médical rendu (SMR) comme faible, « compte tenu des données actuelles préliminaires qui montrent une réduction globale de 4 jours de délai de rétablissement clinique du patient par rapport au placebo et en complément de soins de support », et de l’absence d’effet sur la mortalité à 14 jours. Avant même la publication de cet avis, le Laboratoire Gilead a retiré sa demande de remboursement pour Veklury.

Autorisé début mai aux États-Unis dans le Covid-19, le remdesivir a bénéficié outre-Atlantique d'une promotion par le président Donald Trump, qui a d’ailleurs fait main basse sur 90 % des stocks pour les réserver aux Américains. Testé positif au SARS-CoV-2 vendredi dernier et hospitalisé depuis lors, Trump est soigné avec du remdesivir, ont déclaré ses médecins. Avec 90 % du stock mondial, les États-Unis ont fait de cet antiviral le traitement standard dans nombre d’hôpitaux.


Source : lequotidiendupharmacien.fr