Tous les fabricants de biosimilaires n’ont pas la même vision. Selon le président de Biogaran, Pascal Brière, les laboratoires favorables à l’interchangeabilité entre biomédicament d’origine et biosimilaire par le pharmacien seraient même en minorité. Mais à ses yeux, il ne fait aucun doute que cette mission revient tout autant au médecin qu’au pharmacien et que le temps lui donnera raison. Les dernières évolutions des mentalités en sont une preuve. Ainsi, les autorités sanitaires dans de nombreux pays ont évolué en faveur de l’interchangeabilité, comme c’est le cas aux Pays-Bas, en Finlande, en Irlande ou en Écosse, et les sociétés savantes suivent le mouvement. « L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a changé d’avis en mai 2016 en permettant l’interchangeabilité par les médecins à tout moment du traitement et non pas seulement à l’initiation. Une attitude moderne et proactive qui s’appuie sur les données des médicaments en vie réelle », se félicite Pascal Brière.
Appel du pied
Les signaux sont au vert pour que le marché des biosimilaires prenne de l’ampleur. L’Agence européenne du médicament (EMA) a justement publié, le 5 mai dernier, un guide d’information pour les professionnels de santé intitulé « Les biosimilaires dans l’UE », réalisé avec la Commission européenne. Une excellente nouvelle pour Pascal Brière qui souligne les premières phrases du guide. Il note, par exemple, qu’avec plus de 10 ans de recul, l’expérience clinique montre que les biosimilaires approuvés par l’EMA peuvent être utilisés en apportant la même sécurité et la même efficacité que les biomédicaments dans toutes les indications prévues. Les biosimilaires peuvent présenter des différences minimes par rapport aux médicaments d’origine, mais cela n’entraîne aucune différence de sécurité et d’efficacité. D’ailleurs, sur les dix dernières années, l’Union européenne n’a identifié aucune différence majeure dans la nature, la sévérité ou la fréquence des effets indésirables entre les biosimilaires et les médicaments de référence. Enfin, Pascal Brière remarque en particulier cette assertion : « L’EMA ne régule pas l’interchangeabilité, le switching et la substitution d’un médicament de référence par son biosimilaire, cette décision relève directement des États-membres. » Autrement dit, « la décision sur ce sujet n’est pas sanitaire mais politique », relève Pascal Brière. Un appel du pied au nouveau gouvernement…
Étoffer son portefeuille
Biogaran prévoit donc le lancement de son second biosimilaire complexe, le tout premier en oncologie, Truxima (rituximab), en septembre prochain. Il en a obtenu l'autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en février. Les indications de Truxima sont principalement les lymphomes non-hodgkiniens et la leucémie lymphoïde chronique, mais également la polyarthrite rhumatoïde, la granulomatose avec polyangéite et la polyangéite microscopique. Le chiffre d'affaires du médicament d'origine, le Mabthera de Roche, est d'environ 270 millions d'euros. Selon Xavier Carruel, responsable médical biosimilaires chez Biogaran, l’arrivée de Truxima sur le marché « permet d'envisager un fort potentiel d'économies de l'ordre de 67 millions d'euros » pour la collectivité, si son prix est inférieur de 25 % à celui du médicament d'origine. Ce second lancement confirme le positionnement de Biogaran sur ce marché, dans lequel il s’est fait une place avec la commercialisation de Remsima, le biosimilaire de Remicade (infliximab) du Laboratoire MSD France, en février 2015. Il annonce par ailleurs un troisième lancement avant la fin de l’année, un biosimilaire d’Herceptin (trastuzumab) du Laboratoire Roche, issu, comme ses deux autres biosimilaires, de la R & D du sud-coréen Celltrion. Et il ne cache pas sa volonté d’étoffer encore son portefeuille de biosimilaires.
D'après une conférence de presse du Laboratoire Biogaran.
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