Le marché de la compression se porte bien sur le circuit pharmaceutique qui assure 93 % de la dispensation (7 % aux orthopédistes). Avec une progression de 4,3 % en volume, plus forte qu'en 2018, il totalise 13,8 millions de paires vendues et frise les 440 millions d'euros de chiffre d'affaires, en hausse de 3,4 % (contention et maintien, source IQVIA Pharmastat).
Ces bons chiffres doivent cependant être nuancés, selon Éric Martin, directeur du pôle Compression chez Medi France, qui estime que le marché est appelé à évoluer. « Suite au rapport* rendu en 2010 par la HAS, une révision a été lancée par les tutelles et pourrait conduire à des changements en matière de prise en charge. » Une nouvelle régulation s'appliquerait à l’ensemble des dispositifs médicaux, dont les produits de compression médicale.
Autre contrainte à venir, le règlement européen a prévu la mise en place du MDR (Medical Device Regulation), un système de traçabilité renforcé qui doit s'appliquer à tous les dispositifs médicaux dès le mois de mai, et qui impose, entre autres, la mise en place d’un identifiant unique intégrant un numéro de lot et un code produit.
Le dynamisme du « sans dépassement »
Chez Medi France, les produits innovants sont à l'œuvre dans la gamme Karesse qui met en avant la transparence, forte demande du public, et la douceur nécessaire à l'observance. Les nouvelles chaussettes sans couture pour femmes Mediven Active et la gamme Mask, dont les fibres thermiques limitent la sensation de perte de chaleur au niveau des jambes, viennent la compléter.
Sur le marché, la chaussette domine avec 57 % des ventes, devant les bas (32 %) et les collants (11 %). Ces dispositifs relèvent de la classe 2 à hauteur de 96 % (source fabricants). Au global, l'offre en pharmacie se répartit en deux segments aux évolutions différentes. La catégorie des produits sans dépassement, ou LPPR (liste des produits et prestations remboursables), a vu ses parts en volume progresser de 36 % en 2017 à 42 % en 2019 (source fabricants). Elle a également connu une croissance à deux chiffres, d'environ 12 % l'an passé. C'est le segment sur lequel Cizeta Medicali a décidé de renforcer sa présence en lançant Varisoft, une gamme complète (semi-opaque, transparent, hommes), qui vient seconder sa gamme premium Varisan. Le fabricant mise également sur le service aux pharmaciens, nécessaire pour augmenter le taux d'observance des traitements qui n'est que de 56 % dans la population des insuffisants veineux traités. « Si les mesures ne sont pas prises rigoureusement, le dispositif n'est pas bien adapté à la morphologie du patient qui ne le portera pas suffisamment, souligne Charles Dubourg, dirigeant de Cizeta Medicali. L'enfilage du bas est aussi une étape importante pour expliquer le geste et le démontrer. Il faut y consacrer le temps nécessaire. » Pour améliorer l'adaptation et renforcer l'éducation thérapeutique du patient, le fabricant a développé trois outils : une application Smapp qui encadre le choix du produit en fonction des mesures du patient et du stock disponible et lance la commande au besoin, une formation à la délivrance des produits de contention destinée à toute l'équipe via la Cizeta Académie, un concept Orthoshop qui préconise un aménagement du local d'adaptation. « Ces solutions permettent d'accroître l'activité du rayon de 50 %. »
Au sein de l'offre en pharmacie, on trouvera des chaussettes, bas-cuisses et collants – sans oublier les bandes de contention – dans des gammes comme celles de Thuasne (Venoflex Incognito, City, Clinic, Elegance, Fast, Kokoon, Secret, Transparence…), Innothera (bas Varisma, chaussettes Legger, collants Actys…), BSN Radiante (Radiante Voile, Voilisim, Qoton, Détente, Microvoile, Sensation, Styl'Coton, Tango… et Jobst Ideal, Transparent, Caresse, Oxygene…). Quant à Gibaud, il présente, aux côtés de sa gamme Venactif, sa nouvelle ligne La Femme Finesse composée d'un collant culotte dentelle et de mi-bas dentelle de France qui revendiquent la finesse de leur maille.
Les gammes premium
Majoritaire avec 58 % des parts (source fabricants), le segment premium est, quant à lui, moins dynamique sur la même période, avec une croissance n'excédant pas 2 % pour certains là où d'autres l'estiment en régression. « Sur les trois derniers mois de l'année 2019, le segment n'était plus en décroissance, indique Isabelle Micol, chef de groupe marketing chez Sigvaris. C'est un signe encourageant car ses ventes étaient en régression depuis plusieurs années sous l'effet du critère prix. Cette reprise montre qu'il est possible pour l'offre premium de générer de la valeur en répondant mieux aux attentes des patients. » Dans cette perspective, le fabricant élargit son offre premium avec trois lancements à valeur ajoutée conçus pour répondre à des besoins spécifiques : ceux de la femme enceinte avec un collant Maternité équipé d'une ceinture évolutive, ceux des porteurs des chaussures de sécurité par obligation professionnelle avec les chaussettes Active Résistant, ceux d'une population féminine sensible à la mode « made in France » avec les chaussettes Styles motifs Marinière. « Nous avons également relancé notre offre Styles Transparent sur le segment du même nom qui représente 45 % du marché de la contention pour femmes. » Sigvaris cherche toujours à combattre la mauvaise image dont souffrent encore les bas et chaussettes de compression médicale.
Mais le principal frein à l'utilisation de ces traitements est la méconnaissance de la maladie et de ses symptômes. Selon l'étude IFOP/Sigvaris « Les Français et leurs jambes » réalisée sur un échantillon de 3 000 hommes et femmes, seulement 15 % des personnes souffrant d'insuffisance veineuse sont traitées par compression médicale. « Au total 11 millions de personnes sur 17 millions de malades n'ont recours à aucune solution thérapeutique. » Un chiffre conséquent, essentiellement lié au manque de connaissance concernant la maladie. Ainsi, 75 % des interviewés ne reconnaissent pas ses manifestations et 58 % d'entre eux ne savent pas qu'il s'agit d'une pathologie chronique évolutive. L'enjeu en termes d'éducation est donc très important. D'autant que l'insuffisance veineuse impacte ceux qu'elle touche sur le plan physique et moral, pouvant nuire aux gestes quotidiens, à la qualité du sommeil, à la vitalité, mais aussi à l'image de soi. Enfin, si l'affection concerne en premier lieu les femmes et les personnes âgées, elle touche aussi un quart des hommes et des personnes entre 18 et 39 ans. « Dans ce contexte il est important de démocratiser l'image de la compression que plébiscitent les porteurs puisque 88 % d'entre eux se sentent mieux au quotidien grâce à cette solution », conclut Isabelle Micol.
*« Dispositifs de compression médicale à usage individuel. Utilisation en pathologies vasculaires ».
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