Quelle que soit la saison, les vastes étendues du Québec – 40 fois la superficie de la Suisse – sont autant d’invitations à « ne pas rester encabané », selon l’expression locale. En hiver, pas question d’éluder le grand froid (de novembre à avril) qui fige les fleuves et recouvre la forêt boréale. Outre la moto neige, les plaisirs de la glisse et de la glace sont nombreux. Sans oublier la pêche blanche, sport national hérité des Amérindiens et pratiqué notamment en Mauricie, près de Trois-Rivières. Il fait fleurir les cabanes dont les planchers s’ouvrent sur la glace, formant un petit village éphémère.
La pêche blanche se pratique notamment au sein des pourvoiries traditionnelles. Ces lieux dédiés à la pêche (à l’année) et à la chasse se nichent au cœur des forêts et au bord des lacs. Et des lacs, La Belle Province n’en manque pas, qui compte 3,6 millions de plans d’eau. Le Québec devrait d’ailleurs son nom au mot algonquin signifiant « là où la rivière se resserre ».
Et si votre première fois au Québec avait lieu à la « saison des couleurs », l’automne ? Au moment magique où les feuillus changent de teinte. Et si vous aviez en plus droit à l’été indien, ce petit événement météorologique (pas systématique) de redoux et de soleil ? Alors là, « l’affaire est ketchup » ! Vous seriez un sacré « chanceux ». Le bienheureux spectateur d’un festival de couleurs sur lesquelles le soleil pétille joyeusement. Des oranges, de lumineux ocres et jaunes, et le rouge écarlate des érables, symbole du Canada.
Les oubliées de l'histoire
À l’arrivée du printemps, les feuillus produisent des rivières de sirop dans les fameuses cabanes à sucre. Un savoir-faire transmis par les peuples amérindiens. Car bien avant l’arrivée des Européens (et la découverte du Canada par Jacques Cartier en 1534, puis la colonisation lancée par Samuel Champlain à partir de 1603), les Premières Nations peuplaient l’actuel territoire du Canada. Elles constituent aujourd’hui 11 nations autochtones réparties en 55 communautés distinctes. Marginalisées et oubliées de l’histoire officielle, elles suscitent de plus en plus l’intérêt des voyageurs sensibles aux questions des origines et prêts à séjourner au plus près de la nature et des modes de vie traditionnels.
Pour eux, l’odyssée peut commencer en Montérégie, dans le Sud-Ouest du Québec, à Saint-Anicet, à une centaine de kilomètres de Montréal. On y trouve le site archéologique Droulers-Tsiionhiakwatha, l’un des plus importants villages de « précontact », qui aurait rassemblé près de 500 Iroquoiens du Saint-Laurent, des autochtones sédentaires installés là vers 1450. On y a reconstitué leurs habitations oblongues, recouvertes d’écorce, aux fortifications de bois acéré.
Plus au nord, dans le Centre-du-Québec, en bordure de la rivière Saint-François, se dresse fièrement, à Odanak, le cœur de la réserve des Abénakis, le plus ancien des musées autochtones. Une riche exposition historique met à mal tous les clichés sur « l’Indien », propagés en partie par le cinéma hollywoodien. Sachant que les Premières Nations se distinguent les unes des autres par leur mode d’habitation, leur organisation sociale et leur habillement.
En immersion
Démonstration à une heure de Montréal, dans la forêt de la Lanaudière, avec le site Amishk Aventures Amérindiennes, qui se fait fort de favoriser les échanges avec trois cultures différentes d’Amérindiens : les Innus (être humains), les Anishnabegs (Algonquins) et les Atikameks, appelés « poissons blancs » ou « têtes-de-boule » par les colons français. Le campement de tipis et tentes de prospecteurs accueille ceux qui sont disposés à vivre une expérience immersive, pour la journée ou pour plusieurs nuits. L’observation de la flore médicinale (les autochtones ont une connaissance ancestrale des propriétés de quelque 500 plantes) et de la faune, en particulier « la belle ouvrage » des castors, est guidée par des Atikameks.
En reprenant la route vers le centre, on découvre les cantons de l’Est, qui renvoient aussi, chacun à sa façon, au Québec des origines. Avec la restauration de sa plus ancienne bâtisse, la Maison Merry, devenue lieu d’expositions interactives, la petite ville de Magog (connue pour sa rivière éponyme) joue la carte de la mémoire régionale, celle des autochtones et des premiers colons.
Plus loin, au confluent des rivières Magog et Saint-François, la ville plus urbaine de Sherbrooke vaut le détour pour ses 17 « murales », véritable galerie d’art à ciel ouvert. À travers deux très belles fresques, elle rend hommage aux Premières Nations, ouvrant le rideau de l’histoire du Québec.
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