En fragilisant la livre sterling, le vote du Brexit a rendu les séjours en Grande-Bretagne plus attractifs. A-t-il permis de drainer les foules au Pays de Galles ? En dépit de l’atout financier, les Français restent grégaires quant à leurs choix de voyages outre-Manche. Londres, l’Écosse, l’Irlande, d’accord. Le Pays de Galles, très rarement.
C’est bien dommage, car la destination mérite mieux : elle est à moins d’une heure trente de vol de Paris ; Cardiff vibre d’un dynamisme festif réjouissant ; la côte sud enchaîne les ports et les sites grandioses ; le pays intérieur est un remake de paysage irlandais, avec collines herbeuses, moutons et pubs centenaires. Quant au climat, il est certes imprévisible, comme partout en Grande-Bretagne. Mais il peut faire en avril aussi beau qu’en Provence !
Il est possible d’aller au Pays de Galles en bateau. Avec Brittany Ferries, depuis Le Havre, Caen/Ouistreham, Cherbourg, Saint-Malo ou Roscoff, quelques heures de traversée confortable suffisent à rallier Portsmouth. Puis 3 heures de route (à gauche !), pour rejoindre Cardiff.
La 15 Minute City
Voici donc la capitale galloise, Cardiff. Où l’on doit savoir distinguer un Gallois d’un Anglais, la rude langue locale de celle de Shakespeare, le pays du poireau de celui de la rose. Vous voyez où l’on veut en venir… Oui, au rugby. Ce sport est tellement présent dans cette province que le stade, le mythique Arms Park, devenu Millenium Stadium, est planté en plein centre-ville. Les jours de match, la ville entière vibre et s’enivre au rythme du ballon ovale.
La 15 Minute City (on peut aller partout en un quart d’heure à pied) a ses rites. Boire une pinte dans un pub de Womanby Street. Manger des chips and curry sauce sur Caroline Street ou du laver bread au Cardiff Market. Déguster un welsh cake à cinq heures après un shopping dans les boutiques sous arcades.
Une fois visité le château, le National Museum et la baie de Cardiff en bateau depuis des docks joliment réhabilités, l’on aura mis en poche les trois sites majeurs de la ville (avec le stade !). Restera à dîner d’une cawl (soupe à l’agneau, plat national) en buvant un welsh cider avant d’aller dormir et d’entamer le périple à l’ouest.
L’industrieuse Swansea n’a pas l’aura de Cardiff. Ou plutôt ne l’a plus, alors que son port a rayonné sur le monde au XIXe. On s’arrêtera donc au National Waterfront Museum, histoire d’assimiler l’incroyable aventure maritime et industrielle galloise. Elle a façonné les âmes avant d’en broyer certaines, après la fermeture définitive des mines dans les années Thatcher.
Des moutons dans la brume
La péninsule de Gower est noyée sous la brume. Avec les moutons gambadant près des falaises, les plages noyées dans la ouate humide et d’intrépides Gallois en short et T-shirt, Rhossili Bay est conforme à l’idée que l’on se fait du Pays de Galles.
Changement de décor à Tenby. Le franc soleil revenu donne à ce port rocheux aux maisons colorées un petit air de Cinque Terre (les villages de Ligurie). Pubs et restaurants, maisons victoriennes à bow-windows, ruines de château normand et plage au bas de maisons de falaise, voilà pour le complément de décor. Pour les Anglais, cela ressemble à l’Italie, et ils sont nombreux à venir couler ici de vieux jours heureux. Ambiance senior, d’accord, mais ambiance vacances plus encore !
Le saint patron
La suite du parcours encense la nature galloise à mesure que la péninsule du Pembrokshire rétrécit. Voici St Govan’s, étonnante chapelle encastrée entre deux pans de falaise. Ici, les pelouses grappillent les derniers arpents de terre avant l’ultime à-pic vers la Manche. Des grimpeurs s’efforcent de le gravir, preuve que le sport au pays du Dragon est un style de vie.
Passé Newgale et sa baie de prés-salés – plage immense, percluse d’embruns – St David’s sonne le glas de l’immense isthme du sud-ouest gallois. Une vaste cathédrale a été bâtie dans ce village et l’on se demande bien pourquoi. Si Patrick et Andrew sont les saints respectifs de l’Irlande et de l’Écosse, David, lui, est le protecteur gallois : hommage lui est donc logiquement rendu ici.
L'île aux phoques
Reste à rallier l’ultime ouest gallois : Ramsey Island. Cernée par les courants croisés de la Manche et de la mer d’Irlande, l’île n’abrite – c’est son intérêt – que des phoques gris, des guillemots, des petits pingouins et de rares faucons pèlerins et craves à becs rouges. On s’y rend en puissant Zodiac, pour franchir les terribles courants qui la coupent de la péninsule.
L’île est un sanctuaire, géré par la Royal Society for the Protection of Birds. Pas question d’y descendre. C’est donc sur l’embarcation que l’on en fait le tour. L’occasion d’observer de hautes falaises « tapissées » de guillemots, une crique marine colonisée par les phoques (une centaine à demeure, jusqu’à 1 000 en période de reproduction) et l’éventail de fantaisies que la mer a sculpté dans la roche.
Au retour vers Cardiff, l’incursion dans les petites montagnes du Brecon Beacons National Park illustre la réalité de la vie galloise campagnarde. Des collines ondoyantes, des moutons (9 millions, pour 3 millions d’habitants !), de sévères églises anglicanes, des maisons basses chaulées, des haies de bocages, une distillerie de whisky… : cette destination, c’est entendu, a un vrai potentiel.
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin