Une mégapole hérissée de tours, une densité de population extrême, un affairisme illustré par l’insolente réussite de la banque HSBC, des marchés de rue insomniaques, le luxe des boutiques de Canton Road… Qu’elle soit britannique hier ou chinoise aujourd’hui, Hong Kong accumule les symboles d’un dynamisme effréné, raison pour laquelle des millions de personnes lui rendent visite chaque année.
Sacrifier aux City Tours pour découvrir ces emblèmes reste essentiel. À ceux qui aiment voir cela avec du recul, conseillons le Star Ferry. Depuis des lustres, ce bateau assure la traversée entre Kowloon (la péninsule) et Hong Kong Island. Deux villes séparées par la mer et quand on est hongkongais de l’une, à quoi bon se rendre sur l’autre, puisque chacune possède tout ! La courte traversée offre une vue grand angle sur les deux rives et leurs forêts de gratte-ciel, sur fond de chantiers permanents. Mais dans cette ville à la pointe des nouvelles technologies, les échafaudages sont toujours montés en bambous…
De Central à Sham Shui Po
Central, Wan Chai, Causeway Bay… : chaque quartier d’Hong Kong Island possède sa marque de fabrique. La finance pour Central, la vie nocturne et boutiquière pour Wan Chai, les shopping malls XL pour Causeway Bay. En face, c’est donc Kowloon et ses deux quartiers phares, Tsim Sha Tsui et Yau Ma Tei. Un écheveau d’artères et de ruelles où chaque espace est dévolu au commerce : tailleurs et magasins de souvenirs sur Nathan Road, marché de nuit de Temple Street, restaurants où l’on mange pour pas cher lou fo tong (bouillon), dim sun et nouilles – on a adoré cette cuisine simple dans la discrète Hau Fook Street, près de Cameron Road.
Car l’intérêt de Hong Kong, c’est aussi cela : ne pas se contenter des lieux classiques et partir à l’aventure (seul ou avec un guide). Près de l’enfer de Nathan Road, Kowloon Park offre une respiration inédite. Le spectacle matinal des adeptes de tai chi, leurs gestes lents sur fond de frénésie urbaine, est fascinant. Plus au nord, Sham Shui Po est délaissée par les touristes. Normal, il n’y a rien à voir… mais tant à découvrir : les premiers immeubles populaires des années 1950 (ils ont remplacé les maisons en bois de jadis), l’invraisemblable bazar des marchés de rue et des boutiques de Pei Ho Street (alimentaire), Apliu Street (électronique) ou Yu Chan Street (accessoires pour vêtements) ; les échoppes d’herbal tea (mixture amère aux vertus « détox », à boire d’un trait entre deux achats) ; les derniers restaurants de tofu, tel l’excellent Kung Wo ; les coolies torse nu suant sous les cartons alimentaires… Une invraisemblable fourmilière 100 % hongkongaise.
Medical Heritage Trail
Retour à Hong Kong Island, sur les traces de l’héritage colonial. Plusieurs itinéraires revisitent l’histoire de la possession britannique, tel l’étonnant Medical Heritage Trail. À l’ouest de Central District, le secteur de Taipinshang accueillait les marins en escale, avec leur vie de débauche et la ribambelle de pathologies associées. Les anciens bâtiments de soins, Old Mental Hospital (1891), Chinese Lunatic Asylum (1892), Old Bacteriological Institute (1906, devenu musée des Sciences médicales), le rappellent. La plupart mélangent styles victorien et chinois et s’enchâssent au milieu de tours ou de jardins.
Taipinshang offre aussi un éclairage sur une discipline en plein boom : le street art. Les fresques murales envahissent des murs du quartier, dans le sillage d’artistes tombés sous le charme de la ville, tel le Britannique Dan Kitchener. Même les temples, comme le Kwong Fook Ancestral Hall, sont concernés.
Espaces montagneux et boisés
Mais la plus grande surprise de Hong Kong vient de sa périphérie. Certes, les touristes ont l’habitude de visiter Stanley, au sud de Hong Kong Island. Ou d’aller voir le Grand Bouddha, escapade au grand air sur l’île voisine de Lantau. En poussant jusqu’au bord de mer, on arrive à Tai O, l’un des derniers villages de pêcheurs du territoire. Construites sur pilotis et reliées par des ruelles et des passerelles en bois, les maisons ont conservé leur aspect d’origine.
Au-delà, qui connaît les Nouveaux Territoires ? À une heure de la frénésie citadine, ces espaces montagneux et boisés plongent dans la mer de Chine jusqu’à former une mangrove habitée par les crabes, entre banians et camphriers. De bruit, aucun, hormis celui des cigales. D’habitants, pas de trace, excepté de rares villageois. On n’accède à certains bourgs qu’à pied ou en bateau, sur une mer sillonnée par de grosses embarcations de pêche. C’est le cas de Lai Chi Wo, aux confins du territoire. À portée de fusil de la Chine continentale, ce village où l’on repique du riz a des accents renversants de campagne, sur un territoire qui n’est donc pas seulement compact ni en éternelle surchauffe.
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