LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE a beau vouloir infléchir son image en parlant d’écotourisme, le modèle all inclusive a encore de beaux jours devant lui. Près de 2 500 nouvelles chambres d’hôtels sont attendues pour 2017 à Punta Cana, secteur voué à s’étendre au nord vers Miches, futur spot touristique du pays. Dès lors, difficile d’échapper à un resort « tout compris » ! Mais si ces établissements offrent de quoi s’occuper une semaine ou plus, il serait dommage de s’y cantonner.
Qui y a-t-il à voir autour de Punta Cana et de La Romana ? À ceux qui volent neuf heures au-dessus de l’Atlantique pour atterrir sur le sable blanc du sud-est de l’île, prudence : la campagne autour de ces mégapôles balnéaires (près de 80 hôtels à eux deux) n’est pas la plus engageante du pays. L’arrière-scène de La Romana est un territoire aride et jaune, égayé de champs de canne à sucre et de maigres prairies d’élevage où paissent des petits bœufs malingres. Vers Punta Cana, la végétation verdit mais ne comptez pas trouver d’authentiques villages. La zone hôtelière (50 km de long) a été créée de toutes pièces sur un littoral peu habité, au bord de plages il est vrai paradisiaques. La « vraie » République dominicaine se trouve plutôt au centre et au nord, là où les montagnes atteignent parfois 3 000 mètres. Alors quoi ? En cherchant bien, le grand Sud-Est révèle tout de même d’étonnantes pépites…
Saint-Domingue et la vieille ville coloniale.
À tout seigneur tout honneur, la capitale Saint-Domingue est à visiter absolument. Non seulement parce que c’est la plus ancienne ville coloniale d’Amérique mais aussi car son centre historique fortifié, classé par l’Unesco au patrimoine mondial, se rénove depuis peu au forceps. À 2 h 30 de Punta Cana par la récente autoroute, 1 h 30-1 h 45 depuis La Romana (location de voitures possible dans les hôtels ou excursions organisées), la ville affiche ses vieux édifices en pierre de corail à la surface grêlée caractéristique. Palais Colón, Casas Reales, Panthéon national, forteresse Ozama, cathédrale. Places et rues antiques sont jalonnés de récents boutiques-hôtels et d’établissements de charme (Bellini, MGallery Hostal Nicolas de Ovando, Casa del XVI…). Parfaits pour deux à trois nuits d’échappée urbaine, avant ou après un séjour plage. À voir aussi, le quartier chinois et le Malécon, long boulevard littoral scandé de places animées. La musique vous plaît ? À force d’avoir les tympans excités par les radios des minibus de transferts, vous comprenez vite qu’une part de l’âme dominicaine se cache dans les rythmes tropicaux. Pour en profiter pleinement, un lieu est devenu culte, la petite place sous les remparts de l’ancien monastère San Francisco, à Saint-Domingue. Chaque dimanche soir, le groupe Bonyé joue gratuitement des airs de merengue, bachata, salsa, bolero… Le public danse, ondule, dès la nuit tombée. Un pur moment de bonheur.
L’île Saoa et le village de Manojuan.
Parce qu’ils ont tous été massacrés par les colons espagnols, les Indiens Tainos occupent une place à part dans l’Histoire et la conscience dominicaines. Il en reste des vestiges, comme ces peintures rupestres dessinées dans la grotte de Las Maravillas, à visiter près de La Romana.
Et si le littoral conservait aussi des pans de virginité ? Bayahibe, point de départ de l’excursion très embouteillée vers l’île Saona, en donne un aperçu. Maisons peintes, petits jardins et échoppes affichent leur air d’ancien village de pêcheurs devenu touristique. L’excursion à Saona n’est d’ailleurs pas si banale. En catamaran ou en bateau à moteur, on file vers ce territoire aride à cocotiers du Parc national del Este, pour profiter de plages désertes, pique-niquer et nager. Beaucoup s’en contentent mais en prenant l’option « extension vers Manojuan », on est certain de mettre le pied dans un vrai village dominicain, isolé sur l’île. Parce que des Portoricains s’y étaient jadis installés, l’ex-dictateur Trujillo a déplacé de force douze familles pour occuper le territoire. Leurs descendants y habitent toujours, vivotant d’artisanat boutiquier et d’un peu de pêche, au milieu de cases colorées.
Boca de Yuma, un secret bien gardé.
Un autre village a beaucoup de charme : Boca de Yuma. Il n’est qu’à 20 kilomètres de l’autoroute menant à Punta Cana. Pourtant, personne n’y va. À l’embouchure d’un fleuve, la vie s’écoule tranquillement, de pêche, de musique, de temps qui file…
Admettons notre exagération : un secteur vaut le déplacement près de Punta Cana, c’est la route qui mène à Higüey. Au pied de la Cordillère orientale et de ses mamelons suggestifs, l’itinéraire livre un chapelet de cases en bois multicolores, de prairies cette fois fertiles, de vie dominicaine de villages. Ces escapades livrent une autre réalité de ce pays accueillant.
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