Cela ressemble à Hurghada il y a 30 ans. Ainsi des habitués nous ont-ils présenté Safaga, petite station balnéaire de la mer Rouge posée à 60 km au sud de sa voisine. Si Hurghada est depuis des années un haut lieu du tourisme international, Safaga est restée dans son jus égyptien. Une ville-village étendue sur plusieurs kilomètres, avec une jolie mosquée au minaret bleu, le fatras habituel des boutiques de rue et quelques embarcations de pêche à l’ancre.
La ville est également un port de commerce actif. Des navires y font escale entre l’Asie et le canal de Suez. Des ferries assurent la liaison avec l’Arabie Saoudite voisine – un jour viendra où les étrangers pourront les emprunter.
En quelques années, Safaga s’est transformée en village d’accueil pour une clientèle internationale de plongeurs et de kitesurfeurs – un vent fort y souffle assez régulièrement. Exceptés les rares hôtels clubs, tels le Shams, ou « l’enclave balnéaire » proche de Soma Bay (avec les hôtels Sheraton, Kempinski et Mövenpick), Safaga vit grâce à des plongeurs aux exigences de confort modérées.
Réputés pour la beauté des récifs, de la faune sous-marine et pour l’intérêt de ses épaves, les sites de la baie et de haute-mer sont fréquentés toute l’année. Tobia Arba, Gamul Kebir, Panorama Reef, Abu Kefan…, il y en a pour tous les niveaux, depuis le baptême de plongée jusqu’aux explorations profondes. On peut choisir l’option Day Dive (sorties à la journée, le club 3Turtles est réputé) ou la croisière-plongée d’une semaine. Quelques prestataires de qualité sont managés par des Français, à l’image de Seafari (basé à Hurghada). Même en snorkeling, les charmes sous-marins sont au rendez-vous.
Reprise du tourisme
Résultat de cette fréquentation d’habitués, beaucoup d’hébergements sont constitués d’appartements à louer et de pensions modestes, à l’image du très convivial Oasis de Safaga. Le lieu ne possède que 9 chambres mais ses dîners, confortablement assis sur des poufs, drainent tout ce que la ville compte d’hommes et de femmes grenouilles.
Alors évidemment, une fois habitué à la nonchalance de Safaga, il est difficile d’apprécier le brasier touristique d’Hurghada. Il faut s’y rendre, toutefois, pour constater les dégâts que peut occasionner une fréquentation trop massive et ressentir l’état du marché des loisirs, après des années de disette. Car suite au Printemps arabe et à quelques attaques imprévisibles contre des visiteurs, le tourisme reprend, des professionnels locaux et en France en témoignent. Ainsi, entre deux édifices bancals ou abandonnés, de nouveaux hôtels et des résidences émergent. Au sud d’Hurghada, le secteur de Makady est quasiment saturé d’hôtels-resorts. Et au nord, Hurghada et El Gouna ne formeront bientôt plus qu’un seul continuum balnéaire.
Au-delà d’un séjour hivernal ensoleillé en bord de mer toujours plaisant, la station mérite une visite pour l’immense mosquée et le marché aux poissons contigu. Les amateurs de tourisme mondialisé, eux, apprécieront la méga marina et sa succession de bars et de restaurants aux menus multilingues.
Déserts de pierre
Mais revenons à Safaga. Avantage notable, la station balnéaire se trouve à l’endroit exact où la distance entre le Nil et la mer Rouge est la plus courte : 160 km jusqu’à Qena, soit 2 heures en voiture. L’excursion à la journée vers Louxor est donc possible, il faut compter 1 heure de route en plus. Des agences de voyages locales (comme El-Mallah) la proposent depuis Safaga, avec une prise en charge à l’hôtel très matinale (à 5 heures).
Le trajet, sur une route parfaitement asphaltée, est vertigineux et splendide. Au milieu du néant, ce ne sont que montagnes décharnées rougeoyantes, déserts de pierre et plateaux de roches blanches. On ne croise que de rares restaurants et stations-services ainsi que quelques troupeaux de chèvres, menés par des bergères voilées. La route est sécurisée, les checkpoints restent nombreux, mais on ne circule plus en convois comme auparavant.
À Qena, ville de 200 000 habitants absolument pas touristique, on recommande si possible la visite des souks, de la mosquée et des églises coptes. Ceux qui ne vont pas à Louxor se contenteront de visiter le temple de Dendérah, à 5 km de Qena. Perdu dans un désert de rocaille à 70 km au nord du temple de Karnak, le complexe de Dendérah est relativement oublié des touristes. Quel dommage (ou plutôt, quel bonheur !). Presque intact, c’est l’un des ultimes édifices de l’Égypte ancienne, période ptolémaïque. Bâti au tournant de notre ère dans une enceinte de remparts en briques, elle-même percée de hautes portes, le Grand Temple d’Hathor séduit par la profusion de ses décors. La salle hypostyle est particulièrement riche, avec ses énormes colonnes sculptées et son plafond coloré, rempli de scènes de la vie quotidienne. Dans les chapelles, l’art de la civilisation égyptienne s’exprime avec grâce, comme dans la salle où l’on distingue une scène mythologique avec deux magnifiques ibis à cous et becs noirs. Fait rare, la crypte souterraine, à laquelle on accède péniblement, porte elle aussi des décorations murales. À l’extérieur du sanctuaire, le site abrite le petit temple d’Isis et un bassin hors d’eau, planté de palmiers. Comme un avant-goût prometteur de la Vallée des Rois toute proche.
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