Entre l’Italie et l’Albanie, au flanc du littoral ouest de la Grèce, Corfou est la plus septentrionale des sept îles Ioniennes. À la croisée des mondes grec, latin et balkanique, la belle île, imprégnée de quatre siècles d’occupation vénitienne, cultive sa différence avec ses sœurs d’archipel.
Étés ensoleillés et chauds succèdent aux hivers doux et pluvieux – deux fois plus qu’à Londres, s’amusent à dire les Corfiotes. Un parcours de plus de 200 km de randonnée permet de traverser l’île du nord au sud. Son important maquis en fait une terre buissonnière, où faune et flore attirent les plus passionnés.
Nuances de verts, débauche de bleus
Corfou pétille dans son nuancier de couleurs. Au premier regard, le vert l’emporte : le végétal luxuriant déroule son tapis vert sur les 600 km2 de l’île. Les paysages sublimes composent avec le jade des vergers et le vert tendre des vignes de kakotrygist, cépage endémique qui produit un bon vin blanc. Des verts sombres, presque noirs, surgissent des forêts de centaines de cyprès.
Si les conifères fusiformes, plantés au temps des colonies anglaises, s’élancent encore vers le ciel, les 4,5 millions d’oliviers vert argenté les supplantent en nombre. Certains auraient plus de 2000 ans, mais la plupart ont été plantés lors de la période vénitienne de l’île, entre le XIVe et le XVIIIe siècles. La Lianolia, variété typique de Corfou, produit aujourd’hui une huile de grande qualité. La production oléicole joue son rôle dans l’économie, avec 30 % des terres dédiées aux oliveraies.
Les chemins verdoyants mènent toujours aux côtes – Poséidon n’est jamais loin à Corfou, qui doit son nom à Corcyre, nymphe dont le dieu de la mer tomba amoureux. Alors, les eaux cristallines du littoral révèlent leurs époustouflantes couleurs. La gamme en bleu majeur naît du jeu des profondeurs marines, du turquoise au cobalt pour finir en bleu Klein.
La palette corfiote en a inspiré plus d’un ! « Corfou est une débauche de bleus et d’ors, un écœurement de lumière qui énerve tous les sens… », écrira dans son journal l’écrivain britannique Lawrence Durrell, alors âgé de 25 ans.
Le monastère des chats, le palais de Sissi
Depuis les hauteurs du monastère orthodoxe de Paleokastritsa, fondé en 1225, la même chromatique enchante : la vue imprenable sur la côte ouest offre encore les variations bleutées de la mer Ionienne. Paleokastritsa est le royaume des chats et des plantes. De bienheureux félins paressent sous les dais du soleil. Une plante grasse forme une improbable tonnelle cactée à l’entrée d’un minuscule musée religieux. On y découvre le squelette d’une baleine que les moines ont trouvée sur le rivage, de rutilantes parures de cérémonie, des parchemins religieux et des figurines byzantines. Les ex-voto en aluminium argenté de la petite chapelle rendent grâce aux miracles de diverses guérisons et scintillent dans la lumière des cierges opalins.
On retrouve ces émouvants hommages d’aluminium dans tous les monastères de l'île, qui compte près de 950 églises et monastères orthodoxes. Ainsi sur l’autel de l’église du monastère de Panagia Vlachernan, dont le campanile tout blanc se dresse sur la petite presqu’île de Kanoni. Cette dernière cache la minuscule île Pondikonissi, dite « petite souris ». On raconte qu’il s’agit du bateau d’Ulysse, que Poséidon aurait pétrifié. Deux îlots de carte postale, emblématiques de Corfou.
Près de la petite ville de Gastouri se dresse l’Achilleion, le palais que Sissi fait construire en 1889-1891. Une grande villa à l’italienne, dont le style néoclassique, tout de marbre blanc, est un hommage au héros grec Achille, dont l’impératrice d’Autriche raffolait. Après son assassinat en 1898, l’empereur d’Allemagne Guillaume II racheta le palais et fit ériger une statue de plus de 11 mètres de haut.
Capitale de l’île, la ville de Corfou est classée au patrimoine de l’UNESCO. Ses rues pavées et son architecture vénitienne aux tons ocres et pourpres lui confèrent un incontestable charme italien, même si on y retrouve une réplique de la rue de Rivoli, le Liston, bâtiment en arcade témoin de la présence française.
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