Thierry Ramon est entré en pharmacie par amitié. Fils d’un chef d’entreprise du BTP et d’une commerçante en prêt à porter de Pau, rien ne le destinait à l’officine. Sauf la famille de son meilleur ami, composée de radiologues et de pharmaciens.
Mais en terminale, tout bascule. Thierry Ramon perd sa mère, s’effondre, rate le bac. Pendant un an, la famille de son ami le soutient et il finit par décrocher son bac « au repêchage et ras la casquette », avoue-t-il. Il peut enfin s’inscrire à la faculté de pharmacie de Bordeaux. Là, il retrouve son ami, le goût des études, du travail, et même celui de la fête !
Il découvre aussi son futur métier qu’il ne conçoit qu’au comptoir : « J’aime profondément les gens et si l’on n’est pas là pour les écouter, les conseiller, à quoi sert-on ? J’aime le contact, même si à mes débuts j’étais terriblement timide… un calvaire. Ce métier m’a ouvert. »
Après la fac, il fait des remplacements sur la côte (Hossegor, Vieux Boucau…) car, depuis le milieu des 1970, il a découvert le surf ! Une passion et une culture qui déterminent désormais chacun de ses emplois selon deux critères : la mer et de bonnes vagues.
Culture surf
« Toute ma vie tournait autour du surf, se souvient-il. Je commandais des magazines de surf aux États-Unis, je vivais dans un mobile-home sur une plage de Bidart, pour surfer pendant ma pause de midi… Le surf, c’était la proximité avec la nature, aucune pollution, une eau claire. Bien différent d’aujourd’hui où l’on voit des ordures flottant partout, la multiplication des otites et des infections. »
Une ambiance surf qui l’amène à voyager vers les meilleures vagues de la planète : Portugal, Espagne, Sénégal, Maroc, Bali, Maldives, Australie… « Quand de la mer on voit les montagnes de la Réunion, on se dit quelle chance j’ai ! », souligne-t-il. C’est là, à la Réunion, qu’il achète une officine en 1996. Il y vivra 10 ans. « Une période de rêve » : réussite professionnelle de son officine dopée (+20 % par an) par la création de la CMU, amitié, surf, fête sous les cocotiers…
En 2006 pourtant, il rentre en Pays Basque pour retrouver la mer, ses amis de fac, les fêtes de Bayonne ou Pampelune et le ski, sa seconde passion qu’il pratique depuis l’âge de 4 ans.
Il reprend la Pharmacie de la Négresse*, située sur une entrée passante de Biarritz, près de la gare. Mais, en 2007, sa vie s’arrête de nouveau. Sa fille de 3 ans tombe malade. Leucémie. Au fond du trou, Thierry Ramon, arrête de surfer. La petite fille finira par triompher de la maladie après 3 années de souffrances et de traitements dispensés par une « équipe formidable » de l’hôpital de Bayonne. Mais quand Thierry Ramon se réveille de ce cauchemar, son couple a explosé et son officine souffre.
« Le métier a changé »
La crise est passée par là. Il trouve deux associées et s’investit comme jamais : « Il faut se donner à fond, certes dans un cadre sympathique, mais le métier a changé. On en bave. À 58 ans, je me force à suivre évolutions, avoir une officine connectée, je m’accroche à ce métier dont j’aime la dimension scientifique, le contact, même si côté commercial fausse un peu la relation. Il ne faut jamais oublier la proximité, c’est pourquoi je suis à fond pour les nouvelles missions : vaccination, TROD, entretiens… De plus, le contexte local nous oblige à nous remettre en cause sans cesse : création d’une officine sur une commune voisine, transfert d’une autre dans notre zone de patientèle, difficultés de parking… »
Malgré tout, il demeure attentif à l’ambiance musicale de son officine : « J’ai toujours travaillé en musique, explique-t-il. Cela aide le patient à attendre, à oublier ses problèmes, renforce la confidentialité. Je compose moi-même la playlist de l’officine : jazz, funk, rock, électro… J’y passe du temps. »
Côté sport, Thierry Ramon maintient une activité soutenue : salle de sport et ski. Et il ne manque pas de projets : créer un pôle médical, se remettre au piano et pourquoi pas remonter sur une planche de surf : « Ma fille a maintenant 17 ans et pratique le surf. Elle m’a proposé d’y retourner avec elle. » Une belle occasion de renouer avec les sensations qui ont illuminé sa vie. Et faire un joli pied de nez à la maladie.
* La Pharmacie et le quartier de la Négresse, à Biarritz, tirent leur nom d’une tenancière d’auberge très brune (mauresque ou martiniquaise affranchie) que les armées napoléoniennes avaient baptisé ainsi, au début du XIXe siècle. L’appellation suscite aujourd’hui pas mal de controverses : « les habitants du quartier sont attachés à cette dénomination, explique Thierry Ramon, mais celle-ci mériterait au moins un panneau d’information. »
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