« J’ai toujours aimé faire plusieurs choses à la fois, ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot », explique Rodolphe Guyot, pharmacien à Libourne. Sa devise : « Qui n’avance pas recule ! » Et il avance, cumulant responsabilités associatives ou politiques, et expériences professionnelles originales. Car cet homme de 47 ans ne manque ni d’idées, ni d’ambitions.
Rodolphe Guyot a grandi à Niort, à côté d’un père cardiologue, très absent du foyer pour cause professionnelle, mais qui lui a légué sa vocation pour les métiers de santé. C’est en terminale qu’il se décide pour la pharmacie : « J’ai fait mon choix après avoir rencontré un pharmacien d’officine, ami de ma famille. Ce qui m’a plu ? Son amour pour son métier, son contact avec les patients et… sa passion des rallyes automobiles ! »
Entré à l’université de Bordeaux en 1986, Rodolphe Guyot redouble sa première année, mais ne perd pas son temps : il devient président de la Corpo, puis de l’ANEPF. Il y rencontre même son épouse. Diplôme en poche, il s’oriente vers l’industrie, décroche un DESS en marketing & management, et entre dans une agence de publicité pour le médicament. En 1998, il prend en charge la branche multimédia de l’entreprise et crée le premier site Internet d’information sur le sida destiné aux professionnels et au grand public.
En 2000, la naissance de son premier enfant, l’incite à « se poser pour fonder une famille ». Il s’installe en Libournais, pays de son épouse qui exerce alors comme assistante en officine. Là, il retrouve deux amis pharmaciens avec qui il crée une parapharmacie indépendante ainsi qu’un centre d’esthétique et un espace minceur, dans une grande zone commerciale bordelaise. « C’était un marché en plein boum sur lequel les officines ont mis du temps à s’investir » se souvient-il.
En 2005, sa femme rachète une officine de Libourne ; il la rejoint en 2012, après avoir cédé sa parapharmacie. Installé dans un quartier populaire, l’officine réalise 75 % de son CA sur le médicament et emploie 11 personnes. Son point fort : le service et l’accompagnement : « Nous passons beaucoup de temps avec les gens. Nous avons créé un espace de confidentialité pour dialoguer avec les patients, expliquer les posologies, donner des conseils de bien-être, de diététique, mais aussi aider les personnes dans la difficulté, conseiller une veuve désemparée par les formalités, etc. »
Un déclic nommé Chirac
Solidement ancré en Libournais, il s’investit dans la vie locale : responsable d’une association de parents d’élèves, administrateur du club de rugby, d’un centre équestre… Mais son activité la plus intense est la politique. « Le déclic m’est venu très tôt, explique-t-il, lors d’un meeting de Jacques Chirac, en 1988. » Aujourd’hui, secrétaire départemental adjoint de « Les Républicains » de Gironde, il côtoie Alain Juppé avec qui il se plaît à afficher quelques divergences : « Sur les salles de shoot, par exemple. Je suis contre, alors qu’il y est favorable. »
Conseiller municipal de Libourne, Rodolphe Guyot a échoué aux dernières cantonales. Mais il est déjà dans les starting-blocks pour les Régionales et les municipales de 2020. Cet homme pressé sait voir loin et ne ménage pas son temps : « j’ai la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil, explique-t-il. Et, au bout d’une semaine de vacances, je m’ennuie… »
L’officine, outil du vivre ensemble
Côté professionnel, il milite pour une « officine à dimension humaine, quitte à être moins rentable. Le pharmacien a la chance d’être apprécié de la population, souligne-t-il. Il faut cultiver cela. Si nous refusons les gardes et perdons notre maillage du territoire, nous serons mangés par d’autres qui n’ont pas une approche aussi humaine. Sans critiquer Lafayette, je pense qu’ils ne font pas le même métier. Notre profession est importante pour le vivre ensemble. »
Mais l’officine n’est peut-être qu’une étape dans la carrière de Rodolphe Guyot qui se déclare « en attente de nouveaux projets ». Il confie étudier un nouveau métier alliant fourniture de matériel médical et services à domicile, pour « aller vers les personnes âgées, isolées, et remettre du lien dans leur vie ».
Au moment de le quitter, il entrouvre l’armure : « Je finirai sur un bateau, murmure-t-il. Cela peut paraître paradoxal pour quelqu’un comme moi, épris de contacts et de rencontres. Mais la voile est une passion. » Une passion découverte dans l’enfance, à La Rochelle, avec son père. Ce père avec qui il a partagé si peu de moments…
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